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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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conversation sur elle. Je me rappelle
que son intuition dans ce domaine était remarquablement développée.
    — Oh oui, elle ne cesse de me surprendre. Tenez,
elle m'a dit que le plus grand danger pour vous venait des Hollandais : qu'ils
seraient vexés de constater qu'aucun des leurs n'a été élevé au mandarinat
alors qu'ils sont ici depuis fort longtemps. Elle suggérait que vous devriez
oublier les Anglais et rechercher une alliance avec la France. »
    Phaulkon dissimula sa surprise. « Je suis flatté que vous
ayez discuté tous les deux de mon sort, dit-il avec un sourire chaleureux.
    — Oh oui, bien sûr nous... naturellement... Vous
êtes un si vieil ami. » Mestre Phanik semblait de nouveau embarrassé et
voilà qu'il en bégayait presque.
    « Doutor, le sort de votre famille me préoccupe
également. C'est peut-être pour cela que j'ai si longtemps hésité avant
d'aborder un sujet qui me tient à cœur. Il s'agit de Maria.
    — Oh? fit mestre Phanik en se déplaçant d'un
air gêné sur son siège.
    — Je comprends, doutor, que cela puisse vous
surprendre, voire vous choquer. Mais j'ai longtemps réfléchi au problème avant
de venir vous trouver. » Il s'interrompit. Le doutor baissa les yeux.
    À cet instant, le serviteur entra, apportant un plateau
avec du thé et des gâteaux qu'il déposa sur la table devant eux. Phaulkon et le doutor échangèrent des regards embarrassés.
    Mestre Phanik se tourna vers le domestique. « Nous
servirons le thé nous-mêmes, merci », dit-il en portugais. Le serviteur, un
Indien portugais de Goa, s'inclina et se retira.
    « Voulez-vous des gâteaux de riz, Constant ? Ils sont
cuits de ce matin.
    — Merci, doutor. Avec plaisir. » Il en prit
une bouchée et s'obligea à mâcher. En temps normal il l'aurait trouvé tout à
fait délicieux.
    Un lourd silence s'installa : les deux hommes buvaient
leur thé sans mot dire. Phaulkon se reprocha sa couardise. Ce n'était pas
l'attitude qui convenait. Il songea à toutes les tâches qui l'attendaient :
celle-ci n'était que la première. Il rassembla donc son courage.
    « Doutor, je regrette que nous ayons été
interrompus. J'allais vous demander l'honneur de m'accorder la main de votre
nièce. »
    La tasse du doutor s'arrêta à mi-chemin entre la
table et ses lèvres. Meu Deus, se dit-il. Il avait cruellement
conscience des sentiments de Maria mais jamais l'idée ne lui était venue qu'ils
pouvaient être partagés. Le doutor, généralement bavard, cherchait ses
mots.
    « Constant, euh, j'ai... j'en suis très honoré. Mais,
euh, avez-vous... avez-vous parlé de cela à Maria? Je veux dire... est-elle au
courant? Et puis, il y a naturellement le problème de la religion... Comme vous
le savez, nous sommes de fervents catholiques... » Il ne termina pas sa phrase,
comme s'il se reprochait de paraître malgré lui négatif.
    « Doutor, Maria ne sait rien de mes sentiments. Je
l'ai évitée tout ce temps afin d'être sûr de moi-même. Il était évadent lors du
banquet qu'elle avait mal interprété ma longue absence en l'attribuant à de la
négligence. Absolument pas. J'avais simplement besoin d'un délai pour
réfléchir. C'est une décision si grave. J'ai tenu compte de plusieurs facteurs,
dont les moindres ne sont pas sa jeunesse et sa religion. Concernant le premier
point, même si je me rends compte qu'il y a quinze ans de différence entre
nous, je crois que cet écart est fort réduit : je n'oserais dire du fait de ma
jeunesse de caractère, mais plutôt du fait de sa maturité. Quant au second, je
suis né catholique et il ne me semblerait ni choquant ni déplaisant que je
revienne à la religion de ma jeunesse. J'étais un jeune homme impressionnable
lorsque j'ai embrassé la foi protestante de mes maîtres anglais. »
    Mestre Phanik poussa un long soupir de soulagement
: de toute évidence, on venait de lui ôter un grand poids des épaules.
    « Alors, mon Seigneur Phaulkon et mon cher ami Constant,
plus rien ne m'empêche de vous donner ma bénédiction, à l'exception des propres
sentiments de Maria. Vous devez la consulter. Elle est l'arbitre suprême de son
destin. Mais, en attendant, permettez-moi de vous serrer dans mes bras. » Il se
leva et donna à Phaulkon une chaleureuse accolade.
    « Avez-vous donc abandonné votre habitude de me négliger,
mon Seigneur Phaulkon ? » demanda Maria en s'installant dans le fauteuil que mestre Phanik venait de quitter pour vaquer à des affaires urgentes.

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