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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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mieux. En fouillant, je retrouvai l’épée qu’Eudes lui avait forgée et la ramassai. Lorsque notre fardeau fut prêt, nous l’emportâmes à l’extérieur afin de le déposer sur Sauvage. Déjà, les liquides de la mort imbibaient le tissu par endroits.
    Nous allions partir lorsque je m’arrêtai, le pied à l’étrier. Une idée m’était venue.
    —    Retournons voir à l’intérieur, dis-je.
    —    Quoi ? Tu n’es pas encore rassasié ?
    —    C’était la tente de Montfort, peut-être a-t-il laissé derrière lui quelque chose qui pourrait aider les Foix. Tant qu’à être ici, aussi bien jeter un coup d’œil.
    Ugolin soupira et secoua la tête, résigné.
    —    Mordiable... Bon, allons-y. Plus vite nous y entrerons, plus tôt nous en ressortirons.
    Nous rentrâmes pour fouiller les lieux. La table sur laquelle Pernelle avait été martyrisée était toujours là et quelques documents y avaient été abandonnés. Je m’approchai et les examinai. Il s’agissait d’une carte sommaire de Toulouse et de ses environs qui détaillait la ville, ses fortifications et ses entrées, et de quelques listes d’intendance énumérant les bataillons qui avaient constitué les forces croisées lors du siège. Au premier abord, rien de cela ne semblait particulièrement remarquable, mais je les pliai néanmoins pour les glisser dans ma chemise. Roger Bernard et son père y trouveraient peut-être quelque chose de valable qui les aiderait à lutter contre Montfort. Je me dirigeai ensuite vers le lit et soulevai la paillasse, mais il n’y avait rien dessous. Par acquit de conscience, je l’éventrai avec ma dague pour en fouiller l’intérieur. Je n’y trouvai que de la paille humide et à demi moisie. Je jetai le tout par terre.

    —    Peut-être que ceci t’intéressera, dit Ugolin.
    Je me retournai et vis qu’il tenait entre ses gros doigts un morceau de papier à demi brûlé qu’il avait trouvé dans un des braseros. Je traversai la tente, le pris et l’examinai. Il s’agissait d’une courte note écrite d’une main remarquablement fleurie. Ses bords étaient calcinés et il y manquait plusieurs mots, mais ce qu’il restait du contenu était d’autant plus intrigant qu’il me concernait.

    —    On dirait bien que Montfort entretenait une petite correspondance à ton sujet, suggéra Ugolin.
    —    En effet, mais avec qui ? Et pourquoi ?
    Il me reprit le bout de papier et le relut.
    —    M’est avis que Montfort magouillait ton assassinat avec quelqu’un. C’est facile : en réponse à ta demande, Gondemar de Rossal serait bientôt mort. En échange, notre Toulousain exigeait des terres.
    —    Il s’agissait sans doute de celui qui a tenté de m’assassiner. On lui aura offert des terres contre ma vie.
    J’avisai le brasero rempli de cendres.
    —    Il y avait autre chose ?
    —    Quelques lambeaux sans écritures.
    Par mesure de précaution, je fouillai à mon tour, mais je ne trouvai rien d’autre que quelques coins de papier. Montfort avait dû jeter une pile de documents dans les braises pour les détruire et celui-ci, pris au milieu, avait partiellement survécu. Je le glissai dans ma chemise avec les autres. Après un dernier examen des lieux, nous sortîmes et reprîmes la route de Toulouse avec notre triste fardeau.
    Le lendemain, Bertrand de Montbard fut inhumé dans la crypte du châtelet, en présence du comte de Foix, de Roger Bernard, de Cécile, de Pernelle, de tous les Parfaits qui avaient pu se libérer et de tous les officiers de la cité. Les prières du consolamentum furent prononcées et j’endurai sans me plaindre la douleur qu’elles engendraient dans ma cicatrice. Mon maître méritait bien quelques souffrances. Ses restes furent mis en terre sans la présence de ses frères de l’Ordre du Temple. Il n’eut pas droit au manteau à croix pattée, mais je vis à ce qu’il soit placé exactement comme on l’avait fait pour sire Ravier : la jambe droite repliée formant un quatre avec ce qu’il restait de la gauche, son épée posée sur la poitrine, la poignée à la hauteur du cœur, et les mains jointes dessus. Une dalle commandée par Roger Bernard fut déposée sur la tombe. J’y avais fait graver l’inscription « Bertrand de Montbard, Ordo Militiae Christi, O IX 1  ». Il avait sacrifié sa vie entière à l’Ordre des Neuf et il était bon que ceux qui connaîtraient le sens de l’abréviation le

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