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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Puis j’arrivai à me relever et je titubai jusqu’à la porte.
    Dans la chambre, quelques chandelles éclairaient le cadavre qui gisait sur le sol. J’étais assis sur un tabouret, les bras dans les airs, pendant que Pernelle refaisait mon bandage encore plus serré après avoir décrété qu’une de mes côtes s’était de nouveau cassée. Roger Bernard, lui, était accroupi près du mort et l’observait avec une moue perplexe.
    —    Foutre de Dieu, dit-il admiratif. Tu lui as broyé le gosier à mains nues.
    —    Aïe ! m’écriai-je à l’intention de Pernelle. À force de serrer ce maudit bandage, tu vas finir par me casser les autres côtes !
    —    Tiens-toi donc tranquille au lieu de pleurnicher. Et ça se dit redoutable guerrier, me nargua-t-elle. Tu grommelles autant que.
    Elle se tut brusquement et son visage prit une expression contrite.
    —    Je suis désolée, dit-elle.
    —    Montbard est mort, Pernelle, mais nous sommes vivants. Il ne reste de lui que les souvenirs que nous en avons. Aussi bien les partager librement. Où qu’il soit, le vieux bougre ne veut certainement pas être oublié.
    Mon amie sourit tristement et pêcha dans son coffre une aiguille et du fil pour recoudre une plaie au-dessus du sourcil qui s’était rouverte durant la rixe. Du bout des doigts, Roger Bernard fit tourner la tête du mort afin que la lumière éclaire son visage.
    —    Tu le connais ? demandai-je.
    —    Non, répondit-il, mais Toulouse est grande.
    Il se remit debout et ramassa la dague qui traînait toujours sur le lit.
    —    Pourquoi crois-tu qu’il t’a attaqué ? demanda-t-il en testant le tranchant avec son pouce.
    —    Je n’en ai pas la moindre idée.
    —    On n’entre pas ainsi chez les gens pour les poignarder seulement parce que l’envie nous en prend.
    Je profitai du fait que Pernelle avait fini de me torturer et rangeait ses instruments dans son coffre pour hausser les épaules.
    —    En tout cas, il connaissait les lieux, reprit Foix. Il savait exactement dans quelle chambre du châtelet te trouver.
    Il se dirigea vers la porte, à l’extérieur de laquelle se tenaient plusieurs gardes, en fit entrer deux et leur désigna le cadavre.
    —    Mettez-le dans l’étable et gardez-le, ordonna-t-il.
    Les soldats s’exécutèrent et sortirent en emportant leur fardeau. Il me dévisagea à nouveau.
    —    Je vais voir si un de mes hommes le connaît. Pour le moment, je poste un garde à ta porte en permanence. Je reviendrai dès qu’il y aura du nouveau.
    —    Foix ? l’interpellai-je.
    —    Quoi ?
    —    M’est avis qu’il serait plus prudent que cet incident demeure secret. Il ne sert à rien d’annoncer sur tous les toits qu’on veut ma peau.
    Il hocha la tête et sortit, me laissant seul avec Pernelle.
    —    Tu crois que cela a quelque chose à voir avec l’Ordre des Neuf ? demanda celle-ci sans préambule.
    —    Tu vois une meilleure raison de souhaiter ma mort ?
    —    Quelques-unes, oui ! Les ennemis ne te manquent pas, mon ami.
    Elle se mit à énumérer les hypothèses en les comptant sur ses doigts.
    —    D’abord, Simon de Montfort n’est pas homme à accepter sereinement la défaite et ne t’inclut certes pas dans ses prières. Je ne serais pas surprise qu’il ait demandé à un complice à l’intérieur des murs de te mettre une dague à travers la gorge en guise de cadeau d’adieu. Ensuite, les croisés en général ont aussi mille et une raisons de t’en vouloir depuis que tu leur as tourné le dos et que tu leur tannes les fesses à la moindre occasion. Il se trouve sans doute également des officiers cathares qui n’aiment pas te voir prendre autant de place, toi qui n’es pas des nôtres.
    —    Soit, vu sous cet angle. J’imagine que je finirai bien par en savoir davantage.
    —    Si tu survis.
    —    Evidemment.
    Que dire d’autre ? Pour autant que Pernelle était concernée, la seule raison de notre voyage vers Toulouse avait été l’espoir d’assassiner Simon de Montfort. Je ne pouvais lui révéler la vraie nature de mes soupçons sans trahir plus qu’elle n’en devait savoir, même à titre de membre des Neuf. Mon instinct me disait que l’attaque était liée à ma tentative de contacter le Cancellarius Maximus.
    Une idée me frappa tout à coup. Et si le Grand Chancelier lui-même avait commandé mon assassinat pour me punir d’avoir

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