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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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sur sa tête
d'ordinaire coiffée avec soin. Il n'avait pas eu ce matin le temps de se
pomponner. Comme le lui imposait sa fonction, à laquelle il était parvenu par
lentes étapes, l'agent général au Siam se piquait d'être toujours impeccable. À
quarante-huit ans, c'était devenu une obsession.
    « Il a attendu que je m'assoupisse et il a essayé de me
tuer. J'aurais dû lui arracher des aveux quand j'en avais l'occasion, répondit
Phaulkon d'un ton amer.
    — Est-ce que les autres étaient complices? demanda Burnaby.
    — Difficile à dire. Ils étaient dans l'entrepont
quand c'est arrivé. Mais, à mon avis, ils attendaient le signal de Faiçal pour
vous attaquer, Thomas et vous.
    — Alors, ils savent pour la cargaison ? »
    Phaulkon éluda la question. « Descendons pour en
discuter. Cette côte-là me met mal à l'aise. »
    Il désigna le rivage à une dizaine de milles : le ruban
blanc de la plage en bordure de la jungle. Au loin, des montagnes que les
derniers nuages de la mousson commençaient à arroser de pluie. Quelque part à
l'intérieur, se dit-il avec inquiétude, se trouvait la rivière de Ligor.
    « Je veux que vous ayez à l'œil chacun des Malais, reprit
Phaulkon. Ne les perdez de vue à aucun moment. Même le cuisinier. Je ne me fie
pas plus à lui qu'aux saloperies qu'il jette dans son fichu chaudron. »
    Il régnait maintenant une intense activité : on hissait
les grandes voiles de jonc du Royal Lotus qui commençaient à se gonfler
sous le vent. En teck robuste, le navire avait été construit dans les chantiers
navals d'Avuthia, la Venise de l'Est et la légendaire capitale du Siam, sur le
modèle des jonques de l'Empire du Milieu, dont les marchands apportaient depuis
des siècles au Siam du thé, des soies et des porcelaines puis revenaient à
Canton chargés de bois de sampang, de corne de rhinocéros, d epices et d'os de
tigres.
    On hissa l'ancre de bois lestée de pierres et, quelques
instants plus tard, le Royal Lotus était en route. Avec ses deux mâts,
ses larges flancs, son fond plat, ses énormes voiles en nervure de bambous
semblables à des ailes de chauve-souris et sa coque brune vernie à l'huile de
tung, la jonque mit cap au sud dans le golfe du Siam.
    « Alors, Constant, vous prétendez toujours qu'ils ne
savent rien de la cargaison?» Depuis quelques minutes, ils s'interrogeaient sur
les raisons de l'attaque des Malais et l'exaspération perçait dans la voix de
Burnaby. Il était certain que pour une fois Phaulkon avait tort. Mais le
plaisir que Burnaby aurait pu normalement en tirer était quelque peu terni à
l'idée de ce que pourraient être les consé-quences si les Malais savaient
vraiment quelle marchandise était dissimulée dans les cales. Tout près de lui,
Ivatt écoutait en silence, surveillant les Malais du coin de l'œil.
    « J'ai pris toutes les précautions, Richard, répondit-il.
J'ai accordé une permission aux Malais le jour du chargement et j'ai fait
suivre chacun d'eux.
    — Pourquoi alors ce macaque a-t-il essayé de vous
tuer? » insista Burnaby.
    Phaulkon haussa les épaules. « Il est possible que je
l'aie offensé. Vous savez combien ces Malais peuvent être susceptibles.
    — Ne pensez-vous pas qu'il serait peut-être temps de
m'expliquer ce qui se passe ? demanda Ivatt en souriant. Ça pourrait m'aider à
décider si je me range de votre côté ou dans le camp des Malais. »
    Burnaby jeta un coup d'œil à Phaulkon, mais le Grec
secoua discrètement la tête. Non qu'il n'eût pas confiance en Ivatt, mais moins
les gens savaient ce que contenait la cale, mieux cela valait.
    Ivatt attendait. Ce n'était pas la première fois qu'il
constatait que le Grec avait toujours le dernier mot. Même si Phaulkon se
montrait respectueux envers son chef, il était de plus en plus évident que
c'était lui qui commandait. Il en avait assurément le physique, songea Ivatt en
observant sa carrure athlétique, son port assuré. Les grands yeux noisette
exprimaient tour à tour l'amusement et le défi et il avait un sourire à charmer
un buffle enragé.
    « Il n'y a vraiment rien à vous dire, Thomas, dit
Burnaby. Vous en savez autant que nous. Un des Malais a attaqué Constant ce
matin et nous devons évidemment être sur nos gardes. Nous avons malheureusement
besoin des autres pour manœuvrer le navire. » Phaulkon aperçut Achmed et
Mohammed qui descendaient l'escalier menant aux cabines et il fit un bref signe
de tête à Burnaby et à Ivatt. Ils

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