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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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contenu sur ma tête et mon visage, puis me désaltérai. Je passai la louche à Ugolin, qui en fit autant.
    —    Alors ? fis-je.
    —    Un de mes sergents a reconnu le cadavre.
    —    Après tout ce temps ? Il a de l’imagination, ton homme ! m’esclaffai-je. Il ne doit plus en rester grand-chose, de mon assassin !
    —    Comme personne ne semblait savoir qui il était, je me suis arrangé pour qu’il ne pourrisse pas trop vite. Après deux jours, je l’ai fait mettre dans une barrique pleine de sel.
    —    Comme un quartier de bœuf ? Charmante attention, dis-je, amusé.
    —    Une viande ou une autre, dans les bonnes conditions, elle se conservera toujours. Il faut croire que j’ai eu raison.
    Il se désaltéra à son tour.
    —    Tu m’as bien dit que tu ne savais pas qui était le comte de Toulouse, non ?
    —    J’en avais entendu parler, et pas en bien, je te l’assure, mais avant qu’il ne surgisse pendant notre débat, je ne le connaissais ni d’Ève, ni d’Adam. Pourquoi ?
    —    Parce que, curieusement, lui semble s’intéresser à toi. Figure-toi que l’individu qui a tenté de t’assassiner était un de ses hommes de main. Du genre à exécuter les sales petites besognes.
    J’arquai le sourcil sans rien dire.
    —    Tu as une idée de la raison pour laquelle Raymond voudrait te voir mort ? demanda Foix.
    —    Absolument aucune.
    —    Cet homme est une véritable anguille. On ne sait jamais tout à fait ce qu’il manigance.
    Tout en réfléchissant, j’essorai mes cheveux et les rattachai sur ma nuque.
    —    Tu m’as mentionné qu’il tentait de négocier avec Montfort pendant le siège, non ? demandai-je.
    —    En effet.
    —    Comment s’y prenait-il ?
    —    Oh, ce n’est rien de bien sorcier. Qui veut sortir de Toulouse malgré un siège y arrivera toujours par une des portes ou autrement. Il a sans doute envoyé quelques hommes porter ses messages.
    —    Alors, peut-être ma mort était-elle un des prix exigés par Montfort pour épargner les terres du comte. Ou, plus simplement, il aura soudoyé un des émissaires pour qu’il organise l’attentat. Après tout, l’homme n’aime guère la défaite et je l’imagine mal ne pas chercher la vengeance.
    —    Tu as sans doute raison, mais demeure sur tes gardes. Ce qui est arrivé une fois peut se produire encore.
    —    Ne crains rien, je serai vigilant. Et puis, avec Ugolin à mes côtés, je plains celui qui touchera à un seul de mes cheveux.
    Malgré les arguments de Pernelle, Ugolin n’avait jamais eu la conscience tout à fait tranquille depuis qu’il s’était réveillé dans l’infirmerie. Le sort de la dépouille de Montbard le préoccupait fort et il y revenait sans cesse, tant et si bien qu’il finit par me convaincre de la nécessité de lui offrir une sépulture digne de lui. Pour tout dire, je n’avais pas été très difficile à persuader. L’idée de mon maître qui pourrissait seul dans le camp abandonné me triturait la conscience.
    Par un matin ensoleillé, nous décidâmes donc de retourner sur les lieux de sa mort, dans l’espoir de retrouver quelque chose de lui que nous pourrions inhumer correctement. La tâche était sinistre, mais nous l’entreprenions avec détermination, sûrs de sa justesse. Averti de nos intentions, Roger Bernard s’était d’abord montré sceptique, mais il avait vite consenti. Il nous avait même offert une escorte, que j’avais déclinée. Les alentours étaient tranquilles depuis trois semaines et j’estimais que nous ne courrions aucun risque.
    —    Bien, mon ami, avait-il fini par dire en me serrant la main. Je comprends. Mais je serais quand même plus tranquille si quelques hommes t’accompagnaient.
    —    C’est une tâche qu’Ugolin et moi préférons accomplir seuls.
    —    Ton maître d’armes est mort depuis plus d’un mois, hésita Foix, mal à l’aise. Tu as songé à ce que tu trouveras ? Dans cette chaleur, la chair se corrompt vite.
    —    Je sais, mais Montbard aurait fait la même chose pour moi.
    —    Soit. Si tu le ramènes, je verrai à ce qu’il soit inhumé dignement dans la crypte du châtelet.
    Ugolin et moi sortîmes de la cité et franchîmes sans trop nous hâter le quart de lieue qui nous séparait de l’ancien camp des croisés. En regardant les alentours, j’avais du mal à croire que la guerre avait régné sur cet endroit qui

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