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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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préoccupations et répondant de son
mieux à ses questions sans fin. Elle brûlait de lui dire combien Sa Majesté
était noble et gracieuse : mais comment pou-vait-elle lui révéler qu'elle
l'avait rencontrée? Elle éprouvait une étrange satisfaction à découvrir que
même lui, son fier amant si plein d'assurance, était impressionné à l'idée de
se trouver devant la sereine présence du Seigneur" de la Vie, tout comme
cela avait été le cas pour elle. Car il devait en être ainsi.
    Phaulkon s'était demandé avec angoisse ce qu'il devait
porter : il hésitait entre une tenue européenne et une tenue siamoise, revenant
à l'une presque aussitôt après avoir choisi l'autre.
    « Mon Seigneur, vous êtes pire qu'une femme », avait dit
Sunida pour le taquiner. Mais, cela ne lui ressemblait pas, il s'était fâché et
elle avait ensuite gardé
    le silence, se contentant de répondre aux questions qu'il
lui posait.
    Ses domestiques et ses esclaves avaient également
remarqué sa nervosité inhabituelle et veillé presque toute la nuit à satisfaire
ses caprices. Jamais elles n'avaient vu le maître dans un tel état de nerfs :
elles le comprenaient pourtant, conscientes du suprême honneur qui lui était
échu. Deux fois déjà, il avait renvoyé sa culotte noire pour faire ôter un
grain de poussière à peine visible, et la pauvre Tip avait frotté toute la
surface du tissu en quête de la moindre tache. On avait lavé et relavé la
tunique de dentelle blanche jusqu'au moment où la maisonnée tout entière avait
juré qu'elle étincelait comme de l'or.
    Car il avait fini par se décider pour des vêtements
européens. Même s'il tenait à montrer combien il se sentait proche des Siamois
et de leurs manières, il estimait que l'on pourrait trouver prétentieux de la
part d'un farang de se présenter devant le monarque vêtu comme un Siamois.
Mieux valait arriver dans le costume d'un farang et laisser à sa maîtrise de la
langue siamoise et à sa connaissance de l'étiquette le soin de créer une
impression qui ne pouvait qu'en être renforcée.
    Il s'était aspergé d'eau durant une bonne demi-heure,
s'était soigneusement rasé, pour s'assurer qu'aucun poil ne venait abîmer le
satiné de sa peau. Les Siamois n'avaient que peu ou pas de barbe et il ne
voulait pas qu'on en vît sur lui. Enfin, après s'être longuement peigné, tandis
que Sunida et les domestiques réprimaient leurs sourires, il s'était déclaré prêt
et avait congédié tout le monde, afin de passer seul ces derniers instants.
    Il s'assit en tailleur dans un coin du salon et contempla
le jardin. Sa plus grande crainte était que l'audience royale fût si
cérémonieuse qu'elle le priverait de toute possibilité d'exprimer ses opinions
: s'il en était ainsi, oser parler sans y être invité paraîtrait déplacé, voire
carrément grossier. L'étiquette siamoise était extrêmement stricte, surtout
s'agissant de la royauté, et en respecter rigoureusement les formes était
synonyme de bonne éducation.
    D'après tout ce qu'il avait entendu dire, les audiences
royales étaient des entrevues stylisées : on s'exprimait en phrases toutes
faites et en formules convenues. On verrait d'un mauvais œil tout écart. Mieux
valait se limiter à impressionner uniquement par ses bonnes manières,
décida-t-il. Il eut un petit sourire. Sa maîtrise de la langue royale devait à
elle seule, avec son rituel complexe, laisser pantois l'auditoire. Il avait
gardé pour lui ce petit secret, attendant le moment opportun. Certainement,
d'autres courtisans seraient présents, se dit-il, surtout pour une première
audience : il se demandait maintenant combien il y aurait de mandarins dans la
salle. D'ailleurs, comment pourrait-il se permettre d'exposer ses idées devant
une assemblée comprenant éventuellement des mandarins maures et certains de
leurs alliés, qui lui étaient déjà hostiles?
    Puis l'idée lui vint que Sa Majesté pourrait ne pas lui
adresser du tout la parole : l'étiquette, en effet, ne permettait pas au
souverain de parler directement à quelqu'un qu'il n'avait pas préalablement
anobli. Peut-être ferait-on une exception pour un farang?
    D'un autre côté, Sa Majesté ne pourrait-elle pas aussi
bien se montrer curieuse à son sujet et vouloir aller au-delà du simple
protocole? Après tout, ce farang avait à lui seul dénoncé les pratiques
frauduleuses des Maures et démontré qu'il était capable d'organiser un banquet
plus somptueux et

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