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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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s’adressa d’abord à dame Esclarmonde.
    —    Le temple est-il bien couvert ?
    —    Il l’est, Magister.
    Il s’adressa ensuite à Eudes, qui lui faisait face de l’autre côté de la pièce.
    —    Sire Eudes, quel est notre devoir ?
    —    Nous avons juré de protéger la Vérité, Magister.
    Ravier regarda Jaume, qui était assis devant le mur à sa gauche.
    —    Quel prix acceptons-nous de payer s’il le faut ?
    —    Celui de notre vie, sachant qu’en la sacrifiant, nous retournerons vers la Lumière divine, Magister.
    Le vieux templier se leva à son tour et frappa un nouveau coup de maillet.
    —    Mes sœurs et frères, notre mission sacrée nous étant ainsi rappelée, répétons ensemble l’obligation que nous avons prise afin qu’elle soit toujours fraîche à notre mémoire et qu’elle guide nos actions.
    Il tira son épée et la brandit, le bras tendu devant lui. Tous les frères combattants l’imitèrent, les Parfaites gardant la main sur le cœur. Je dégainai fièrement Memento. Tous récitèrent en chœur l’engagement qu’ils avaient pris lors de leur acceptation dans l’Ordre. Je fis de mon mieux pour me rappeler chaque mot, mais n’arrivai qu’à bafouiller.
    —    Je promets et je jure sur mon honneur et sur ma conscience de garder les secrets de l’Ordre des Neuf. Je m’engage à ne les point révéler et à empêcher tout frère ou sœur de le faire, y compris le Magister de l’Ordre, s’il est en mon pouvoir de l’en empêcher, et en le tuant s’il le faut. Je m’engage en outre à les défendre au prix de ma vie, à leur consacrer mon existence entière et à les emporter dans la tombe. Je jure enfin d’obéir en tout au Magister de l’Ordre, sans jamais contester les ordres donnés sous l’abacus, et de ne sortir de Montségur que sur son ordre exprès ou si l’urgence de la situation le justifie.
    Ravier remit son arme au fourreau, se rassit et frappa un coup de maillet. Les autres l’imitèrent. Lorsque tous furent en place, le Magister empoigna l’abacus et reprit la parole.
    —    Mes frères, mes sœurs, nous sommes réunis ce soir, car une triste circonstance exige une réponse immédiate de notre part. Comme vous le savez tous, depuis sa fondation par notre frère Hugues de Payns, notre Ordre se compose de neuf membres commandés par un Magister. Une seule fois avons-nous accepté de n’être que huit, et c’était uniquement dans l’espoir de réparer l’injustice subie par notre frère Bertrand de Montbard.
    Ravier fit une pause et inspira profondément, visiblement torturé. Il frotta son visage raviné et lissa sa barbe.
    —    Par contre, jamais n’avons-nous gardé en notre sein un éclopé, reprit-il d’un ton désolé. Notre mission est plus importante que chacun d’entre nous et celui qui n’est plus en mesure de défendre la Vérité doit céder sa place, quelle que soit sa valeur. Or, Dieu a voulu que notre frère Bertrand perde une jambe voilà quelques semaines. Aussi triste que cela soit, il se trouve désormais incapable de remplir sa tâche. Plus que jamais en ces temps de grand péril, il doit donc être remplacé dans le respect de notre coutume.
    Avec tristesse, je lorgnai le fauteuil vide qu’aurait dû occuper Bertrand de Montbard, dont le manteau était resté drapé sur le dossier. Ravier ferma les yeux, visiblement torturé, lui aussi. Je connaissais assez cet homme pour savoir qu’il n’envisageait pas ce qu’il venait de dire avec le cœur léger.
    —    Je propose que lui soit substitué dès ce soir un homme valide. Manifestez votre accord ou votre désaccord de la manière traditionnelle.
    Il fit un signe de tête à Daufina, qui se leva et prit une petite boîte. La Parfaite fit solennellement le tour du temple et distribua à chacun d’entre nous deux billes en bois : une blanche et une noire.
    —    La règle est claire, déclara Ravier : la Lumière accepte et les Ténèbres rejettent. Une bille noire suffit à refuser la proposition.
    Daufina refit le tour du temple en tendant la boîte et chaque membre y déposa une bille. Lorsque mon tour arriva, j’y laissai tomber à regret la blanche, sachant que la chose devait être faite et que Montbard lui-même en avait conscience. J’avais l’âme en miettes de remplacer mon maître, admettant ainsi qu’il était devenu inutile, mais je me raisonnais en me disant qu’il aurait fait de même sans

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