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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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faute de papiers, ses collègues étaient
détenus à Ligor. Il avait besoin de faire appel aux relations de mestre Phanik
et surtout il lui fallait découvrir tout ce qu'il pouvait sur le Barcalon. Si
la chance était avec lui, peut-être son ami l'avait-il même rencontré.
    Son hôte l'entraîna sur une terrasse dominant un
magnifique jardin entouré d'une haie de bambous. Des lanternes de cuivre
illuminaient les glaïeuls jaunes et le vert des pelouses. Des groupes de
Siamois se saluaient en silence, les mains jointes devant leur front et s'inclinant
légèrement. Dans les présentations siamoises, on échangeait des gestes et non
des mots. La plupart des invités portaient des blouses sans col aux manches
larges, mais quelques-uns étaient torse nu.
    Un serveur rampait à genoux, tenant en équilibre d'une
main un plateau de rafraîchissements, telle une otarie de cirque. Il en offrit
un à Phaulkon. Il y avait du lau, un alcool de riz local, du vin rouge
espagnol, de l'eau ou du jus de citron vert frais. Les Siamois, par respect de
la modération bouddhiste, étaient en général abstinents, mais Phaulkon se
servit un verre de vin rouge espagnol pétillant. Les galions espagnols en route
pour Manille faisaient souvent escale à Ayuthia et, comme leurs souverains
n'avaient guère de goût pour ces boissons, les officiers de la Couronne
siamoise entamaient rarement leur stock.
    Mestre Phanik et Phaulkon descendirent quelques
marches de bois bordées de rampes sculptées pour gagner le jardin admirablement
illuminé. Phanik conduisit son ami jusqu'à un Siamois à l'air distingué, dont
la tête massive était couronnée de cheveux gris coupés court, et qui était
assis, les jambes croisées sous lui, un peu de côté. Un groupe d'admirateurs
accroupis, qui buvaient chacune de ses paroles, l'entouraient. Mestre Phanik
se joignit à eux et se prosterna devant l'orateur. Phaulkon l'imita. L'homme
aux cheveux gris termina son discours et adressa à son hôte un aimable sourire.
    « Excellence, dit Phanik, permettez-moi de vous pr
ésenter un de mes vieux amis qui est tombé amoureux de votre pays et qui a
appris à en parler la langue mieux que moi. » C'était, à vrai dire, un
compliment exagéré : mestre Phanik était né au Siam et le siamois était
tout autant sa langue maternelle que le portugais, le japonais ou le latin.
    « M. Constantin Phaulkon, Son Excellence le général
Petraja. Il est inutile, j'en suis sûr, de présenter Son Excellence. »
    C'était en effet inutile. Phaulkon était impressionné. Le
général Petraja était le héros des campagnes birmanes. Commandant en chef du Régiment
royal d'éléphants de Sa Majesté, avec vingt mille éléphants de guerre sous ses
ordres, il venait tout récemment d'être nommé président du Conseil privé du
roi. Le général était le soldat le plus décoré du pays. Phaulkon resta
prosterné.
    Petraja eut un sourire affable. C'était un bel homme,
vigoureux et en pleine santé. Il ne semblait pas très grand mais il avait l'air
fort et, avec son superbe corps d'athlète, on ne lui aurait jamais donné
cinquante ans. « Je suis honoré d'apprendre que vous avez appris notre langue,
monsieur. Il y a bien peu d'étrangers dont on puisse en dire autant,
observa-t-il.
    — Votre Excellence est trop bonne, répondit
Phaulkon, utilisant la formule de politesse due à un mandarin de première
classe. Les efforts de ce modeste esclave pour parler votre langue ont eu pour
raison le désir de communiquer avec les très charitables et très hospitaliers
habitants de votre pays. »
    Le général était visiblement impressionné lui aussi. « Et
quel heureux hasard vous amène parmi nous, monsieur? demanda-t-il avec un
intérêt non dissimulé.
    — Je suis au service de la Compagnie commerciale
anglaise, Excellence, et j'espère avoir le privilège un jour d'être aussi au
service du Siam.
    — Le Siam a toujours bien accueilli les étrangers et
a su les récompenser de leurs services, déclara le général. Nous les avons
laissés répandre leur foi et vivre suivant leurs lois. Nous ne leur avons pas
imposé grand-chose et nous avons demandé bien peu en retour. Malheur à qui
interpréterait mal notre générosité et prendrait notre sens naturel de
l'hospitalité pour de la faiblesse. Nous avons toujours été libres et nous
demeurerons un peuple libre. »
    Le cercle de disciples émit un murmure approbateur.
    Phaulkon supposa que c'était une allusion aux

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