Le faucon du siam
à mourir ce
jeune et beau prince? Qui maintenant allait succéder au roi ? Son frère ivre et
contrefait ? Puis la même idée obsédante qu'elle avait souvent chassée de son
esprit revint la hanter. Il a des desseins sur le trône, mon ambitieux de frère
! Il doit en avoir. Sinon, pourquoi éliminerait-il l'héritier présomptif? Elle
le détestait maintenant, ce monstre égoïste, si avide de pouvoir. Il était prêt
à sacrifier son pays et sa sœur à ses intérêts. Car elle était aussi coupable
que le prince. Il ne pouvait pas condamner l'un sans l'autre : ce serait une
parodie de justice. Elle allait sans doute être exécutée au cours d'une grande
cérémonie publique, afin de permettre à son intrigant de frère de se servir de
sa plus proche parente pour démontrer au monde sa grande loyauté envers la
Couronne et son amour de la justice. En cet instant, l'idée lui vint qu'elle
avait toujours protégé son frère sans vouloir
croire à sa véritable nature, tout comme elle l'avait
fait avec son misérable neveu, Sorasak. En minimisant ses défauts à ses propres
yeux et aux yeux des autres, comme la pauvre Sunida qu'elle avait envoyée dans
l'antre du lion alors qu'elle savait bien... Thepine éclata en sanglots. Le
garde la regarda, gêné, puis tourna les talons.
« Puis-je avoir une couverture plus épaisse?
demanda-t-elle, le visage ruisselant de larmes.
— Je vais vous en apporter une, ma Dame. » Le verrou se
referma.
Du revers de la main, Thepine essuya ses larmes en se
reprochant sa faiblesse. Elle résolut en cet instant de priver son frère de la
satisfaction de la voir exécutée en grand cérémonial. Quand le garde revint
avec la couverture, son plan était arrêté. Une seule personne au monde pourrait
l'aider, ou du moins mettre une fin rapide à son supplice. C'était un pari
risqué mais qui lui laissait une lueur d'espoir.
« Je vous apporte une couverture et d'autres nouvelles,
ma Dame. Sa Gracieuse Majesté a commué la sentence de son frère. Son Altesse
Royale va être flagellée en public par le général Petraja dans la grande cour.
»
Thepine sentit son cœur bondir. « Et quelles nouvelles de
mon sort ? »
Le garde hésita puis baissa les yeux. « Votre frère, le
général Petraja, vous a condamnée à être dévorée par les tigres. Et Son Altesse
Royale la reine princesse a obstinément refusé de commuer la sentence. Je suis
autorisé à écouter de votre bouche le dernier souhait traditionnel des
condamnés. »
Une fois de plus, la porte de la cellule s'entrebâilla en
grinçant et le garde entra.
« Eh bien, ma Dame, avez-vous déjà songé à votre dernier
souhait ? Il aura besoin d'être approuvé. »
Thepine ne répondit pas. Affalée contre le mur, elle
avait la tête penchée de côté et semblait dormir. Le garde se pencha pour poser
auprès d'elle le bol
de riz chichement parsemé de quelques légumes. Il se
redressait quand une main vint se poser sur l'arrière de sa cuisse nue. Il
s'arrêta, stupéfait, quand la main commença à le caresser doucement. Les doigts
effleurèrent un moment sa peau, puis se glissèrent sous son pagne. Il restait
pétrifié, à la fois de surprise et de plaisir. La main de la prisonnière était
tiède et d'une douceur aussi exquise qu'une aile de papillon. Un instant plus
tard, il sentit les doigts explorer délicieusement les parties les plus secrètes
de son corps. Il resta planté là, gémissant d'un plaisir qui augmentait à
chaque caresse.
Les pensées tourbillonnaient dans son esprit. Est-ce que
cette célèbre concubine royale lui accordait vraiment, à lui, simple garde, ses
faveurs? Son ami et collègue le garde Phongthaï ne le croirait pas pour un
empire. Elle avait déroulé maintenant son pagne et seuls les plis de sa tunique
pendaient par-dessus son sexe. Les doigts de la prisonnière vinrent s'enrouler
autour de lui. Elle l'attira vers elle et souleva la tunique. Les gémissements
s'accentuèrent tandis que la femme enveloppait de ses lèvres la lance d'amour
du garde. Puis, brusquement, elle recula.
« Mon beau garde, dit-elle en le regardant d'un air
alangui, tu sais pourquoi je suis ici, n'est-ce pas? Parce que j'ai trop
apprécié la compagnie des vrais hommes. » Une lueur de regret brillait dans ses
yeux à la lueur de la chandelle. Elle se remit à caresser les muscles des
cuisses du garde. « Jamais je n'ai pu résister à un homme vigoureux. »
Elle aperçut dans les yeux de l'homme une lueur
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