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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Majesté de distinguer le quémandeur.
Là, il fit à nouveau trois salutations et, tremblant intérieurement, prononça
les premiers mots qu'il adressait au Seigneur de la Vie.
    « Puissant Seigneur et Maître de la Vie, votre esclave
implore la permission de parler. Il supplie Votre Majesté de laisser sa voix
impure et souillée atteindre jusqu'aux portes de vos divines oreilles. » Le
silence qui suivit était impressionnant.
    « Nous sommes heureux de vous recevoir, monsieur Forcone,
prononça d'en haut la voix aimable, courtoise, presque rassurante. Maître Pra
Klang a dit du bien à votre sujet. Êtes-vous bien installé dans notre royaume?
    — Haut et Puissant Seigneur, moi, votre esclave, désire
recueillir votre parole royale pour la poser sur mon cerveau et sur ma tête,
poursuivit Phaulkon, conformément au rituel royal. Ce grain de poussière sous
la plante du pied de Votre Majesté est bien installé au Siam et très conscient
de l'honneur d'être admis en la présence divine. » Phaulkon sentait la
stupéfaction qui accueillait son discours prononcé dans la langue royale.
Quelques instants s'écoulèrent avant que le roi ne reprenne la parole.
    « Il semble que vous soyez un homme aux multiples
talents, monsieur Forcone. Nous pouvons constater par nous-même que vos dons
linguistiques ne sont pas qu'une simple rumeur. Nous vous félicitons de la
maîtrise que vous avez de notre langue qui, nous le savons, n'est pas facile
pour des étrangers, surtout venus de l'ouest. Notre ministre a vanté votre
talent pour les chiffres et nous sommes nous-même impatient d'apprendre
directement quelque chose de vous. Qu'est-ce qui vous amène dans notre royaume,
et qu'espérez-vous y accomplir? »
    Le moment était venu d'offrir ses services et d'assurer
qu'il était loyal envers la Couronne de Siam — cet instant dont il rêvait
depuis si longtemps.
    « Puissant Seigneur et Maître, moi, un cheveu de votre
tête, ne souhaite que servir cette grande nation de quelque façon que Votre
Majesté jugera bon de me l'ordonner. Le Seigneur de la Vie, dans sa sagesse, a
désigné des gens d'autres croyances et d'autres nations pour le servir au
gouvernement et cet indigne esclave n'implore que l'occasion d'en faire de
même.
    — Nous n'avons pas de préjugé de race ni de
religion, répondit le roi. Nous sommes tous enfants du même Dieu. Celui qui
nous sert bien, quelles que soient ses origines, sera récompensé selon ses
mérites. Nous sommes fort satisfait de vos efforts jusqu'à présent et consterné
d'apprendre que certains ne nous ont pas aussi bien servi. »
    Sa Majesté s'interrompit et Phaulkon se demanda combien
parmi les mandarins assemblés pouvaient être des Maures. « Vous devez toutefois
prendre garde : il peut y avoir de la rancœur à votre égard de la part de ceux
qui ont failli à leur devoir. »
    Phaulkon se sentit d'instinct attiré par ce monarque. Son
ton aimable, son apparente sollicitude éveillaient chez lui un désir de
s'abandonner à la merci de ce souverain tout-puissant, en même temps qu'il
avait la certitude de pouvoir lui être utile. « Auguste Seigneur et Maître de
la Vie, répondit-il, moi qui ne suis que poussière, je reçois avec gratitude
votre conseil et je le place respectueusement sur ma tête.
    — En reconnaissance de vos services, monsieur
Forcone, déclara majestueusement le monarque, nous sommes heureux de vous
élever au rang de mandarin de troisième classe et de vous conférer présentement
le titre de Luang Vichaiyen, nom sous lequel vous serez désormais connu. Vous
serez fait secrétaire général du ministère du Commerce extérieur, responsable
devant le seul Pra Klang. On vous fera présent d'une boîte à bétel en argent
ornée d'un diamant et d'un costume officiel de cour, d'un gilet de brocart et
d'un chapeau conique autour duquel vous êtes autorisé à placer un anneau. »
    Phaulkon sentit la pièce tournoyer autour de lui et,
craignant de se réveiller de quelque merveilleux rêve, il enfonça ses ongles
dans ses doigts crispés. Sa Majesté avait jugé bon de le nommer Vichaiyen ou «
connaisseur de la science » et le titre de Luang qualifiait un seigneur du
troisième rang. Il était maintenant le Seigneur de la Connaissance! Une vague
d'euphorie déferla en lui, plus puissante que tout ce qu'il avait jamais
éprouvé. D'une voix vibrante d'émotion, il exprima sa gratitude envers cet
homme qui venait de lui ouvrir les portes d'une nouvelle vie,

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