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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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   C’est que, vois-tu, toi et moi cherchons la même chose.
    —    Je ne cherche rien du tout, rétorquai-je. Libère-moi immédiatement, maudit traître.
    Pour ne pas lui offrir la satisfaction de me voir à sa merci, je conservai ma dignité et me retins de m’agiter avec mes chaînes. Comme s’il ne m’avait pas entendu, il se mit à marcher de long en large, les mains derrière le dos.
    —    Allons, allons, ne jouons pas à ce jeu-là. Je vais être franc avec toi, reprit-il d’un ton qui se voulait léger. Je me fiche complètement de cette Vérité à laquelle tout le monde semble tant s’intéresser. Montfort n’a pas jugé bon de m’informer de sa nature et, franchement, cela m’indiffère. En ce qui me concerne, vous pouvez tous vous torcher le cul avec. Par contre, je vois bien que vous y tenez tous et cela lui donne une grande valeur. Je voudrais donc mettre la main dessus au plus vite.
    Je l’écoutais, abasourdi. Il venait d’avouer candidement qu’il ne savait rien de la Vérité, mais qu’il désirait la posséder. Or, de toute évidence, j’étais son prisonnier. Cela ne signifiait-il pas qu’il détenait le message du Cancellarius Maximus qui venait de me glisser entre les mains ? Ne comprenant plus rien, je jugeai préférable de me taire pour en apprendre davantage.
    —    Les circonstances sont telles, vois-tu, que la possession de ce secret si mystérieux me serait très utile, continua-t-il. On me dit qu’Arnaud Amaury tient beaucoup à le récupérer et il se trouve que j’ai grand besoin d’une monnaie d’échange pour éviter que Montfort et ses hommes ne me dépouillent de mes terres. La dernière fois que j’ai été excommunié, j’ai dû accepter de me faire fouetter en public sur le parvis de l’église Saint-Gilles. Quelques cicatrices pour préserver mes domaines, c’était bien peu, mais je n’ai aucune envie de revivre pareille humiliation. Et puis, j’aimerais bien ne pas être forcé à me faire chrétien.
    —    La tentative d’assassinat dans ma chambre, dis-je, hébété. C’était toi ?
    —    Avant même que Montfort ne se présente devant Toulouse, j’avais entrepris des négociations clandestines avec lui, mais elles n’allaient nulle part. Le diable d’homme avait l’avantage et il le savait. Il me traitait comme un mendiant. Puis tu es apparu et, ô miracle ! il est soudain devenu très désireux de traiter avec moi. Je me suis demandé ce qui avait provoqué ce changement d’attitude, mais je sais saisir une occasion quand elle se montre, même si je n’en comprends pas les tenants et les aboutissants. Un soir, un des hommes de Montfort s’est présenté à moi avec une missive de lui. Un certain Raynal de Saint-Omer, ça te dit quelque chose ?
    Mon sang se mit à bouillir. Alors même qu’il accompagnait son Magister, Raynal avait été l’intermédiaire entre Montfort et le comte dès notre arrivée à Toulouse. J’avais été si bête que je ne m’en étais jamais douté. Intérieurement, je maudis ma stupidité et mon aveuglement.
    —    Je vois que tu le connais, ricana le comte en voyant mon expression. Le message de Montfort m’apprenait que tu te trouvais dans nos murs et que tu étais à la tête d’un obscur ordre dont l’existence mettait en danger la chrétienté elle-même. Cela, évidemment, je m’en fichais comme de mes premières chausses, mais ce qui était important pour Montfort l’était pour moi. Il me faisait une proposition : je devais te faire suivre, le tenir informé de tes moindres mouvements et attendre ses directives. En échange, si je l’aidais à mettre la main sur ce qu’il cherchait, il verrait à assurer la protection de mon domaine.
    —    Evidemment, tu as accepté, dis-je.
    —    Bien entendu. Lorsqu’il a appris que tu hantais la place Saint-Sernin la nuit, son intérêt s’est intensifié. Plus encore quand je lui ai fait savoir que tu avais ramassé quelque chose sous une dalle. Dès lors, je savais que je tenais un avantage qui pourrait m’être utile. Je lui ai fait parvenir une missive dont je savais qu’elle allait l’aguicher. Je lui disais que la réponse lui parviendrait bientôt. Je lui promettais aussi ta mort. En échange, j’exigeais désormais, en plus de l’immunité de mes terres, la levée de mon excommunication. J’ai même poussé la coquetterie jusqu’à signer Le Toulousain. Comme je l’avais prévu, Montfort a mordu à

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