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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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cassette et la rapporter alors qu’elle était entre les mains des croisés, rappela-t-elle à nouveau. Nos frères Eudes et Raynal étaient présents, eux aussi.
    —    Justement ! s’écria ce dernier. Qui nous dit que Drogon n’a pas été éliminé pour faire une place à Gondemar ?
    —    Il n’y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir, Raynal ! s’enragea soudain Esclarmonde. Gondemar avait déjà la cassette ! Il n’avait qu’à s’enfuir avec ! Mais il me l’a rapportée. Puis, en chemin, je l’ai vu délivrer au péril de sa vie des Parfaits que l’on torturait et les mener jusqu’ici. Il a combattu Montfort et ses hommes chaque fois qu’il a pu. Tout le monde dans le Sud connaît ses exploits. Utilise la cervelle que Dieu t’a donnée et réfléchis ! S’il avait été de mèche avec Amaury, aurait-il agi ainsi ?
    —    Je, je suppose que non, grommela enfin Raynal, défait.
    Esclarmonde se retourna vers Ravier.
    —    J’ai répondu de sire Gondemar de Rossal lors de son initiation et je persiste, maître. Si les intentions qu’on lui prête s’avèrent vraies, je quitterai l’Ordre de mon propre chef et j’accepterai de bon gré que l’on me fasse taire comme l’exige la tradition.
    Je me demandai un moment ce qu’elle entendait par là, mais la discussion se poursuivait et je ne pouvais me permettre de laisser errer mon attention.
    —    Cela me suffit, affirma Ravier. Raynal a émis de bon droit ses opinions. Elles ont été entendues et réfutées. Qu’il n’en soit plus fait mention.
    Il frappa un coup de maillet qui se répercuta dans le temple, puis se tourna vers Véran.
    —    Mon frère, vois immédiatement à ce que les portes de la forteresse soient fermées en permanence. Personne ne doit entrer ni sortir jusqu’à ce que nous ayons retrouvé les parchemins. À compter de cette minute, tout doit se dérouler intra muros 5 . J’en ferai moi-même l’annonce à Raymond de Péreille.
    —    Bien, maître.
    Je notai avec intérêt que le Magister des Neuf semblait tenir pour acquis qu’il était en droit de donner des ordres au seigneur de Montségur. De toute évidence, l’Ordre pesait lourd dans la hiérarchie de l’endroit. Véran se leva d’un bond, salua Ravier au passage et sortit.
    —    Mes frères et sœurs, reprit le vieux templier au faciès tiré par le désarroi, point n’est besoin de dire que la Vérité doit être retrouvée à tout prix. Bien entendu, il en restera toujours l’autre part, qui est conservée ailleurs, dans un endroit que nous ignorons fort heureusement et que, par conséquent, nous ne pourrons jamais révéler. Toutefois, notre tâche est d’assurer la protection de la part que nous détenons et, par Dieu, que je sois maudit entre tous si c’est sous mon règne qu’elle disparaît ! Dès ce soir, enquêtez discrètement, mais sans relâche. Tous les habitants de Montségur doivent être soupçonnés, sans exception. Retournez chaque pierre de la forteresse s’il le faut. Dès que l’un de vous apprend quelque chose, qu’il convoque un conseil pour le soir même à l’aide des mots sacrés.
    Ravier se tourna vers moi.
    —    Bien, maître, répondis-je en me demandant par où j’allais pouvoir commencer.
    —    Sire Eudes, dame Peirina, dit le vieux templier en brandissant l’abacus dans leur direction, vous avez une tâche ingrate à accomplir cette nuit même. Veillez à ne laisser aucune trace. Les affaires de l’Ordre doivent rester inconnues de tous.
    Dans le coin de la pièce, Daufina avait le visage défait et ses lèvres tremblaient. Je me demandai ce qui pouvait bien encore se passer qui m’était inconnu.
    —    Il doit y avoir une autre façon, fit Esclarmonde, l’air harassé.
    Ravier leva la main pour la faire taire.
    —    Ce qui doit être fait doit être fait, ma sœur. Tu le sais aussi bien que moi. La Vérité a son prix.
    Même dans la pénombre du temple, je vis Eudes secouer lentement la tête, dépité.
    —    Bien, maître, répondit-il d’une voix faible en baissant les yeux. Il en sera fait selon votre volonté.
    —    Véran ? Qui est de garde dans le donjon ce soir ?
    —    Sire Eudes, maître.
    Ravier adressa à Eudes, puis à Peirina, un regard furtif. La Parfaite était raide comme une lance. Les lèvres pincées, elle regardait fixement devant elle. Ravier frappa trois coups de maillet et nous nous levâmes, la main sur le

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