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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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souffle. Je me sentais affreusement impuissant.
    Après ce qui me parut une éternité, elle étouffa un cri et sa main émergea brusquement du bracelet dans un bruit visqueux qui me leva le cœur. Aussitôt, les jambes lui manquèrent et seule son autre chaîne l’empêcha de s’effondrer sur le sol froid.
    —    Cécile ? m’écriai-je.
    —    Ça ira, dit-elle d’un filet de voix. Laisse-moi seulement me reposer un peu.
    Elle resta longtemps prostrée, retenue par un seul bras, livide, ses cheveux trempés de sueur lui pendant sur les côtés du visage, le souffle haletant. Puis, en serrant contre elle sa main blessée, elle se releva. L’effort lui fit tourner la tête. Elle vacilla un moment et prit appui contre le mur pour ne pas retomber.
    Le bruit du loquet rompit soudain le silence. Aussitôt, Cécile agrippa la chaîne pendante de sa main libre, de telle façon que, si on n’y regardait pas de trop près, elle semblait toujours attachée.
    Une fois encore, je me demandai pourquoi elle s’était infligé une telle épreuve, puisqu’elle n’était pas plus libre qu’avant.
    La porte s’ouvrit et le comte Raymond entra, suivi de Renat. Le géant transportait une petite table qu’il posa dans un coin de la pièce. Dessus se trouvait un paquet de cuir attaché par un cordon. Il en défit le nœud et déroula le tout, révélant des instruments qui me donnèrent froid dans le dos, non pas tant pour moi que pour Cécile. Tel un prêtre préparant l’Eucharistie, il les disposa un à un avec méthode, presque amoureusement. J’y aperçus des pinces au tranchant menaçant, un couteau à lame courbe et effilée, des crochets, un maillet, un petit ciseau, des tarauds de dimensions diverses. Tout ce qu’il fallait pour infliger de terribles tortures. Je vis les yeux de Cécile s’écarquiller de terreur, puis la courageuse petite se composa un masque de dignité.
    Le comte de Toulouse laissa son tourmenteur à ses préparatifs et fit quelques pas vers nous. Il renifla délicatement et une moue de dégoût lui déforma les lèvres. Il resta à bonne distance de nous.
    —    Ce que le sang peut puer, quand même. On se croirait dans un abattoir.
    Il me toisa avec un sourire arrogant.
    —    Tu apprécies la compagnie ? roucoula-t-il. J’ai pensé que cette petite attention te rendrait heureux.
    Il laissa errer sur Cécile un regard lascif.
    —    Qui pourrait t’en blâmer ?
    Je ne dis rien, me contentant de lui adresser un regard qui trahissait tout le mépris que j’éprouvais pour lui.
    —    Bon, enfin, il ne faut jamais s’attendre à être remercié pour les petites attentions que nous inspire notre grandeur d’âme.
    Il tira théâtralement de sa ceinture le message du Cancellarius Maximus, le déplia et le relut.
    —    Je tenais seulement à t’annoncer que je pars à l’instant remettre ceci à Montfort. M’est avis qu’il en sera fort heureux.
    —    Tu as changé tes plans, on dirait, grognai-je. J’avais cru comprendre que tu voulais lui livrer ce qu’il cherche.
    —    Je le ferai, ne crains rien. Nous avons tout notre temps. Mais disons que, dans l’immédiat, il m’apparaît utile d’entretenir sa faveur, rétorqua-t-il en souriant à pleines dents. Il serait dommage qu’il renie notre entente parce qu’il croit que je ne fais pas de progrès. Je lui annoncerai donc que je garde prisonnier l’auteur du message ainsi que le maître de l’Ordre des Neuf. Comme preuve de ce que j’avance, je dispose de la bague de la demoiselle et de ceci. Il devrait s’en trouver fort bien disposé à mon égard.
    Avec un air de défi, il exhiba la bague de Cécile, qu’il avait passée à son petit doigt, puis tapota Memento, qu’il portait à la ceinture, ce que je n’avais pas remarqué jusque-là. Losque je vis émerger du fourreau la poignée qui avait été posée par Ravier lui-même sur la lame que j’avais forgée à la sueur de mon front, mon sang ne fit qu’un tour. Cette arme portait l’inscription O IX et si quelqu’un était indigne de la porter, c’était bien celui qui la détenait.
    —    Tu n’ignores pas que Montfort a une dent contre toi depuis que tu lui as filé entre les doigts. Il voudra certainement s’assurer que je te garde au frais jusqu’à ce que vous puissiez avoir un tête-à-tête.
    Il tira Memento de son étui et fit mine de l’examiner, une moue d’approbation sur les lèvres. Puis il la rengaina.
    —

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