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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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peine si elle
vous connaît ! Je vous assure, cette enfant... » Mestre Phanik secoua la
tête et s'efforça de prendre un air résigné.
    Il prit Phaulkon par le bras et lui fit traverser le
grand salon où des groupes d'invités étaient assis, les jambes croisées en
tailleur sur des coussins. On avait retiré tous les sièges. Les Siamois
n'avaient pas l'habitude de s'asseoir dans des fauteuils et les inviter à le
    faire aurait créé un problème de protocole insurmontable.
Chacun devait être installé un peu plus haut ou un peu plus bas que son voisin,
selon son rang. Phaulkon observa soigneusement les visages qui l'entouraient.
Il se demandait quelles célébrités pouvaient bien être présentes : en tant que
conseiller en chef du Trésor pour les affaires japonaises, Phanik avait de
nombreuses relations. Soudain, il retint son souffle, le regard fixe. Cette
beauté qui s'avançait à sa rencontre pouvait-elle être la même petite fille
qu'il avait serrée dans ses bras comme une enfant voilà un an à peine ?
    En réponse à sa question, elle eut un sourire éblouissant
et se jeta à son cou en s'écriant : « Oncle Constant, c'est merveilleux de vous
voir ! Je disais bien à mon oncle que vous viendriez, mais il n'arrêtait pas de
me répéter: "Va-t-il venir? Sera-t-il rentré à temps?" » Elle éclata
de rire et renversa la tête en arrière.
    « Et comme c'est merveilleux de te voir pour une aussi
heureuse occasion, ma chère », répondit Phaulkon en portugais, tout en
l'étreignant à son tour. Il était quelque peu déconcerté. Libre à elle de
l'appeler « oncle » : elle n'éveillait pas en lui le moindre sentiment
avunculaire, songea-t-il en se sentant un peu coupable. « Alors aujourd'hui te
voici majeure. C'est assurément un état qui te sied. » Il ne la flattait pas :
elle était superbe. Elle avait la peau claire comme une Japonaise et
magnifiquement mise en valeur par ses cheveux noirs que, contrairement à bien
des femmes de la région, elle avait gardés longs et remontés en chignon. Quand
elle les laissait pendre, songea-t-il, ils devaient lui tomber au moins jusqu'à
la taille. Elle était menue : à peine plus d'un mètre cinquante. Elle avait le
nez droit et fin, pas du tout camus comme de nombreux Siamois, et de grands
yeux sombres, légèrement en amande. Son coips aux formes rondes et aux
proportions parfaites se terminait sur une paire d'adorables petits pieds.
    Il se creusa la tête pour trouver qui elle lui rappelait.
Mais oui, bien sûr, la statue préférée de sor enfance, celle de Diane, la
déesse de la Chass<
    sculptée dans du marbre blanc, qui se dressait devant la
fontaine de la petite place derrière la taverne. Il adorait cette statue,
drapée dans une toge blanche — alors que Maria portait un élégant panung bleu
foncé, le haut du corps revêtu d'un magnifique corsage turquoise boutonné
jusqu'au cou avec un col mandarin. Sans doute l'influence du couvent, songea
Phaulkon. Mais tout, chez elle, respirait l'entrain et la détermination.
    « Je vois que mon oncle brûle d'envie de vous faire
circuler, dit-elle en battant des paupières avec coquetterie. Je ne vais donc
pas vous retenir, oncle Constant. Mais je compte sur vous pour venir me
retrouver quand les autres invités vous auront suffisamment ennuyé.
    — Je n'y manquerai pas, dit Phaulkon, stupéfait de
tant d'assurance à un si jeune âge. D'ailleurs, je ne t'ai pas encore souhaité un
heureux anniversaire. » Il la regarda en souriant.
    Mestre Phanik le reprit par le bras et l'entraîna
avec lui. « Cette petite fille va me donner bien du souci. Depuis sa sortie du
couvent, le mois dernier, on m'a déjà demandé six fois sa main. Et dire qu'elle
n'est encore qu'une enfant !
    — Mais très mûre, à la voir, doutor. Elle a
totalement changé depuis la dernière fois que je l'ai vue. À votre place, je me
préparerais à des jours difficiles, souligna avec franchise Phaulkon.
    — Vous croyez? Bah, j'imagine que cela devait
arriver un jour, observa-t-il d'un ton désabusé. Mais venez, il faut que je
vous présente à notre invité d'honneur. Et ne vous avisez pas de partir de
bonne heure. Si les Siamois s'éclipsent les premiers, comme d'habitude, nous
pouirons avoir une longue conversation. Voilà une éternité que je ne vous ai
vu.
    — Et j'ai bien des choses à discuter avec vous, doutor. » Il ne pouvait guère parler à mestre Phanik des canons mais
il comptait bien lui expliquer que,

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