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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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les gens étaient plus exubérants, leurs sourires plus francs. La ville bourdonnait d’activité, comme si elle voulait affirmer qu’elle était plus en vie que jamais maintenant que le siège était levé. La marchande qui m’avait indiqué la direction de Saint-Sernin me reconnut et son visage s’éclaira.
    —    Eh ! Vous autres ! s’écria-t-elle. Regardez ! C’est sire Gondemar de Rossal !
    Elle contourna son étal, s’approcha de moi en même temps que les gens qui se trouvaient sur la place et me posa une bise vigoureuse sur chaque joue. Puis elle me saisit par les épaules et me dévisagea avec émotion.
    —    Toi et ton gros compagnon, vous avez risqué vos vies pour sauver ton amie, dit-elle. Grands dieux, il nous faut davantage de preux comme vous ! Pas vrai, vous autres ?
    La vitesse à laquelle la nouvelle s’était répandue dans la ville m’étonna. La foule qui se massait autour de moi acquiesça par des acclamations et des vivats enthousiastes qui m’embarrassèrent beaucoup. Je cherchai une échappatoire, mais les Toulousains étaient bien décidés à me célébrer. Ils me couvraient de claques dans le dos et de félicitations. Je fis de mon mieux pour accepter le tout avec grâce et m’éclipsai aussi vite que je le pus. En sauvant Pernelle, je n’avais fait que rectifier une situation qu’avait causée mon existence. Et encore, je n’avais pas vraiment réussi. Bertrand de Montbard était mort.
    Lorsque j’atteignis la place Saint-Sernin, j’attendis un moment que la voie soit libre, sans succès. À cette heure, Toulouse grouillait de monde. Je me dirigeai donc vers la dalle portant le sceau du Cancellarius Maximus. Pour ne pas attirer l’attention, je m’assis par terre et retirai ma botte, faisant mine d’en extirper un caillou. Avec le plus de discrétion possible, je soulevai un côté de la dalle en la cachant avec ma chaussure et jetai un coup d’œil discret dessous. Rien. Frustré, je la replaçai, remis ma botte et me levai.
    Sur le chemin du retour, je contournai soigneusement le marché. Je n’avais pas le cœur à être fêté de nouveau.
    Je crus bon de ne plus priver Roger Bernard de sa chambre et je réintégrai celle qu’on m’avait attribuée dès mon arrivée à Toulouse. Là, en me cachant de Pernelle et de Cécile, qui m’auraient vertement tancé si elles l’avaient su, je commençai à tester mon corps. Je ne me sentais pas aussi faible qu’après mon réveil à Minerve, loin de là. Mes muscles étaient forts et mes réflexes bons, mais mes maudites côtes me causaient un mal de chien. Le moindre mouvement brusque était comme un coup de poignard dans les flancs. C’est donc avec une grande prudence que je repris l’exercice avec Memento en traçant les huit lents et contrôlés que m’avait enseignés mon maître. À plusieurs reprises, un raclement dans mes côtes me fit craindre d’avoir aggravé mes blessures, mais je tins bon et, après deux ou trois jours, mes mouvements étaient déjà devenus plus faciles.
    Chaque soir, en variant les heures, afin de ne pas attirer l’attention, je me rendais sur la place Saint-Sernin, prétextant que la promenade était bénéfique à ma récupération, ce que Pernelle acceptait sans faire de difficultés. Cécile insistant souvent pour m’accompagner, il n’était pas rare que je doive y retourner secrètement après l’avoir reconduite au châtelet. Jusqu’à présent, je n’y avais rien trouvé, mais je ne désespérais pas. Le Cancellarius Maximus me l’avait écrit lui-même : ta requête est à l’étude et une réponse te parviendra en temps opportun. Le message était clair : les choses se feraient à sa convenance. Il veillait sur la Vérité depuis un quart de siècle et il n’était pas pressé. Que cela me plaise ou non, c’était lui qui menait le jeu.
    Malgré le plaisir que m’apportait la compagnie de Cécile, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que je ferais si la réponse arrivait enfin. Elle dut sentir mon tourment car, un soir que nous revenions d’une promenade, alors que j’étais enfermé dans un profond mutisme, elle m’interpella.
    —    Que se passe-t-il ? Tu es bien songeur depuis ton retour. Est-ce la mort de ton maître d’armes qui te tiraille à ce point ? Ou les souffrances de dame Pernelle ?
    —    Il y a un peu de tout cela, mais je m’inquiète surtout de toi.
    —    Comment cela ?
    Je m’arrêtai et la pris par les

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