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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Mais sache que le fait de l’avoir en ma possession ne fait pas de moi un traître. Au contraire, il en appelle à ma plus profonde loyauté.
    Il adressa à Ravier un air résigné et ce dernier lui répondit par une moue désolée. Je fus pris de court. Puisque le Magister connaissait ce document, il ne pouvait pas s’agir de la Vérité, comme je l’avais soupçonné. Je ressentis un vague inconfort face à la complicité évidente entre les deux hommes. Je savais encore bien peu de choses de cet Ordre vers lequel Métatron avait guidé mes pas. Une fois encore, j’avais la preuve que s’y entrecroisaient des courants multiples. Si Ravier semblait me faire entière confiance pour retrouver les parchemins volés, il accordait de toute évidence, sur un autre plan, la même créance à la loyauté de Véran. Les secrets s’entremêlaient dans ce temple sans qu’aucun des Neuf ne les connaisse tous. Clairement, seul le Magister en maîtrisait l’enchevêtrement. Or, cet homme se mourait. Comment se transmettaient la direction de l’Ordre et les connaissances qu’elle impliquait ? Pour la première fois, je me posai cette question, qui revêtait une importance capitale.
    Décontenancé, je me tus. J’étais soulagé que Véran ne soit pas notre voleur, car j’éprouvais du respect pour cet homme droit comme un chêne, que rien ne semblait pouvoir ébranler. Je n’avais jamais voulu croire à sa culpabilité, mais je me devais de l’éprouver pour en avoir le cœur net. Au prix d’un léger affront, c’était maintenant chose faite et je pouvais passer à la suite des choses. Je me déplaçai vers Daufina, tout en jetant un regard à la dérobée vers Ravier, qui avait l’air désolé de m’avoir laissé me faire rabrouer ainsi devant l’assemblée.
    —    Quelle substance as-tu donnée à Ravier ? demandai-je à brûle-pourpoint à la Parfaite.
    —    Moi ? De la. de la belladone, balbutia-t-elle, prise de court par ma question.
    —    Et c’est rare, la belladone ?
    —    Assez, oui.
    —    Alors comment en as-tu obtenu ?
    —    Je. je connais quelqu’un qui.
    —    Et surtout, pourquoi en as-tu administré au Magister ?
    —    Il souffrait terriblement et je voulais le soulager. La belladone est très efficace.
    —    Mais elle peut aussi tuer ! Tu voulais l’empoisonner, oui ! l’accusai-je brusquement, l’index brandi vers elle.
    —    Mais pas du tout ! se défendit-elle, déstabilisée.
    —    Et comme si cela ne suffisait pas, tu l’as ensorcelé !
    Les yeux de Daufina s’écarquillèrent de surprise et elle eut un mouvement de recul qui la fit se raidir. Le pâlissement de son visage ne m’échappa pas.
    —    Moi ? Mais. mais.
    J’extirpai l’amulette de ma poche et la brandis sous son nez.
    —    Peux-tu m’expliquer ce qu’est ceci, dame Daufina ? m’enquis-je avec une feinte naïveté.
    À la vue de la patte de coq et de la branche de romarin liées par les cheveux de Ravier, la Parfaite ne put masquer sa stupéfaction et resta sans voix. Dans le temple, un sursaut collectif monta, suivi de quelques murmures effarés. Tous s’étaient rendu compte que je tenais une amulette et venaient de réaliser qu’une sorcière était à l’œuvre parmi eux. Satan s’était glissé dans le temple sans qu’ils le soupçonnent. Je pus lire un mélange de colère et de peur dans les yeux des guerriers aguerris, qui se savaient impuissants à lutter contre le pouvoir du Mal.
    —    Réponds ! insistai-je. Qu’est ceci ? Un quelconque charmement ? Tu dois bien le savoir puisque c’est toi qui l’as posé sous l’oreiller de Ravier !
    Elle pâlit et ses lèvres se mirent à frémir.
    —    Oui. avoua-t-elle faiblement en penchant la tête, abattue. J’ai fait cela.
    Un silence de tombe régnait dans le temple. Du coin de l’œil, j’aperçus plusieurs des Neuf s’avancer sur le bout de leur fauteuil, tendus.
    —    Pourquoi souhaites-tu la mort du maître des Neuf ? crachai-je. Pour décapiter l’Ordre et rendre ainsi la vie plus facile à Amaury et à Montfort ?
    Daufina releva la tête, étonnée. Ses yeux étaient humides et son visage, défait.
    —    Tu accuses facilement, mais tu ne comprends rien à rien, Gondemar, plaida-t-elle. Je ne cherchais pas à lui nuire, mais à le protéger. Il est malade. Les Parfaits ne peuvent plus rien pour lui. J’ai placé cette amulette sous son oreiller pour repousser

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