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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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heures. Lorsqu’elle prit fin, nous sortîmes tous ensemble et nous quittâmes, chacun se dirigeant vers sa paillasse. En chemin, Montbard laissa échapper quelques rots et grimaça.
    —    Par le poil du cul de Satan. grogna-t-il en se tenant le ventre. J’ai des coliques de nourrisson. On dirait que j’ai trop mangé.
    —    Ou trop bu, relevai-je.
    —    Il est impossible de trop boire, gamin, ricana-t-il. Le vin est un nectar donné à l’homme par Dieu pour apaiser son âme.
    La semaine suivante, je me présentai à l’entraînement chaque matin avec un enthousiasme renouvelé. Je notai distraitement que, depuis son combat avec Raynal, Montbard semblait bouger plus lourdement et qu’il se fatiguait vite, mais j’attribuai le tout à son âge et à sa blessure au genou. Puis, un matin, je ne le vis nulle part. La veille, il avait été défait par Jaume, qui l’avait pris de vitesse pour attaquer son côté aveugle. Je me demandai si mon maître ne s’en était pas un peu vexé.
    —    Tu sais où est sire Bertrand ? m’enquis-je auprès d’Ugolin.
    —    Non. Toi ?
    Ensemble, nous quittâmes la cour et retournâmes au corps de logis où Montbard et moi habitions. Nous filâmes droit vers sa chambre. Je frappai, mais n’obtins aucune réponse. Perplexe, je frappai plus fort, sans plus de succès. J’allais tourner les talons et chercher ailleurs lorsqu’il me sembla entendre un gémissement étouffé. Je testai la porte. Elle n’était pas verrouillée. Sans hésiter, j’ouvris.
    Montbard gisait sur une paillasse qui ne valait guère mieux que la mienne. Recroquevillé sur le côté comme un petit enfant, les mains plaquées contre son ventre, il était blême comme la mort. Ses yeux étaient cernés de bleu, sa bouche entrouverte et une tache de sang maculait sa barbe et le tissu sous sa tête.
    —    Nom de Dieu ! m’exclamai-je en me précipitant vers lui. Qu’avez-vous ?
    Je m’agenouillai près de lui, lui touchai le front et constatai avec consternation qu’il était brûlant. Au contact de ma main, son regard se focalisa et il me regarda. Il essaya de parler, mais ne réussit qu’à émettre un râle. Son haleine empestait la carcasse. Sans trop savoir ce que je faisais, je me mis à l’examiner, à la recherche d’une blessure. Lorsque j’écartai ses mains et que mes doigts tâtèrent son abdomen, il gémit comme un bébé. Je déchirai sa chemise d’un geste brusque et eus un mouvement de recul. Son ventre était gonflé comme une outre et la peau tendue avait une vilaine teinte bleutée. Soudain, il se crispa à un point tel que les muscles de sa gorge saillirent sous la peau. Il serra les dents et vomit un flot de sang noir et puant qui m’aspergea. Puis il retomba, prostré, sur sa paillasse, le regard hagard et le souffle court.
    Paniqué, je me retournai vers Ugolin. Le géant chancelait sur ses pieds. Une fois de plus, il allait tourner de l’œil à la vue du sang.
    —    Ugolin, morbleu, le moment est mal choisi ! m’écriai-je. Aide-moi plutôt à le mener à dame Pernelle. Vite !
    Rien n’y fit. Le Minervois s’écroula lourdement, comme frappé au front par une masse d’armes. Je l’enjambai et me précipitai à l’extérieur, laissant là mon maître, dont je ne doutais pas que la vie ne tenait qu’à un fil. Je courus comme un dément jusqu’à l’infirmerie et ouvris la porte avec fracas.
    —    Pernelle ! hurlai-je. Pernelle ! Où es-tu ?
    Au fond de la pièce, mon amie, accroupie près d’un malade, se retourna vivement, l’air désapprobateur. Lorsqu’elle vit mon expression, elle changea d’attitude, murmura quelque chose à son patient et accourut vers moi.
    —    Qu’y a-t-il ?
    —    C’est Montbard. Il crache le sang et son ventre est rond comme une outre et tout bleu. Viens ! Vite !
    Elle courut dans un coin ramasser son coffre en bois et me le jeta dans les bras. Puis elle retira le chiffon qui lui couvrait le nez et la bouche.
    —    Où est-il ? demanda-t-elle.
    —    Dans sa chambre.
    —    Allons-y.
    Nous fîmes le chemin inverse aussi vite que le permettait le pas de Pernelle. Lorsque nous surgîmes dans la chambre, Ugolin était assis par terre et secouait la tête, blême et hagard. Nous le contournâmes sans nous arrêter et nous dirigeâmes vers le lit, où Montbard gisait toujours. Pendant que je posais le coffre sur le sol, Pernelle s’agenouilla et le retourna doucement sur

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