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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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surtout, à quelles fins.
    —    Mais. mais. elles ne sont pas à moi ! s’écria-t-elle. Je ne les ai jamais vues de ma vie ! Que je sois incarnée mille fois en crapaud si je mens.
    Je ne lui accordai pas la moindre attention.
    —    Comme de juste, dis-je, il s’agit de copies, puisque celle dont je suis responsable n’a jamais quitté mon cou depuis qu’on me l’a confiée.
    Pour appuyer mes dires, je tirai la clé de ma chemise et l’exhibai à l’assistance.
    —    Je présume que vous détenez aussi la vôtre, mes frères ? m’enquis-je auprès d’Eudes et de Raynal.
    Les deux templiers s’empressèrent de fouiller leurs vêtements pour en faire autant et démontrer leur innocence. Je me dirigeai vers l’autel, saluant le Magister au passage d’une main sur le cœur, et me plaçai devant la cassette.
    —    Eudes, Raynal, veuillez me rejoindre.
    Ils se levèrent, saluèrent à leur tour et prirent place à mes côtés.
    —    Maître, je désire ouvrir la cassette. Puis-je procéder ? m’enquis-je.
    Livide, Ravier comprit où je voulais en venir et hocha affirmativement la tête. Je comparai d’abord ma clé avec les trois contrefaites pour identifier sa jumelle. Puis je procédai de même manière avec celles de Raynal et d’Eudes. Lorsque nous eûmes chacun notre copie, nous les introduisîmes dans la serrure correspondante, comme nous l’avions fait le soir de mon initiation. Les clés étaient grossières et tournaient mal, mais les déclics finirent par retentir dans le silence tendu qui était tombé sur le temple. Puis je relevai le couvercle de la cassette pour bien démontrer que les copies l’ouvraient aussi bien que les originales. En regardant à l’intérieur, je défaillis presque de surprise. Un coup de masse d’armes en plein front aurait eu le même effet. À mes côtés, Eudes et Raynal n’en menaient pas plus large.
    Les parchemins étaient là, soigneusement attachés et roulés, tels que je les avais aperçus la première fois. N’eût été le fait que tous les membres avaient vu la cassette vide lors de l’assemblée précédente, j’aurais cru avoir rêvé. Sidéré, je les sortis et les exhibai devant Ravier. Le vieillard resta figé, la bouche ouverte et les yeux exorbités. Puis il se reprit et se leva avec difficulté en prenant appui sur les bras de son fauteuil.
    —    Dieu soit loué, murmura-t-il. Je peux mourir en paix.
    Sur le pourtour du temple, les membres de l’Ordre semblaient momifiés dans une attitude de stupéfaction. Les joues d’Esclarmonde étaient mouillées de larmes. Les yeux de Montbard brillaient de fierté. Véran, Jaume, Eudes et Raynal avaient le visage dur de ceux qui contemplent déjà la vengeance. Peirina, elle, avait porté une main à sa bouche en pâlissant. Ravier, lui, donnait l’impression d’être sur le point de s’effondrer. Quant à Ugolin, il avait visiblement du mal à suivre le cours des événements. Pour ma part, je ressentais un profond soulagement à l’idée que ce dont dépendait mon salut était à nouveau à sa place.
    —    La sorcière a fait réapparaître les documents, on dirait, maugréa Eudes, d’une voix tremblante de colère.
    Ravier secoua sa torpeur et tourna les yeux vers Daufina.
    —    Emparez-vous d’elle ! ordonna-t-il en la pointant d’un index tremblant de colère autant que de faiblesse.
    Aussitôt, Jaume et Véran bondirent sur leurs pieds et saisirent sans ménagement la Parfaite qui, de toute manière, était trop sonnée pour offrir la moindre résistance. Pendant ce temps, le Magister, supporté par Ugolin, m’avait rejoint afin de constater le miracle de ses propres yeux. Il tendit les mains vers les parchemins, mais tremblait tant que je dus les dérouler pour lui et les lui remettre un à un. Il les examina attentivement et me les rendit.
    —    Ce sont bien eux, décréta-t-il d’une voix rendue rauque par l’émotion.
    Le feu dans les yeux, il se tourna vers Daufina.
    —    Cette femme a trahi l’Ordre. Pire encore, en pratiquant la sorcellerie, elle a renié la religion des familles fondatrices, fondée sur la Vérité ! Elle a embrassé la matière, œuvre de Satan ! Félonne ! Judas femelle ! Impie ! Tu paieras de ta vie, aussi vile soit-elle ! Que Dieu ait pitié de ton âme !
    Il se tourna vers moi, l’air grave et déterminé. Je compris avant qu’il ne le dise ce qu’il exigeait de moi et j’étais tout disposé à le

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