Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
inaudible, les yeux rivés sur le sol. Le meurtre, même justifié, est contraire à mes convictions.
    Je continuai ma ronde, jouissant malgré les circonstances de l’effet qu’elle semblait avoir.
    —    Il en va de même pour toi, Eudes, qui ne t’es pas caché du dégoût que tu éprouvais à exécuter cet ordre et qui as été jusqu’à demander le pardon de sire Bertrand. Dame Esclarmonde, le fait que vous ayez conservé si longtemps la cassette vous innocente d’emblée. Vous auriez eu amplement l’occasion de vous en approprier le contenu si tel avait été votre désir et vous ne l’avez pas fait. Jaume, je sais de bonne source que tu as mené ta propre enquête pour retrouver la Vérité. Certes, tu aurais pu agir ainsi pour brouiller les pistes, mais comme je ne dispose d’aucune information qui me conduirait à te soupçonner, je t’accorde le bénéfice du doute dans l’immédiat. Quant à notre Magister, dis-je en me retournant vers Ravier, je ne peux tout simplement pas l’imaginer volant la Vérité dont il a la charge. Il a consacré sa vie à sa protection et, malheureusement, le voilà en passe de comparaître devant son Créateur. Il ne serait pas en état de la voler même s’il le souhaitait.
    Je dévisageai gravement un à un tous les membres de l’assemblée.
    —    Je peux avoir tort, mais dans l’état actuel des choses, telles sont mes conclusions.
    Je m’immobilisai devant Raynal et le fixai longuement avant de parler, savourant son malaise et la rage contenue qui brillaient dans ses yeux et qui tendaient tout son corps comme une corde de luth.
    —    Restent donc Raynal, Daufina et Véran, déclarai-je.
    Je vis Raynal se raidir et porter subrepticement la main à son épée, prêt à défendre son honneur. Je levai la main pour le rasséréner.
    —    Ne prends pas la mouche. Crois-moi, je te rends au centuple le mépris et l’inimitié que tu me portes, mais le fait d’être détestable ne fait pas de toi un traître pour autant. Un homme qui risque la mort pour extirper la confession de celui qu’il suspecte, comme tu l’as fait avec moi, ne peut être coupable d’autre chose que d’une promptitude telle qu’il pense avec ses tripes. Mais sache que si nous retrouvons la Vérité et que tu la défends avec la maladresse dont tu as fait preuve devant moi, il vaudrait mieux que ce soit ta gorge qu’on tranche sans tarder pour te remplacer par un homme plus doué.
    À la fois insulté et disculpé, Raynal parut indécis quant à la réaction qu’il devait avoir. Il fit mine de se lever, hésita puis se rassit, les naseaux dilatés comme un taureau enragé et le visage cramoisi. Je ne lui accordai pas plus d’attention. Il ne le méritait pas. Le moment tant attendu approchait et il n’y serait pas impliqué. Dans quelques instants, si tout se passait bien, je saurais qui avait volé la Vérité.
    —    Ce qui ne nous laisse que deux suspects, dis-je.
    Je contournai l’autel et me rendis devant Véran pour lui faire face.
    —    Dis-moi, que faisais-tu sur la muraille, des documents à la main, alors que tu n’étais pas autorisé à prendre un tour de garde ? lui demandai-je sans ambages. Tentais-tu par hasard de faire passer la Vérité à l’extérieur de la forteresse ?
    Le templier soutint mon regard sans sourciller.
    —    Un tour sur la muraille et un document dans la main ? C’est tout ce que tu as pour me soupçonner ? demanda-t-il d’une voix égale.
    —    Réponds-moi et nous verrons bien ce que cela vaut.
    —    Je suis allé sur la muraille, c’est vrai, admit-il en faisant une moue indifférente. Comme toi, Montbard et Esclarmonde, d’ailleurs. J’avais besoin de solitude. Un sentiment que tu peux comprendre, je crois. Je tenais un document, je ne m’en cache pas non plus.
    Véran passa la main dans sa chemise et en ressortit un parchemin plié en quatre qui avait beaucoup souffert.
    —    Le voici. Tu constateras qu’il y en a un seul, et non pas trois. De plus, s’il s’agissait de la Vérité, il me semble que je ne le porterais pas imprudemment sur ma personne.
    Il remit le document dans sa chemise et me regarda sereinement, sans le moindre défi. Au contraire, je crus lire dans ses yeux une tristesse infinie et de grands déchirements.
    —    En temps opportun, conclut-il, et s’il le souhaite, il reviendra à sire Ravier de révéler le contenu de cette missive à ceux qu’il choisira.

Weitere Kostenlose Bücher