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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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demeurai sans connaissance. Quand j’ouvris les yeux, la première chose que je fis fut de reprendre contact avec la douleur qui habitait les moindres recoins de mon corps. Chaque inspiration m’était un calvaire et je ne doutais pas que, si je sortais vivant de cet endroit, Pernelle devrait à nouveau rafistoler mes pauvres côtes. Mes yeux étaient enflés et je devais respirer par la bouche en raison de mon nez broyé. Mes lèvres n’étaient qu’une masse enflée que le moindre mouvement fendait à nouveau. Tout mon visage me faisait mal, mon ventre et mon entrejambe aussi. Je n’avais pas besoin de tâter pour savoir que mes pauvres génitoires avaient doublé de volume. Mes épaules, qui avaient soutenu mon poids pendant mon inconscience, étaient traversées par de vifs élancements alors que mes bras et mes poignets étaient si engourdis que je n’arrivais pas à les bouger. Ma nuque était lourde et j’avais du mal à relever la tête.
    De peine et de misère, je me remis sur mes pieds, mes jambes flageolantes me portant à peine. Je clignai des yeux à plusieurs reprises et parvins à les ouvrir à moitié. Mon geôlier avait laissé la torche dans son socle, de sorte que je pus examiner à loisir l’intérieur de mon petit cachot. Sur chacun des murs de pierre suintante d’humidité, des fers suspendus à des chaînes attendaient un prisonnier. Je compris pourquoi le comte m’avait laissé de la lumière : je n’étais plus seul. Pendant mon évanouissement, on m’avait apporté un compagnon d’infortune dont la vue me ramena tout à fait à moi.
    À ma gauche, le Cancellarius Maximus, toujours vêtu de sa cape noire, était suspendu à ses chaînes, inconscient. Je l’avais laissé derrière, sur la place. Le comte avait dû le faire amener dans son châtelet. Le maudit mécréant désirait détenir le plus grand pouvoir de négociation possible. Or, j’étais certain que ni Montfort ni Amaury n’avaient osé imaginer, dans leurs rêves les plus fous, mettre la main sur le Grand Chancelier. Ils détiendraient la seule personne qui connaissait l’emplacement des deux parts de la Vérité et je ne doutais pas qu’ils donneraient le paradis sur terre à celui qui le leur livrerait. La Vérité passerait aux mains de ses ennemis.
    Désabusé, j’observai celui que j’avais tant voulu rencontrer et dont la collaboration aurait été essentielle à mon succès. Son capuchon cachait son visage. Il pendait à ses chaînes, les jambes à demi repliées sous lui. Ses mains étaient ensanglantées. Je me rappelai qu’il avait empêché in extremis un de ses agresseurs de l’égorger en empoignant sa lame. Dans l’une d’elles, je pouvais d’ailleurs apercevoir une plaie profonde. Le sang avait coulé jusqu’aux coudes et maculait ses avant-bras. Mon regard glissa le long de sa personne et s’arrêta sur ses pieds. Je me figeai, incrédule. Le Cancellarius Maximus portait de fines chaussures de cuir pointues. Des chausses de femme.
    Alors que j’essayais de donner un sens à cela, il reprit conscience. Avec moult efforts, il se remit sur pied et une mèche de cheveux blonds s’échappa de son capuchon. Puis un faible gémissement me parvint. Une voix de femme. Une voix que je connaissais.
    Le Grand Chancelier secoua la tête énergiquement de tous les côtés jusqu’à ce que son capuchon finisse par tomber sur ses épaules. J’eus l’impression que le sol venait de s’ouvrir sous mes pieds et que je tombais dans le vide, en chute libre.
    —    Cécile ? balbutiai-je malgré mes lèvres gonflées.
    Elle tourna la tête vers moi. Au début, son regard était vague et égaré. Elle cligna des yeux à quelques reprises et finit par réaliser ma présence. Son doux visage s’éclaira d’un sourire.
    —    Gondemar, dit-elle. Dieu merci, tu es vivant !
    Les questions se bousculaient dans ma tête sans que je parvienne à les ordonner. Toutes cherchaient à franchir mes lèvres en même temps.
    —    Où sommes-nous ? demanda-t-elle.
    —    Dans le donjon du comte de Toulouse.
    Elle écarquilla les yeux d’étonnement.
    —    Le scélérat, chuchota-t-elle. J’aurais dû m’en douter.
    J’hésitai longuement avant de lui poser la question qui me brûlait les lèvres.
    —    Tu es le Cancellarius Maximus ?
    Elle me dévisagea, visiblement perplexe.
    —    Le quoi ?
    —    C’est bien toi qui as déposé un message sous la dalle, non ?
    —    Oui,

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