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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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notre dernière rencontre, quelqu’un a-t-il été autorisé à descendre dans le temple ?
    —    Jamais je n’aurais permis qu’on y vienne autrement que pour une assemblée dûment convoquée par les mots sacrés, protesta Véran. Vous le savez bien ! L’usage à ce sujet est clair. Vous êtes le seul à pouvoir y venir librement.
    —    Je te sais consciencieux, mon frère. Mais au vu de la situation, toutes les questions doivent être posées.
    Ravier se tourna vers Eudes.
    —    Sire Eudes, qu’en est-il des allées et venues à Montségur ?
    —    Lorsque nous sommes arrivés de Quéribus, tous les Parfaits qui avaient pu fuir les autres villes étaient déjà sur place, à l’exception du groupe accompagné par notre frère Ugolin et dame Pernelle. Depuis, personne n’est sorti de la forteresse, maître. Le seul à y avoir pénétré a été le messager en provenance de Toulouse.
    —    Est-il toujours ici ?
    —    Oui.
    —    Alors qu’il ne sorte sous aucun prétexte jusqu’à nouvel ordre.
    —    Entendu, maître. J’en donnerai l’ordre dès que notre conseil sera terminé.
    Ravier se tapota distraitement la lèvre supérieure de son index.
    —    Donc, selon toute vraisemblance, les parchemins peuvent avoir été volés n’importe quand depuis septembre. Cela fait cinq mois. Mais ils se trouvent toujours à l’intérieur des murailles.
    —    Pas nécessairement, intervint Raynal qui ne lâchait pas son os. Il est peut-être établi que personne n’est entré dans la forteresse ni n’en est sorti, mais il y a d’autres moyens de faire passer à l’extérieur quelque chose d’aussi petit que trois parchemins.
    Le Magister arqua le sourcil, l’invitant ainsi à poursuivre.
    —    Tout le monde sait que Gondemar a passé des nuits entières seul sur la muraille, cracha Raynal.
    —    Tu m’espionnais ? demandai-je, outré. Belle confiance entre frères !
    —    Nous avons tous cru que, comme chrétien, il était ébranlé par ce qu’il avait appris et qu’il avait besoin de solitude, poursuivit Raynal sans tenir compte de moi. Mais songez-y un instant. Peut-être cet isolement faisait-il son affaire ? Peut-être attendait-il le signal d’un complice à l’extérieur pour lui transmettre les documents ? Il aurait été facile de les enfermer dans une sacoche bien lestée pour la lancer en bas, où quelqu’un l’aurait récupérée.
    —    Si Gondemar était à la solde des croisés, pourquoi aurait-il fait passer les parchemins à l’extérieur plutôt que de les détruire ? intervint Daufina. Allons donc, réfléchis avant de dire des âneries.
    —    Pour qu’ils soient authentifiés ? suggéra Raynal. Pour que les agents du pape soient certains d’avoir brûlé les bons ? Pour se faire payer ? Que sais-je ? Ce n’est pas moi, le traître ! Demande à Gondemar !
    N’en pouvant plus de voir ainsi mon honneur mis en doute, je bondis de mon fauteuil et tirai mon épée. Raynal en fit autant.
    —    Espèce de Sarrasin de carnaval ! Je te ferai ravaler tes paroles ! Si tu pouvais seulement savoir ce que j’ai vécu pour me retrouver ici ! Sais-tu même qu’un agent du légat a tenté de m’assassiner voilà quelques mois, alors que je venais à peine d’arriver ? Et Montbard de même ! Pourquoi Amaury aurait-il voulu notre mort s’il nous avait confié la tâche de lui rapporter les documents ?
    Raynal, surpris de cette révélation, consulta Ravier du regard. D’un hochement de la tête, le Magister lui en confirma la véracité.
    —    Pour t’empêcher de confesser ton crime ? me rétorqua l’autre, qui semblait posséder réponse à tout.
    —    Suffit ! s’écria à nouveau Ravier. Assieds-toi, Gondemar ! Toi aussi, Raynal. Maintenant !
    À contrecœur, je rengainai Memento et obéis, le visage brûlant de rage, mon pouls battant dans mes tempes.
    —    Dans ce temple, tous peuvent exprimer leurs opinions librement, mais avec respect. Il en a toujours été ainsi. Sire Raynal, s’il se laisse emporter, ne fait qu’essayer de comprendre ce qui s’est passé, comme nous tous.
    —    En m’accusant !
    —    Il émet une hypothèse.
    Esclarmonde se leva avec dignité et pointa l’autel, plus émue que je ne l’avais jamais vue.
    —    J’ai déjà dit ce que je pensais de Bertrand de Montbard. Quant à Gondemar, je l’ai vu de mes yeux risquer sa vie pour protéger cette

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