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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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intérieur.
    Il avait fait venir en contrebande les canons de Ban-tam
un an plus tôt, quand il était arrivé au Siam comme adjoint de Burnaby pour y
ouvrir le comptoir britannique. Alors que ce dernier s'inquiétait de la
présence d'un aussi dangereux produit de contrebande dans l'entrepôt officiel
de la Compagnie des Indes orientales, Phaulkon avait patiemment attendu le
moment d'utiliser les armes au mieux de leurs intérêts et d'exploiter leur
poinçon hollandais. Les Siamois savaient peut-être confectionner de splendides
caparaçons ornés de joyaux pour leurs éléphants de guerre, mais fondre un canon
c'était une autre histoire. Les armes de fabrication locale avaient autant de
chances d'exploser dans leurs propres rangs que de décimer l'ennemi.
    Phaulkon respira la brise et ses pensées revinrent au
présent. Il sentait le vent tourner. Des nuages effilés couraient très haut
dans le ciel et des masses sombres enveloppaient l'horizon. Les membrures du
navire commençaient à craquer et à gémir de façon inquiétante. Il va y avoir
une tempête, songea-t-il, celle qu'il redoutait depuis la veille. Il empoigna
le cordage de la barre et maudit les dieux de ce pays au climat si changeant. Il
leur fallait un vent régulier pour les amener à Pattani, pas une bourrasque.
Une tempête les obligerait peut-être à relâcher à Ligor et, sans document pour
faire escale là-bas, peut-être allait-on inspecter la cargaison.
    Mohammed apparut sur le pont, Burnaby sur ses talons. Le
Malais s'approcha nonchalamment d'Abdul et Burnaby vint rejoindre Phaulkon.
Comme toujours, l'Anglais était habillé à l'européenne : culotte grise
s'arrêtant aux genoux, tunique lacée blanche. La tête levée, il se protégeait
les yeux de la lumière aveuglante.
    « Que pensez-vous du temps, Constant ? demanda-t-il avec
un rien d'ironie. Je croyais que c'en était fini des moussons. » Burnabv
n'était pas d'avis de prendre la mer maintenant, au lieu d'attendre la fin de
la saison des moussons, mais Phaulkon, inquiet d'apprendre que, malgré de
sévères rappels à l'ordre, la reine de Pattani refusait toujours de payer à la
cour d'Ayuthia son tribut en or, tenait à conclure le marché avant
l'intervention de l'armée siamoise. Il avait donc assuré à Burnaby qu'à la fin
octobre les moussons seraient terminées. On était le 25 novembre 1679 et, de
toute évidence, une mousson se préparait.
    « Je me suis peut-être trompé, Richard. Les pluies ne
sont pas toujours ponctuelles. Mais c'est un vaisseau solide et l'on aperçoit
la côte... » Phaulkon avait parfois du mal à supporter la perpétuelle
inquiétude de Burnaby. Si l'on avait écouté ce dernier, ils ne seraient jamais
allés nulle part depuis un an qu'ils étaient au Siam.
    « Je crois que nous devrions de toute façon nous
rapprocher du rivage. Inutile de risquer notre peau au large, insista Burnaby.
    — Plus près de la côte, fit Phaulkon en riant, nous
courrions de plus grands risques. Ici, au moins, nous sommes à l'abri d'une
inspection. Aucun Siamois ne prendra le large par ce temps. »
    Du coin de l'œil, Phaulkon regarda Achmed déboucher sur
le pont et se glisser sans bruit pour rejoindre Abdul à la poupe. Ivatt le
suivait de près. Le Malais s'accroupit auprès du cuistot et se mit à lui parler
rapidement.
    « Richard, dit Phaulkon, nous devrions être bientôt à la
hauteur de Ligor. » Il élevait la voix pour se faire entendre des Malais, même
s'il savait que ces derniers ne parlaient pas anglais. « Si les choses tournent
mal, nous aurons le temps d'entrer dans le port. » Il observa Mohammed qui
frottait le pont arrière et leva les yeux vers Achmed. D'un bref signe de tête,
le second signala que lui aussi avait entendu le mot « Ligor ».
    Ligor? s'interrogea Phaulkon. Pourquoi cet endroit les
intéresse-t-il tant? Ligor était un port, une rivière et une importante
province du Siam.
    « Ligor? fit Burnaby. Jamais! Ces maudits Hollandais ont
une factorerie là-bas. Ils sont déjà furieux que les Siamois nous aient invités
à reprendre le commerce à Avuthia. Ils ne manqueraient pas de procéder à une
fouille approfondie. Et quand on découvrira les canons...
    — Je n'ai pas plus envie que vous de relâcher à
Ligor, l'interrompit Phaulkon. Mais les Malais semblent y tenir beaucoup.
    — Ils doivent connaître l'existence des canons »,
murmura Burnaby. En tant que chef de comptoir, c'est évidemment lui qui aurait
à répondre aux

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