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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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la demeure

Chapitre 5 Soupçons
    Tous les membres de l’Ordre des Neuf, anciens et nouveaux, restèrent figés devant la cassette vide, la mine stupéfaite. Les documents contenus dans la cassette étaient la raison même de l’existence de l’Ordre. Sans eux, il n’était rien d’autre qu’une coquille vide. Ce temple secret avait été aménagé pour assurer leur sécurité. Ils ne pouvaient pas ne pas être là. Sans la preuve irréfutable qu’ils constituaient, le mensonge érigé depuis mille ans par l’Église devenait vérité. Leur disparition était inconcevable.
    Mais cela n’était rien en comparaison de mon propre sentiment. J’avais été ramené de l’enfer pour une seule et unique raison : protéger la Vérité. Sans elle, ma damnation était inévitable. Et imminente, sans doute. Le sentiment de désespoir profond qui m’avait envahi pendant mon séjour chez les damnés revint avec presque autant d’intensité. Ma bouche se dessécha et j’essayai sans succès de déglutir. Mon cœur s’emporta, ma respiration s’accéléra et je sentis une terrible panique monter en moi. Après tant d’efforts et de tourments, tant de pertes et de sacrifices, mon âme était perdue. Tu devras protéger la Vérité et l’empêcher d’être détruite par ses ennemis jusqu’au moment où l’humanité sera prête à la recevoir, avait déclaré Métatron. J’avais échoué. La cassette vide sur l’autel en était la preuve cruelle et irréfutable. Je m’attendais à être projeté d’un instant à l’autre dans la désolation infinie et glaciale, seul avec mon désespoir, pour y passer l’éternité.
    Ravier fut le premier à réagir et cela était tout à son honneur. Il se dégagea de mon étreinte, saisit la cassette, la retourna et la secoua énergiquement, comme si ce geste futile avait pu en faire se matérialiser le contenu disparu. Puis, résigné, il la reposa doucement sur l’autel, les mains agitées par un violent tremblement. Médusé, Ugolin regardait les autres à tour de rôle sans comprendre la nature du drame qui se déroulait sous ses yeux.
    Ébranlé, le Magister retourna vers son fauteuil d’un pas hésitant et s’y laissa tomber, le visage défait et le regard perdu. Nous en fîmes autant, Eudes secouant sa torpeur pour reconduire Ugolin à l’ancienne place de Montbard, qui était maintenant la sienne. Le géant s’assit et Ravier le toisa.
    —    Mon frère, dit-il, atterré, pour la première fois depuis que notre Ordre existe, j’ai bien peur qu’une initiation doive être interrompue. Je t’en demande pardon.
    Il porta les yeux sur le reste de l’assistance et inspira profondément pour reprendre la maîtrise de lui-même.
    —    Mes frères et sœurs, s’écria-t-il d’une voix qui avait retrouvé un peu de sa force et de son autorité, il y a alarme dans le temple ! La Vérité nous a été volée.
    Eudes parla le premier.
    —    Comment est-ce possible ? s’interrogea-t-il à haute voix. Nous seuls connaissons l’existence du temple.
    —    Alors, il se trouve forcément un traître parmi nous, affirma Jaume en promenant son regard sur l’assistance.
    —    Tu sais comme moi qu’il est formellement interdit de pénétrer dans le temple sans que le Magister ait convoqué une assemblée. Tu connais aussi la pénalité pour toute transgression.
    Embarrassé, je levai la main pour attirer l’attention. De la tête, Ravier me donna la parole.
    —    De quelle pénalité parle-t-on ? intervins-je.
    —    Tu ne peux être blâmé de ton ignorance. Tu n’es pas encore familier avec tous nos us, déclara-t-il. Sache donc que seul le Magister est autorisé à se trouver seul en présence de la Vérité.
    L’infiltration de l’Ordre par un espion étant toujours chose possible malgré nos précautions, c’est l’unique manière d’assurer son entière sécurité. Souviens-toi de ton obligation, sire Gondemar : Je m’engage à ne les point révéler et à empêcher tout frère ou sœur de le faire, y compris le Magister de l’Ordre, s’il est en mon pouvoir de l’en empêcher, et en le tuant s’il le faut. Il en découle que toute transgression à cette règle est punie par la mort.
    Je demeurai sans voix, réalisant soudain à quel point la défense de la Vérité était chose sérieuse. Chacun des Neuf était prêt à donner sa vie pour elle. Mieux encore : l’Ordre était structuré de telle façon que chaque membre

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