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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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coup d’œil sur le Grand Chancelier. Il gisait sur le sol, les mains en sang, mais il était vivant. Ma décision ne fut pas difficile à prendre. Cet homme n’existait que pour protéger la Vérité. Et voilà que le message qui m’était destiné et qui en révélait peut-être l’emplacement se retrouvait entre les mains d’un inconnu. S’il se sauvait avec, les hommes d’Amaury la trouveraient avant moi.
    À toutes jambes, je me lançai à sa poursuite, me dirigeant à l’aveuglette vers l’endroit où je l’avais aperçu. Un nouvel éclair me le montra, qui s’engouffrait dans une rue étroite. J’accélérai le pas. Lorsque je surgis dans la rue, il n’était nulle part. Était-il entré dans une des maisons ? Avait-il bifurqué dans une ruelle transversale ? Hésitant, je ralentis et marchai, aux aguets, en maudissant l’orage qui me rendait sourd et aveugle. Le message tant espéré me glissait entre les doigts et j’étais là, les bras ballants, impuissant. Je songeai à retourner vers le Cancellarius Maximus, qui avait certainement besoin d’aide. Il pourrait au moins m’en révéler le contenu. Mais cela ne changerait rien au fait que d’autres en savaient déjà trop.
    Le coup qui s’abattit sur ma nuque me prit par surprise. Je m’effondrai, la face dans la terre rendue boueuse par la pluie, et tentai de me relever. Un second coup me fit perdre connaissance.
    3
    Tous sont égaux devant la mort.

Chapitre 19 Surprises
    Une fois de plus, je m’éveillai dans le noir. Cela semblait être le sort qui m’était particulièrement réservé. La douleur qui me sciait les poignets et les épaules en plus de la sensation de la pierre froide contre mon dos me firent vite comprendre que j’étais aux fers. Je me remis sur mes pieds et, pour la forme, je tirai les bras, le mouvement provoquant un douloureux retour de sang dans mes membres ankylosés. Le raclement des chaînes confirma ma déduction. Une fois de plus, j’étais prisonnier. Je secouai la tête pour me clarifier la cervelle. Un élancement engendra aussitôt des points multicolores devant mes yeux et me fit grimacer. Le bougre qui m’avait assommé ne s’était pas privé. En tournant prudemment la tête de chaque côté, je constatai que j’avais la nuque en bouillie.
    L’esprit confus, je repassai les faits dont je disposais en essayant de leur donner un sens. On avait attaqué le Cancellarius Maximus alors qu’il déposait un message à mon intention. De toute évidence, on avait continué à guetter la cache après le départ de Montfort. Celui qui l’avait fait détenait maintenant ce qu’il désirait. Pourquoi, alors, m’avait-il gardé en vie ? S’il connaissait l’emplacement de la seconde part, je n’avais plus aucune utilité pour lui. À moins que le message n’ait dit autre chose.
    Dans le noir, je rageai en me débattant vainement contre mes chaînes. J’avais été déjoué comme le dernier des idiots. En ce moment même, quelqu’un se dirigeait sans doute vers la Vérité et, moi, j’étais prisonnier dans un cachot, impuissant. Mon âme s’en allait littéralement au diable et je ne pouvais rien faire.
    Le bruit d’un loquet me tira de mes sombres pensées. La porte de mon cachot s’ouvrit et la torche brandie dans l’embrasure m’aveugla. Son porteur entra, suivi d’un autre homme. Pendant un instant, je ne distinguai que leurs silhouettes. Le premier ficha la torche dans un anneau de fer au mur et resta en retrait. L’autre s’approcha de moi. Mes yeux finirent par s’habituer à la lumière, mais j’eus du mal à croire ce que je vis.
    Devant moi se tenait le comte Raymond VI de Toulouse en personne. Ses cheveux blancs étaient ébouriffés et il semblait anxieux. Il me toisa de ses petits yeux fuyants et j’eus l’impression qu’un serpent me dévisageait. Un frisson de dégoût me parcourut la peau. Je le regardai, ahuri, sans comprendre ce qu’il faisait là. Cet homme s’opposait au comte de Foix et à son fils, c’était chose connue. Mais de là à capturer un de ses hommes ?
    —    Sieur de Rossal, dit-il de cette voix à la fois hautaine et grinçante, je suis heureux de te revoir, même si les circonstances sont, disons, particulières.
    Je le regardai sans rien dire, espérant que mon regard noir masquait ma stupéfaction.
    —    Tu te demandes sans doute ce que tu fais ici, poursuivit-il.
    —    La question m’a traversé l’esprit, oui.
    —

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