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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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l'ombre.
    « Richard ? Vous êtes là ? Thomas ? » Il n'entendit que
le battement de son cœur.
    Les nerfs à fleur de peau, Phaulkon descendit pas à pas,
tendant l'oreille à chaque marche. Il atteignit enfin le pont inférieur. Il
avança, les bras en avant, prêt à frapper. Il entendait des bruits de
respiration, tout proches, mais ses yeux n'étaient pas encore accoutumés à la
pénombre. À sa droite, il le savait, se trouvait la petite cabine à deux
couchettes où dormaient les Anglais et, sur la gauche, la grande porte
coulissante donnant accès à la cale où étaient entreposés les canons.
    Comme l'obscurité se faisait moins dense, il distingua
une forme allongée à moins de deux mètres devant lui. Le corps n'était pas
assez long pour être celui de Burnaby, mais ce pouvait être celui d'Ivatt ou de
l'un des deux Malais. Puis l'ombre s'épaissit et, levant les yeux, il aperçut
le cuisinier accroupi au-dessus de lui, sa masse bloquant la lumière venant du
pont. Il tenait par les deux poignées le chaudron noir bouillant qu'il
inclinait légèrement vers la tête de Phaulkon.
    Soudain la porte de la cale s'ouvrit en grinçant.
Phaulkon pivota sur les talons. Sur le seuil, à genoux, Burnaby que tenaient
solidement les deux Malais. Il avait les poignets ligotés devant lui et une
corde enroulée autour de la poitrine et des bras. Deux kriss étaient pointés
sur chaque côté de sa gorge. Burnaby voulut parler, mais Achmed approcha
aussitôt son couteau et du sang se mit à couler sur le cou de l'Anglais. Même
dans la pénombre, Phaulkon vit que Burnaby ouvrait de grands yeux affolés.
    Phaulkon maîtrisa son envie de foncer sur eux. Il ne faudrait
qu'un instant aux pointes acérées des kriss pour trancher la gorge de Burnaby.
Ivatt était-il encore en vie ? se demanda-t-il.
    Mohammed retenait Burnaby à la pointe de son kriss.
Achmed s'avança vers Phaulkon.
    « Si vous coopérez, vos amis vivront », dit-il. Toute
trace de son obséquiosité habituelle avait disparu. Il tenait à la main une
grosse corde. Les Siamois, pas plus que les Malais, n'avaient de chanvre, mais
Phaulkon savait que les fibres du cocotier pouvaient être tressées en une corde
tout aussi solide. Il réprima sa rage tandis qu'Achmed le ligotait et le
poussait brutalement sur le plancher.
    « Achmed ! cria la voix du cuistot sur le pont. Il
commence à faire très sombre. Tu ferais mieux de monter voir ! »
    Phaulkon entendait maintenant la pluie qui déferlait. Le Royal Lotus se mit à rouler et à tanguer avec une violence accrue.
    Achmed se pencha sur Phaulkon, ses yeux noirs le fixant
d'un air mauvais. « Maintenant, Tuan Kapten, dites-nous comment gagner Ligor.
    — C'est désormais ton bateau, fais-en ce que tu veux »,
dit Phaulkon.
    Achmed cracha au visage de Phaulkon. « Infidèle mangeur
de porc, ton ami va payer ton insolence. Mohammed ! Aide le Kapten à retrouver
sa langue. »
    Mohammed avança son couteau et Burnaby se mit à hurler.
    « Constant ! » interrogea Burnaby d'une voix haletante,
sentant le sang couler lentement de son cou sur sa poitrine et sur ses bras, «
qu'est-ce qu'il vous demande de faire? »
    Sans répondre à la question, Phaulkon parvint à conserver
son calme. « Si tu touches encore une fois à mon ami, sauvage sans mère, je ne
t'aiderai pas et la mousson t'entraînera avec ton équipage puant jusqu'à une
tombe d'où tu n'iras jamais au paradis d'Allah.
    — Quelle mousson? ricana Achmed. Les moussons sont
passées. »
    Malgré son arrogance, Phaulkon décela un rien de
nervosité dans le ton du Malais.
    « Celle qui est sur le point d'engloutir ce navire et de
nous entraîner tous par le fond avec lui. » Comme pour confirmer ses dires, la
jonque se balança de façon menaçante et Achmed dut se cramponner à la coursive.
    « Nous allons mettre le cap sur Ligor. Maintenant !
abova-t-il.
    — Que ce sauvage lâche d'abord mon ami.
    — Mohammed, rejette-le dans la cale. Et l'autre
aussi. » Du doigt, Achmed désigna le corps inerte d'Ivatt.
    « Il est vivant ? interrogea Phaulkon.
    — Peut-être, fit Achmed en haussant les épaules.
    — Ça vaudrait mieux. Et tu ferais bien de gagner la
côte tant qu'il en est encore temps. » Le bateau pencha plus violemment encore
cette fois. « S'il est encore temps », répéta-t-il.
    Achmed eut un rire forcé. « Vous vous croyez
indispensable, hein, Kapten? Vous pensez que moi, Achmed, je ne peux pas
gouverner un navire? Eh bien, vous

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