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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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l’ongle. Puis il se retourna et posa sur moi son regard éteint.
    —    Monsieur le comte souhaite savoir où se trouve la Vérité, affirma-t-il. Dis-le-moi ou je coupe les doigts de la petite, un bout à la fois, très lentement.
    —    Mais je l’ai déjà dit, foutre de Dieu ! À Montségur !
    —    Bon, comme tu veux. Ensuite, je crois que je lui trancherai le bout des tétins. Puis la langue.
    Il reporta son attention sur sa victime, le regard rempli d’expectative. Ce qui se produisit alors me prit totalement par surprise. Abandonnant tout prétexte d’être enchaînée, Cécile, d’un geste vif comme l’éclair, écarta sa cape et releva sa jupe de sa main libre, révélant un étui noué à sa cuisse. Elle en tira prestement un stylet fin et acéré, le remonta d’un geste vif et l’enfonça sous le menton de Renat. L’arme traversa la tête du monstre et émergea, maculée de morceaux de cervelle, au sommet de son crâne. Pendant un instant, il la regarda d’un air incrédule. Puis il vacilla et, comme un gigantesque arbre que l’on vient de couper, finit par basculer. Il s’effondra lourdement sur le sol, les bras en croix, et exhala un ultime et dernier soupir.
    —    Par le cul de la vierge, bafouillai-je.
    Estomaqué, je la regardai s’accroupir et étirer autant qu’elle le pouvait son bras libre vers le cadavre, tirant sur sa chaîne jusqu’à ce qu’elle lui lacère le poignet gauche. Du bout des doigts, elle réussit à empoigner le trousseau de clés qu’il avait à la ceinture et l’arracha. Dès qu’elle l’eut bien en main, elle se défit de ses liens et vint me libérer une main. Je venais à peine d’ouvrir mes fers qu’elle s’effondra dans mes bras.
    —    Petite furie, dis-je en retenant difficilement mes larmes.
    Je lui retirai sa cape et en déchirai des lanières, avec lesquelles
    je bandai ses mains. Puis je la serrai contre moi. Après un moment beaucoup trop court, je me détachai d’elle et me rendis près du cadavre de Renat. Je retirai le stylet de son crâne puis me retournai vers Cécile.
    —    Je ne connaissais pas cet aspect de ta personne, blaguai-je en testant du bout du doigt le tranchant de l’arme.
    —    Nous sommes en guerre, Gondemar. Je ne suis pas une Parfaite, comme tante Esclarmonde. Mon père et mon frère ont toujours souhaité que je sache me défendre.
    Je l’essuyai sur le tablier de cuir du mort avant de la passer dans ma ceinture.
    —    Dire que j’ai caressé cette cuisse nuit après nuit.
    —    Il y a des circonstances où la présence d’une arme n’est pas souhaitable, rétorqua-t-elle en forçant un sourire.
    —    Tu saignes encore ?
    —    Je ne crois pas, non.
    —    Tu peux marcher ?
    —    Ai-je l’air d’une vieillarde usée ? protesta-t-elle faiblement.
    —    Un peu, oui.
    —    Hmmm... À moins que nous voulions rester ici, il vaut mieux que je tienne debout.
    Je la pris sous les aisselles et l’aidai à se relever. Puis je passai mon bras autour de sa taille pour la soutenir, chaque pas déchirant mes côtes brisées. De ma main libre, j’empoignai la torche. Elle avait beaucoup raccourci, mais elle nous donnerait bien encore une heure de lumière. Ensemble, nous nous dirigeâmes vers la porte de notre cachot.

Chapitre 20 Poursuite
    J’appuyai Cécile contre le mur de pierre. Elle ferma les yeux d’épuisement. Son souffle était court et son teint, cireux. Elle avait perdu beaucoup de sang et elle était faible, mais je n’y pouvais rien. Je devais la remettre le plus vite possible entre les mains des Parfaits qui, eux, sauraient en prendre soin. Pour cela, il était essentiel de sortir de cet endroit, en espérant avoir ensuite le temps de rattraper le comte et de lui reprendre le message du Cancellarius Maximus avant que son contenu ne m’échappe pour de bon.
    Je testai délicatement la porte et rageai intérieurement. Le loquet était tiré. Nous étions libérés de nos fers, mais toujours prisonniers. Par contre, on nous avait enfermés avec Renat. Cela ne pouvait dire qu’une chose : quelqu’un se tenait de l’autre côté, prêt à ouvrir sur l’ordre du tourmenteur. Je posai l’index sur mes lèvres pour signifier à Cécile de garder le silence, puis je frappai trois grands coups.
    —    Oui ? fit une voix.
    —    Laisse-moi sortir, dis-je en prenant ma plus belle voix de fausset, espérant que l’imitation tromperait

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