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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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les forces mauvaises. C’est une vieille recette que je tiens des femmes de ma famille. J’espérais prolonger sa vie. En ces temps troublés, nous avons besoin de lui plus que jamais !
    —    La magie agit sur la matière et la matière a été créée par Satan ! cracha Esclarmonde. En t’y livrant, tu sais bien que tu fais le jeu du Mal. N’as-tu pas honte, toi, une Parfaite qui ne devrait penser qu’à retourner à la Lumière ? Comment peux-tu t’abaisser ainsi ? Le consolamentum que tu as reçu ne signifie-t-il donc rien ? Ne réalises-tu pas qu’à cause de cette faute, tu devras sans doute t’incarner à nouveau ?
    Ainsi admonestée, Daufina baissa les yeux, les joues empourprées.
    —    Je. je voulais bien faire, murmura-t-elle.
    —    Ma pauvre Daufina, se lamenta Ravier avec un filet de voix. L’Ordre a besoin d’un Magister énergique. Pas d’un mort vivant.
    —    Non, maître, protesta-t-elle. Vous devez vivre.
    La Parfaite darda furtivement son regard vers les pieds du maître. Elle se reprit immédiatement, consciente de son erreur, mais il était trop tard. Son geste ne m’avait pas échappé. D’un pas ferme, je traversai le temple, m’accroupis devant le Magister et me mis à tâtonner sous son fauteuil. Il ne me fallut qu’une seconde pour y trouver une amulette en tous points semblable à la première, que je brandis triomphalement. Cette fois, un grondement de colère et d’indignation parcourut le temple.
    —    Et cette amulette-ci ? m’écriai-je. S’est-elle retrouvée dans le temple par ta magie, espèce de sorcière ? Ou as-tu trouvé le moyen de t’y introduire en secret pour l’y déposer ?
    Tous les yeux, maintenant accusateurs, étaient rivés sur Daufina, dont les lèvres tremblaient. La Parfaite tenta de soutenir mon regard, mais les larmes qu’elle retenait depuis un moment déjà éclatèrent.
    —    Oui, je me suis introduite dans le temple ! sanglota-t-elle. Je m’en confesse !
    —    Comment as-tu fait ?
    —    J’ai drogué Eudes lorsqu’il montait la garde. J’ai trahi sa confiance. Mais c’était pour la bonne cause !
    Je toisai Eudes et constatai que le pauvre avait blanchi. L’air catastrophé, il passa ses doigts dans son épaisse tignasse.
    —    Mordieu, admit-il après un moment, sidéré. Je n’avais pas réalisé, mais. elle avait pris l’habitude de m’apporter du vin chaud bien épicé, parfois, lorsque j’étais de garde dans l’entrée du donjon. Elle disait que ça soulagerait la toux creuse qui me prend souvent dans cette pièce humide. Une fois, je me suis endormi, pour me réveiller une heure plus tard, la tête bien lourde. J’ai mis cela sur le compte de la fatigue. Je ne me suis pas méfié. Jamais je ne me serais douté. Foutre de Dieu ! Quel imbécile je suis !
    En colère, il abattit son poing sur le bras de son fauteuil, puis poignarda Daufina du regard.
    —    Je ne voulais que placer l’amulette sous le fauteuil du maître sans que personne ne le sache, plaida la Parfaite d’un ton où perçait le désespoir. Je n’ai jamais pris la Vérité ! Comment aurais-je pu ? Elle est enfermée dans la cassette et vous êtes trois à détenir les clés. J’aurais dû avouer ma faute quand les parchemins ont disparu, mais je. je ne pouvais pas. Qu’auraient pensé les autres en apprenant que je suis aussi sorcière, moi, une Parfaite ? Et puis, ma transgression, même bien intentionnée, aurait été sévèrement punie. J’ai été stupide, je le confesse. Mais je n’ai pas trahi l’Ordre, je le jure ! Ce que j’ai fait, je l’ai fait par fidélité !
    Je retraversai le temple et vins me planter à deux enjambées de la Parfaite. Sans prévenir, je lui lançai l’amulette que, par réflexe, elle attrapa. De la main gauche. Celle qu’avait utilisée le meurtrier d’Eiquem pour lui trancher la gorge. Le moment était venu de porter le coup de grâce. Je tirai de ma poche trois petites clés et les montrai à l’assistance. Si la chose était possible, Daufina blanchit encore davantage à leur vue. Ses sanglots s’étouffèrent net.
    —    Parlant de clés, j’ai trouvé celles-ci dans la cellule de notre sœur, que je me suis permis de fouiller avant notre rencontre, déclarai-je. Elles étaient bêtement fourrées dans sa paillasse.
    Je reportai mon attention sur l’accusée.
    —    Explique-moi, demandai-je, dégoulinant d’ironie, comment tu les as obtenues. Et

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