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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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quitté Toulouse en contravention avec son ordre exprès ? La brièveté et le ton ferme de son message trahissaient un individu habitué à ce que ses ordres soient suivis aveuglément. Etait-ce suffisant pour mériter la mort ? Ou le simple fait que j’aie eu l’audace de le contacter constituait-il une infraction suffisante ?
    Le moment venu, il remettra son sceau au Magister de son choix, faisant de lui le Lucifer, porteur de la lumière divine, disaient les instructions au Magister. Le Lucifer partira alors sans attendre pour Toulouse. Sous la parole divine, il trouvera une dalle portant le sceau, y déposera un mot annonçant son arrivée et attendra ses instructions. J’avais fait beaucoup plus que cela, il me fallait l’admettre. Sans avoir reçu le sceau, j’avais pris sur moi de me rendre à Toulouse et je lui avais déclaré sans ambages que j’estimais le temps venu de rassembler les deux parts de la Vérité. J’avais fait fi de l’autorité qui lui avait été conférée par les familles fondatrices. M’avait-il trouvé présomptueux ? Sans doute. À sa place, je n’aurais pas apprécié une telle arrogance. Avait-il décidé que j’avais outrepassé mes privilèges et simplement résolu de m’éliminer pour assurer la sécurité de la Vérité ? Rien n’était impossible.
    Lorsque Pernelle me quitta, j’étais profondément troublé. Je réalisais plus que jamais que je n’étais qu’un pion insignifiant sur un vaste échiquier dont je ne connaissais que quelques pièces, dans un jeu dont j’ignorais la plupart des règles. Je devais me méfier. De tous.

Chapitre 18 Ruptures
    Le mois de juillet s’écoula dans le calme. Je n’entendis plus parler de mon agresseur et, sans l’oublier, je finis par ne plus trop y penser. Seuls les rapports qui nous parvenaient périodiquement nous confirmaient que la croisade était toujours en cours. Pour venger son humiliation, Montfort terrorisait les environs de Toulouse avec un zèle renouvelé. Il s’acharnait particulièrement sur les terres de Foix, espérant affaiblir l’adversaire qui lui avait tenu tête, et les histoires d’horreur qui nous étaient rapportées étaient à la hauteur de sa triste réputation. Elles parlaient de Parfaits torturés et brûlés, de femmes violées, d’enfants éventrés, de chevaliers pendus, de maisons incendiées, de fortifications rasées, de terres confisquées et de toutes ces choses qui composaient son ordinaire. Je ne me faisais pas d’illusion : notre victoire n’était que provisoire et ne faisait que repousser l’inévitable. Tôt ou tard, Toulouse tomberait, et avec elle s’effacerait ma piste vers la Vérité, à moins que le Cancellarius Maximus ne se décide à me redonner signe de vie, ce qu’il s’était entêté à ne pas faire jusqu’à maintenant.
    Pour ajouter l’injure à l’insulte, une rumeur de plus en plus persistante circulait, selon laquelle Arnaud Amaury se verrait sous peu attribuer le siège épiscopal de Narbonne dont l’actuel titulaire, Béranger, semblait trop bien disposé envers les hérétiques au goût du pape. La seule pensée que l’affreux moinillon au sang froid comme celui d’un serpent puisse se prétendre évêque et guider ses fidèles me donnait la nausée. Mais Innocent
    II voyait les choses autrement et désirait récompenser le fidèle chien de chasse qui faisait régner la terreur et la mort sur le Sud depuis plus de deux ans.
    Ce hiatus de tranquillité permit à mon corps meurtri de se remettre et, dès la fin de juillet, j’avais repris l’entraînement. Au début d’août, après une séance particulièrement mouvementée avec Ugolin, Roger Bernard m’attendait. Pendant que j’essuyais ma sueur avec le bras de ma chemise, il vint me rejoindre.
    —    Il y a du nouveau, dit-il à voix basse, l’air préoccupé.
    —    À quel sujet ? demandai-je en remettant Memento au fourreau.
    —    Ton agresseur.
    Il me prit par l’épaule pour m’entraîner à l’écart. Je me retournai vers Ugolin et, de la tête, lui fis signe de nous suivre. Je l’avais depuis longtemps mis au courant des événements survenus dans ma chambre et il s’était aussitôt autoproclamé mon garde du corps, tâche dont il s’était acquitté avec une admirable persévérance. Nous nous dirigeâmes tous les trois vers une barrique remplie d’eau de pluie près de laquelle était suspendue une louche de fer-blanc. Je la remplis et en versai le

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