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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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expression horrifiée.
    —    Ma bague, dit-elle. Elle a disparu.
    —    Tu la portais quand tu as déposé le message ?
    —    Bien sûr.
    —    Alors le comte te l’aura retirée pendant que tu étais inconsciente, suggérai-je, en sachant fort bien qu’il s’en servirait sans doute comme preuve qu’il détenait sa propriétaire.
    Cécile laissa échapper un long et tremblant soupir, puis reprit son récit.
    —    Esclarmonde m’a fait comprendre qu’un jour, peut-être, on me demanderait mon aide par le même sceau et que si jamais cela se produisait, je devais obéir sans hésiter ni poser de questions.
    —    Et une demande est venue.
    Elle acquiesça de la tête.
    —    Voilà quelques mois, à l’aube, je me lavais le visage. Quand j’ai pris ma serviette pour m’éponger, deux notes en sont tombées. L’une était cachetée par le sceau. L’autre m’était adressée et m’ordonnait de déposer la première dès la nuit suivante sous une dalle portant le sceau, sur la place Saint-Sernin. J’ignore qui les avait placées là et comment il était entré sans que je m’en aperçoive. Mais j’ai obéi, comme je l’avais promis à tante Esclarmonde. Je me suis rendue sur la place en plein jour pour repérer la dalle.
    Puis, la nuit venue, j’y suis retournée pour faire ce qu’on attendait de moi.
    J’étais abasourdi. Le message dans lequel le Cancellarius m’ordonnait d’attendre et de ne pas quitter Toulouse avait été déposé par la femme avec laquelle je partageais ma couche et je n’en avais rien su. Je me demandais comment il était arrivé jusqu’à Cécile. Pour brouiller les pistes qui menaient jusqu’à lui, le Chancelier avait sans doute recours à plusieurs intermédiaires.
    —    Et hier, un nouvel ordre t’est parvenu ? m’enquis-je.
    —    Cette fois, il se trouvait dans ma chaussure. Le reste, tu le connais. Je déposais le message quand on m’a attaquée. Les événements qui ont suivi m’ont fait comprendre que tu en étais le destinataire. J’aurais dû faire le lien dès que j’ai vu la marque sur ton l’épaule.
    Je regardai Cécile, dépité. La pauvresse n’avait aucune idée de l’engrenage dans lequel elle avait mis le pied. Elle avait simplement fait son devoir, par loyauté pour sa tante, sa famille et sa foi. Et maintenant, à cause de cette fidélité, elle se retrouvait enchaînée dans un donjon, les mains mutilées et sans aucun doute promise à la torture. Moi qui avais souhaité par-dessus tout la garder à l’écart de cette histoire, j’étais bien servi.
    —    Tu sers la même cause que ma tante, dit-elle après un moment.
    Ce n’était pas une question, mais une affirmation.
    —    Cela, tu l’as déjà compris, admis-je. Mais je ne peux t’en dire davantage. Tu en sais déjà trop pour ton propre bien.
    —    Et c’est pour cette raison que tu devras partir un jour ?
    Je hochai tristement la tête.
    —    Seulement si nous arrivons à sortir d’ici, dis-je.
    —    Ne crains rien, nous en sortirons, rétorqua Cécile avec conviction.
    Sous mon regard ahuri, elle se mit à ouvrir et fermer frénétiquement sa main droite, rouvrant la plaie profonde qui en traversait l’intérieur, étirant les doigts jusqu’à leur limite. Un sang vermeil la mouilla jusqu’aux poignets.
    —    Cécile, tu vas aggraver tes blessures !
    —    Je l’espère bien, grogna-t-elle de douleur. Je préfère me tourmenter moi-même que d’en laisser le soin à d’autres.
    Lorsque son poignet fut bien luisant de sang frais, elle serra les dents et se mit à le faire pivoter dans le bracelet dans lequel il était enfermé tout en le tirant doucement vers le bas. Je compris ce qu’elle essayait de faire. Elle utilisait son propre sang comme lubrifiant pour libérer sa main. Cette jeune femme était bien de la race des Foix. Elle avait la même détermination et le même courage que son père, son frère et sa tante.
    —    Arrête, voyons. Même si tu parviens à libérer tes mains, qu’est-ce que cela donnera ? Tes pieds seront toujours enchaînés.
    —    Tu veux bien te taire, bougre ?
    J’obtempérai et, horrifié, je la regardai s’activer. La souffrance rendait son teint cireux. La sueur mouillait ses beaux cheveux blonds et s’écoulait en rigoles sur ses tempes et ses joues. Ses sourcils étaient froncés par la concentration. Elle se mordait les lèvres en retenant son

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