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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Elle arqua les sourcils de surprise.
    —    Quoi ?
    —    De l’eau, ordonna-t-elle.
    Sire Ravier secoua sa torpeur et se dirigea vers l’abreuvoir en bois. Il ramassa une chaudière vide, y puisa de l’eau et la ramena à mon amie.
    —    Lavez-lui le dos.
    Interdit, le vieux templier déversa le contenu de la chaudière sur le dos du cadavre, rinçant le sang frais qui le couvrait. Pernelle attendit que la peau s’égoutte un peu et se mit à la tâter des doigts. Je me penchai et compris aussitôt ce qui avait retenu son attention. Le dos d’Eiquem était couvert d’épaisses stries rouges qui se croisaient dans tous les sens.
    —    Dépose-le et retire-lui ses braies. Ses chausses aussi.
    J’obéis et dénudai le mort. Pernelle s’accroupit près de lui et, à mon étonnement, se mit à lui examiner l’estoc flasque, puis à lui palper les génitoires. Satisfaite, elle lui tâta les tibias et les chevilles, faisant tourner les pieds vers l’intérieur puis vers l’extérieur.
    —    Cet homme a récemment été fouetté, décréta-t-elle. Les marques sur son dos sont encore fraîches. On lui a aussi brûlé les génitoires au fer rouge et on lui a écrasé les jambes. Avec des brodequins, sans doute. Vois comme les os de ses chevilles ont éclaté sous la pression. Ils ont eu le temps de reprendre, mais il devait avoir un mal de chien à marcher, le pauvre.
    Je me souvins de la grimace qu’Eiquem avait faite en se levant pour me dire au revoir et saisis soudain ce qu’elle signifiait.
    —    Merci, dame Pernelle, fit Ravier, qui semblait avoir repris le contrôle de lui-même. Ce sera tout. Tu peux retourner dormir.
    Mon amie parut étonnée d’être si sèchement éconduite. Elle nous toisa, Montbard et moi.
    —    Très bien, dit-elle, visiblement perplexe. Si c’est ce que vous souhaitez.
    Ravier ne répondit rien. Pour ma part, je me sentais mal à l’aise de la tenir ainsi à l’écart, mais les exigences de l’Ordre des Neuf étaient telles. Je la regardai sortir de l’étable sans se retourner et Ugolin referma derrière elle. Je pris une couverture pliée sur la paroi d’une stalle et dont on couvrait habituellement les chevaux avant de les seller. Je la drapai sur le cadavre et fis signe au Minervois de s’approcher, ce qu’il fit en jetant un regard circonspect sur le mort. Ravier lui résuma ce que Pernelle nous avait appris.
    —    Il a été torturé, grommela Montbard. Vous réalisez ce que cela signifie ?
    —    Qu’il a été contraint à passer dans l’autre camp, complétai-je. Qu’il était à la solde des croisés.
    —    Ce coquin d’Amaury ne reculerait pas devant de telles mesures, dit Ravier.
    —    Sous couvert de livrer des nouvelles, il avait sans doute pour mission de prendre livraison des parchemins, suggéra Montbard.
    —    Tudieu ! Où est son cheval ? m’enquis-je en relevant brusquement la tête.
    Ravier me désigna une bête encore sellée dans une autre stalle. Je m’élançai dans cette direction, pénétrai dans la stalle et fouillai frénétiquement les sacoches. J’en sortis quelques vêtements, un saucisson, un fromage, du lard, une miche de pain, une gourde pleine, une pierre à feu et une dague. Mais je n’y trouvai aucun parchemin.
    —    Une chose est sûre : il ne prévoyait pas revenir, déclarai-je, déçu, en sortant de la stalle. Il avait des provisions pour une longue route.
    —    Mais il s’en allait sans emporter ce qu’il était venu chercher, ajouta Ugolin.
    —    Lorsque je lui ai parlé, il semblait tourmenté. Peut-être qu’il essayait de fuir et que celui qui détient les parchemins l’a occis pour ne pas être trahi.
    —    Et s’il avait volé le voleur et que ce dernier lui ait simplement repris son butin ? suggéra Montbard.
    —    Quoi qu’il en soit, cela nous confirme que la Vérité se trouve probablement toujours dans les murs de Montségur, conclut Ravier.
    L’assassinat d’Eiquem corroborait maintes choses. D’abord, comme le concluait le Magister, que le traître se trouvait vraisemblablement toujours dans la forteresse avec les parchemins. Ensuite, qu’Amaury, s’il était vraiment derrière tout cela, n’avait pas renoncé à s’emparer de la Vérité et qu’il était à un cheveu d’y parvenir. Et enfin, que le temps pressait, car les croisés finiraient par trouver un moyen de faire sortir les documents de Montségur.
    —

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