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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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et glissa vers le sol, assommé. Je me retournais tout juste lorsque je réalisai que Montbard s’était affalé sur le côté et allait rouler dans l’ouverture béante. Je fermai les doigts sur sa chemise juste avant qu’il ne tombe. Ugolin vint me rejoindre et nous le remontâmes pour l’allonger sur les dalles froides. Derrière nous, un grognement m’indiqua qu’Eudes revenait déjà à lui.
    —    Surveille-le, ordonnai-je.
    Le colosse de Minerve ne se fit pas prier. Il lui plaqua rudement le dos au sol et appuya son genou de tout son poids au creux de sa poitrine. Puis il retira sa dague ensanglantée de son épaule, libérant un flot de sang qui mouilla la tunique du templier, et la lui posa sur la gorge, déterminé à l’enfoncer au moindre mouvement.
    Pour ma part, je m’occupai de mon maître. Il était pâle comme la mort et avait une bosse de la taille d’un œuf sur la tempe droite. Je lui tapotai les joues pour le réveiller. Il ouvrit les yeux et me regarda, hébété.
    —    Tout va bien, dis-je. Nous sommes arrivés juste à temps. Que s’est-il passé ?
    Montbard se tâta la tête et grimaça en trouvant la bosse qui gonflait à vue d’œil.
    —    Je. Tudieu. Eudes. Il m’a dit que j’étais convoqué
    par. Ravier et que je devais venir tout de suite. Cette chiure. a essayé de me tuer. J’ai bien tenté de résister, mais je ne comprenais plus rien. Eudes avait tenté d’assassiner Montbard. Une telle chose était inconcevable. Tous deux étaient membres des Neuf. Ils avaient prononcé le même serment. Eudes était-il le traître que nous cherchions ? Sans le savoir, avais-je mis la main au collet de celui qui avait volé les parchemins ?
    —    Mais. mais. balbutiai-je. Pourquoi ?
    —    Parce que je le lui ai ordonné, dit une voix lasse et faible derrière moi. Et ce n’était pas de gaieté de cœur, crois-moi.
    Je sursautai et me retournai, poignard en main, prêt à tuer pour défendre mon maître. Je restai figé sur place. Dans l’embrasure de la porte du temple se tenait sire Ravier.
    Bouche bée, je dévisageai le Magister.
    —    Tu as bien entendu, sire Gondemar, dit le vieux templier, qui lut sans doute le désarroi sur mon visage. C’est moi qui ai décrété la mort de sire Bertrand. Eudes ne faisait qu’obéir aux ordres, comme il y est tenu par son serment.
    Il fit un pas vers l’avant, mais je me relevai et brandis mon arme.
    —    Un pas de plus et ce n’est pas Montbard qui sera égorgé cette nuit, menaçai-je.
    Pour bien appuyer mes dires, Ugolin pressa sa lame un peu plus fort contre la gorge d’Eudes, qui était maintenant tout à fait revenu à lui. Il releva le sourcil à l’intention de Ravier pour bien montrer que son sérieux équivalait au mien.
    —    Ce n’est pas ce que tu crois, plaida le vieux templier.
    —    J’ai des yeux pour voir, rétorquai-je sèchement.
    —    Laisse-moi t’expliquer. Tu comprendras.
    D’une main qui tremblait un peu, le Magister désigna de la main le fauteuil le plus proche de l’entrée. Son visage était ravagé de fatigue et il semblait sur le point de s’effondrer.
    —    Puis-je m’asseoir ? Je me fais trop vieux pour toutes ces émotions.
    J’acquiesçai de la tête sans le quitter des yeux ni baisser ma garde. Il se laissa choir lourdement sur le siège, ferma les yeux et inspira avec lassitude.
    —    Sire Gondemar, tu es encore bien jeune au sein de notre Ordre, reprit-il sur un ton qui trahissait son épuisement. Les choses se sont bousculées avant que tu aies eu le temps d’en apprendre les traditions. Or, l’une d’elles veut que nul ne soit autorisé à quitter l’Ordre en emportant ses secrets.
    —    C’est-à-dire ?
    —    On y entre à la vie, à la mort, mon frère. Souviens-toi de ce que chacun des membres déclare à la fin de chaque assemblée : Que notre gorge soit tranchée si nous disons mot.
    —    Et alors ?
    —    Hors de l’Ordre, un estropié, même fidèle, devient un risque. Le maillon faible de la chaîne, en quelque sorte. Il peut toujours être corrompu, ou simplement devenir sénile et oublier de tenir sa langue. Son silence doit être assuré.
    —    En lui tranchant la gorge ?
    Ravier hocha tristement la tête.
    —    La protection de la Vérité a préséance sur tout le reste, y compris sur la vie de ceux qui l’assurent. Pour qui sait l’entendre, tout cela est dit dans

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