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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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maintenant, tout ce qu’on raconte dans ma famille au sujet de la protection de notre foi.
    Il s’ébroua comme un cheval impatient et se mit à marcher de long en large, les mains dans le dos. Ugolin me donna une chemise propre et je la revêtis en faisant attention à mes côtes.
    —    Donc, si je comprends bien ton histoire, c’est le comte de Toulouse qui s’est emparé du message que tu attendais ? continua le jeune Foix.
    —    Exactement.
    —    Ce vieux ruffian ne reculera devant rien pour assurer la sécurité de ses terres. Pour lui, un document désiré par Montfort et Amaury est un avantage inespéré qui lui tombe du ciel. Ah ! Je me doutais bien qu’il traitait secrètement avec Montfort pendant que ce sauvage nous assiégeait ! gronda-t-il en frappant un poing rageur dans le creux de sa main. Il mériterait d’être pendu haut et court ! Et tu sais le pire ?
    —    Quoi ?
    —    Alors même qu’il essaie de se gagner les faveurs des croisés, il monte une armée pour les affronter d’ici la fin de septembre. Depuis quelques jours, ses messagers parcourent tout le pays à la recherche d’alliances. Il a même approché mon père, le bougre.
    —    Et qu’a-t-il répondu ?
    —    Raymond Roger voit loin. S’il faut s’allier provisoirement avec le diable lui-même pour vaincre les croisés, il le fera. Plus l’armée sera nombreuse, plus ses chances seront bonnes. Il sera toujours temps ensuite de régler les comptes.
    Je me levai et fis quelques moulinets prudents avec mes bras. Mes côtes étaient fort sensibles, mais les bandages de Pernelle les tenaient fermement en place. Si j’étais loin de la grande forme, je pourrais cependant fonctionner pour un temps.
    —    Le comte est parti voilà quelques heures tout au plus pour remettre le message, dis-je. En me pressant, je peux encore le rejoindre. Tu sais où se trouve Montfort en ce moment ?
    —    Aux dernières nouvelles, son camp était établi aux environs de Saint-Martin-Lalande, non loin de Castelnaudary.
    —    Alors c’est là que je dois me rendre.
    Je me plantai devant Roger Bernard.
    —    Si je t’ai dévoilé tout ceci, c’est que j’ai besoin de ton aide. Seul, j’échouerai.
    —    M’est avis que cette histoire me concerne. Le vieux filou a malementé ma petite sœur et se mêle des choses personnelles de ma famille. Et puis, une fois encore, il trahit notre cause. Je t’accompagne.
    —    Merci. Je t’en suis reconnaissant.
    Je me tournai vers Ugolin, qui se tenait un peu à l’écart, l’air penaud.
    —    J’aimerais aussi compter sur ton bras.
    Son visage s’éclaira comme celui d’un enfant qui venait de recevoir un présent longtemps désiré.
    —    Il t’est acquis et tu le sais, Gondemar. Je cours prendre mes armes !
    Il traversa la pièce et sortit. Je ramassai mon ceinturon et le bouclai en regardant dédaigneusement l’épée dont j’étais affublé. Non seulement je devais reprendre le message au comte, mais il était hors de question que je lui laisse Memento.
    —    Bon, allons-y.
    —    Et moi ? fit Pernelle.
    —    Tu restes ici, répliquai-je avec fermeté. Prends soin de Cécile. Et cette fois-ci, ne t’avise pas de me suivre.
    Sans rien ajouter, je sortis avec Roger Bernard. J’avais pleinement conscience qu’une fois encore j’utilisais ceux qui m’étaient fidèles à mon propre avantage. Mais pouvais-je leur dire qu’il en allait du salut de mon âme ? Au-delà des Neuf, des Foix, des anciennes familles et du Cancellarius Maximus, j’étais l’ultime responsable de la protection de la Vérité et sa seconde part menaçait de tomber entre les mains ennemies avant que je ne découvre où elle était conservée. Dans un an ou dans cinquante, Montségur tomberait et la première part finirait par subir le même sort. Les parchemins seraient détruits par le pape et la supercherie régnerait sur les âmes. Je ne doutais pas que les cathares seraient vaincus et effacés de la surface de la terre. Mon seul espoir était d’arriver à préserver les bases de leur foi.
    Quinze minutes plus tard, nous étions en route. Je tablais sur le fait que le comte de Toulouse devait être discret et qu’il n’était certainement pas parti avec un escadron. Une petite force de frappe m’apparaissait donc suffisante. En cas d’affrontement, cette approche aurait l’avantage de ne pas répandre la rumeur d’une guerre

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