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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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de
méfiance et de déception. Il fallait le convaincre rapidement.
    « Je n'ai pas été bonne à grand-chose dans la vie, sinon
à donner du plaisir, poursuivit-elle. Mais dans ce domaine j'excellais. Puisque
l'on me condamne à mourir, ne voudrais-tu pas partager quelques derniers
instants de plaisir avec moi ? » Elle sourit. « Ou bien as-tu besoin d'une
autorisation pour cela ? » Ses yeux de féline l'observaient, séducteurs. « On
dit que je n'ai pas ma pareille.
    — Pourquoi t'es-tu arrêtée? demanda-t-il d'un ton
bourru.
    — Parce que je veux que tu fasses d'abord une petite
course pour moi. Quand tu seras de retour, je recommencerai sans plus
m'arrêter, même si tu m'en supplies. C'est une promesse.
    — Quelle course? demanda-t-il, méfiant.
    — Il s'agit simplement de porter pour moi un petit
billet, mon beau soldat. À une dame du quartier portugais. Rien qui puisse
t'attirer des ennuis. Tu pourras le lire d'abord. C'est mon dernier souhait
avant de mourir. Jadis, elle a été bonne avec moi. La réponse que tu
m'apporteras sera la preuve que tu as accompli ta mission, et l'extase que je
t'offrirai sera la preuve de ma gratitude. » Elle effleura doucement la peau de
son mollet. « Il y a aussi quelque chose que je veux que tu lui demandes.
Oralement. Ça ne sera pas dans le billet. »
    Il hésita. « Laisse-moi d'abord voir le message.
    — Alors, apporte-moi de quoi écrire. »
    28
    Le quatrième jour de la lune décroissante du troisième
mois de l'année du Singe, la nouvelle de l'arrivée de la grande ambassade en
provenance de Chine parvint à la capitale. Deux vaisseaux attendaient
l'autorisation de pénétrer dans l'embouchure du Menam. Aucune ambassade, pas
même celle de la cour du souverain du Céleste Empire, ne pouvait entrer dans la
capitale avant le jour fixé pour l'audience royale. Elle ne pouvait pas
davantage y séjourner après la dernière audience.
    Seuls le Pra Klang et une poignée de mandarins de
première classe savaient que cette délégation allait sans doute se voir
accorder très vite une audience, avec le minimum d'attente qu'il fallait pour
satisfaire
    l'orgueil du souverain de Siam. Le Siam, en effet,
pouvait régner sur les princes vassaux des États voisins, mais il ne pouvait
prendre le risque d'offenser le plus grand royaume de la Terre. De fait, l'un
des premiers devoirs de tout monarque accédant au trône de Siam consistait à
envoyer une ambassade à la cour impériale de Chine. Si le Siam n'était
nullement tributaire de la Chine, il fallait, en revanche, témoigner à tout
prix du respect au colosse du Nord et reconnaître sa présence. Alors que des
ambassades de moindre importance arrivant au Siam étaient parfois obligées
d'attendre à l'embouchure de la rivière le caprice du grand monarque, les
Chinois pouvaient s'attendre à une réception rapide et grandiose.
    Au bout de quelques heures, les magnifiques barques
officielles descendaient l'estuaire pour venir au devant des navires de
l'ambassade et les escorter jusqu'à Ayuthia. Une centaine d'embarcations
étince-lantes, avec des proues en forme de garudas, de dragons ou
d'hippocampes, transportaient une foule de mandarins du royaume jusqu'au lieu
du rendez-vous. Chacun d'eux avait auprès de lui ses armes de cérémonie : épée,
cimeterre et lance.
    Même pour un œil non habitué, le cortège officiel aurait
pu ressembler à une réunion somptueuse regroupant un grand nombre
d'embarcations de toutes tailles et de toutes formes mais, pour le connaisseur,
chacune d'elles avait sa raison d'être. Qu'elles fussent complètement dorées,
ou mi-dorées et mi-peintes, qu'elles eussent cinquante ou quatre-vingts
rameurs, que le trône central se terminât ou non en pyramide, que l'équipage
fût revêtu d'un uniforme plus ou moins somptueux, que les rames fussent
entièrement dorées ou simplement couvertes de filets d'or : tous ces détails et
bien d'autres encore indiquaient le rang précis et le nombre exact de marques
de dignité du mandarin qui se trouvait à bord.
    Le plus révélateur, c'était la proximité de chaque bateau
par rapport à la bar que royale, placée juste au centre de la procession.
Celle-ci, envoyée par Sa
    Majesté le roi, était plus grande et plus imposante que
les autres : sa haute proue avait la forme d'une tête de serpent naja, son
trône d'or massif ressemblait à une pyramide et sa coque était dorée jusqu'à la
ligne de flottaison.
    Le trône, protégé du

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