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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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chemin le plus long, dit-il en s’essuyant la joue.
    Il se tourna vers l’homme qui était entré avec lui. Jusqu’alors, je ne lui avais pas prêté attention. Quand je le détaillai, je compris le sort qui m’attendait. Il était court sur pattes, mais bâti comme une barrique. Sa poitrine immense et sa panse rebondie étaient couvertes d’un tablier de cuir semblable à celui d’un boucher. Ses bras étaient aussi gros que mes cuisses, et ses poings, posés sur ses hanches, avaient la taille d’enclumes. La tête rasée, les oreilles en chou-fleur, les petits yeux sombres et éteints, la bouche entrouverte et salivante, il dégageait un mélange inquiétant de stupidité et de violence.
    —    Je te présente Renat, dit le comte en le désignant. Voilà plusieurs années, je l’ai sauvé de l’écartèlement après qu’il se fut abandonné un peu trop librement à son penchant malsain pour les petits garçons. Malheureusement pour lui, j’ai dû consentir à ce qu’on le châtre. Mais au moins, il est vivant. En échange, il a bien voulu accepter de me servir de tourmenteur. Il est très efficace. Je crois que c’est le seul plaisir qui lui reste, le pauvre.
    Il se tourna vers l’autre, qui attendait toujours dans le coin, tel un chien fidèle.
    —    Renat, si tu veux bien faire ton office.
    —    Oui, sire Raymond, répondit l’autre d’une voix étonnamment haut perchée, presque enfantine.
    Le bourreau s’avança vers moi d’un pas lourd, les clés suspendues à sa ceinture tintant lugubrement. Le sourire qui éclairait son visage me donna froid dans le dos. Il se planta devant moi et sembla évaluer méthodiquement par où commencer. Après un moment, il se décida. Le premier coup de poing qui s’enfonça dans mon ventre me coupa le souffle et me fit rendre mon repas. Le suivant s’abattit sur mon visage et me remonta la tête avec une telle force qu’elle se fracassa contre le mur. Sonné, je ne tenais debout que grâce aux chaînes qui me retenaient par les poignets. Puis il se mit réellement au travail et me frappa à plusieurs reprises des deux mains dans les côtes. La douleur atroce qui me traversa la poitrine me fit voir des éclats multicolores et me poussa au bord de l’inconscience. Je compris qu’elles s’étaient à nouveau brisées. Le cauchemar vécu dans la tente de Montfort reprenait de plus belle.
    Mon tortionnaire agissait avec une efficacité clinique, frappant à un rythme égal mon ventre, mes côtes et mon entrejambe. Le sourire niais qui éclairait son visage bovin et l’éclat pervers dans ses yeux trahissaient le plaisir qu’il prenait à sa tâche. Je me préparais à subir la prochaine volée, espérant simplement y survivre, mais elle ne vint pas.
    —    Suffit, Renat. Alors ? intervint le comte de Toulouse. Où se trouve la Vérité ?
    —    Va te faire enculer par Amaury, merdaille, dis-je, pantelant. Tu peux me faire frapper tant que tu voudras par cette bête, je ne sais rien de plus.
    —    Je vois que tu as encore besoin d’être convaincu.
    Il fit un petit signe de la tête et une nouvelle pluie de coups s’abattit, cette fois sur mon visage, y ouvrant de nouvelles plaies, me fendant les lèvres, me déchaussant des dents et faisant craquer mon nez. Lorsque je fus près de m’évanouir, je sentis une main qui m’empoignait par les cheveux pour me relever la tête.
    —    Renat peut continuer aussi longtemps qu’il le faudra. Il est infatigable. Plus ça durera, plus il sera heureux. La mémoire te revient-elle ? demanda le comte.
    —    La seule, chose dont, je me souviens. c’est que tu. as la. réputation. d’être capable. de vendre. ta propre mère. au. plus offrant.
    Il me laissa et mon menton retomba sur ma poitrine. Ma tête était trop lourde pour que je la porte et mes jambes avaient cessé depuis longtemps de me soutenir. Mais j’étais vivant et je tablais sur le fait que, si je pouvais résister assez longtemps, le filou finirait par croire que je ne savais rien. Et puis, s’il était aussi rusé qu’on le disait, il s’assurerait sans doute de me garder en vie pour m’utiliser comme monnaie d’échange.
    —    Bien, soupira le comte, irrité. Je vois que nous devrons faire les choses autrement. Repose-toi. Tu en auras besoin.
    Telle une masse d’armes, le poing de Renat s’abattit sur ma mâchoire une dernière fois et la nuit m’enveloppa.
    Je ne saurais dire combien de temps je

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