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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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sœur, dit-il, l’air extrêmement sérieux.
    —    Quoi, ta sœur ?
    —    Ne fais pas l’innocent, gronda-t-il. Cécile. Tes sentiments à son égard sont-ils nobles ?
    —    Bon Dieu. Tout le monde le sait ou quoi ?
    —    Vous n’êtes guère discrets. Alors ?
    Je laissai ma tête retomber sur l’oreiller et fermai les yeux.
    —    Cécile m’est très précieuse.
    —    Bien, c’est ce que je voulais entendre. Tu as amplement prouvé ta valeur, Gondemar de Rossal. Tant mon père que moi considérons que tu n’es pas le parti que nous souhaitions. Mais il est clair qu’elle t’aime. De plus, nous avons une dette envers toi. Ceci dit, si jamais tu lui fais du mal, tu auras affaire à moi. Tu me comprends bien ?
    Je hochai la tête en signe d’acquiescement. Il se dirigea vers la porte.
    —    Et pour l’amour de Dieu, essaie de ne pas l’engrosser avant les noces, bougre de paillard, me dit-il avant de sortir, un sourire dans la voix.
    Voilà. Moi, un damné qui n’avait fait que pourrir la vie de ceux qui l’entouraient, je venais d’admettre que je tenais à Cécile de Foix. Je l’aimais, que je le veuille ou non. Jamais auparavant je n’avais ressenti un pareil sentiment. Il était promis à l’échec, mais il était là, bien logé en moi. Je donnerais mon âme pour Cécile, mais elle ne m’appartenait pas. Je ne lui apporterais que misère, j’en étais conscient. Quiconque s’approchait de moi payait un tribut obscène. Mais comment pouvais-je résister ? Ne te laisse pas détourner de ta voie par ceux que tu crois aimer !
    Ne te laisse pas séduire par une existence que tu ne peux avoir ! Tu n’en as ni le temps, ni le droit ! Mentalement, j’envoyai paître Métatron. Sa Vérité, je la trouverais et je la protégerais, tout en essayant de tenir Cécile loin de tout cela. Après, peut-être, Dieu me donnerait-il enfin une seconde chance. Une vraie.
    Après plus d’une semaine à récupérer, je me trouvais en bien meilleur état. Mes enflures avaient disparu et mes coupures s’étaient refermées, de sorte que mon visage avait repris forme humaine. Mes côtes restaient très tendres, mais la douleur s’avérait désormais supportable. Certes, je n’avais pas la forme pour faire la guerre, mais j’étais capable de me livrer à des activités légères.
    Pernelle me visita plusieurs fois par jour pour m’examiner, mais avec délicatesse elle laissa toujours à Cécile le soin de me nourrir. Après notre discussion, les deux me visitèrent parfois ensemble et je constatai qu’elles semblaient être devenues les plus grandes complices du monde. Le plus souvent, toutefois, ma pauvre amie venait seule. Malgré ses sourires forcés, je surprenais parfois son regard vague. Je tentais de savoir comment elle se portait réellement, mais elle esquivait toujours mes approches, invoquant son travail pour me fuir. Pendant plusieurs jours, nous nous contentâmes de discuter de tout et de rien. Puis, un matin, alors qu’elle venait de retirer les sutures sur mes plaies, je lui attrapai le bras et la tirai vers moi.
    —    Pernelle, dis-je, en ne sachant soudain quoi ajouter.
    Résignée, elle s’assit sur le lit et me posa l’index sur les lèvres.
    —    Chut. Ce que je vis, je l’ai déjà vécu, tu le sais, murmura-t-elle avec un fond de tristesse mêlée de sérénité. Mais à cette époque, je n’avais pas trouvé Dieu. Ne crains pas pour moi, mon ami. La chair n’a pas d’importance.
    —    Tout ce qui ne te tue pas te rend plus forte, alors. C’est ça ?
    —    Si l’on veut. La perfection ne s’atteint que par l’épreuve. J’ai mal dans ma chair et dans mon âme, c’est vrai, mais le temps me guérira. D’ici là, je suis vivante et je peux continuer à être utile aux autres. C’est tout ce qui compte.
    —    Et toi ? Tu ne comptes pas ? demandai-je en serrant ses mains dans les miennes.
    —    Je me suis engagée voilà longtemps à servir autrui. C’est ce qui définit mon existence et cela me suffit.
    Elle se pencha vers moi et me posa un baiser sur la joue.
    —    Je te dois la vie, Gondemar. Je ne l’oublierai pas.
    —    C’est à Bertrand de Montbard que tu la dois.
    —    Ne crains rien, il est dans mes prières. En ce moment même, l’insupportable vieux bouc doit être en train de rendre Dieu complètement fou.
    Malgré moi, je m’esclaffai. Elle se leva, se dirigea vers la sortie et

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