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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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moins avait-il
maintenant la tête plus basse que celle du mandarin. La tension se dissipa :
les convenances étaient maintenant respectées.
    Le mandarin jeta un coup d'oeil au farang aux cheveux
raides comme les siens et vit qu'il souriait. Ce farang aux manières
étonnamment correctes avait-il prononcé les mots qui avaient amené Barbe-Rousse
à s'asseoir? Le mandarin était intrigué.
    « Kling! lança-t-il au Palat.
    — Puissant Seigneur, la plante de vos pieds attend
vos ordres.
    — Explique ce qui s'est passé.
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. Le farang
qui ne sait pas nouer son panung était descendu satisfaire un besoin pressant
et a découvert la barbe rousse qui l'espionnait. Il a crié...
    — Qui ça?
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. Le farang
qui ne sait pas nouer son panung a crié.
    — Bien : nous l'appellerons le petit farang. Celui
qui a les cheveux normaux, nous l'appellerons le farang moyen et le vieux aux
longues jambes sera le grand farang. Barbe-Rousse restera comme avant. Alors,
que s'est-il passé?
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. Après
cela, le farang qui ne... le petit farang a oublié la raison pour laquelle il
était descendu et a de nouveau essayé de nouer son panung à cause du public.
    — Quel public?
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. Le public
qui a entendu son cri était rassemblé ici : le farang moyen, le grand farang,
Barbe-Rousse, la poussière de vos pieds et l'auguste Seigneur, ainsi que
quelques esclaves.
    — Bien. Comment est l'odeur du petit, du moyen et du
grand farang ? Est-elle semblable à celle de Barbe-Rousse ?
    — Moi, qui ne suis qu'un cheveu de votre tête, ne
l'ai pas trouvée aussi forte. Mais moi, un simple cheveu, crois que les
esclaves du Puissant Seigneur les ont peut-être préalablement nettoyés.
    — Bien. Alors rassemble-les dans ma salle d'audience
pendant qu'ils sont encore frais. Les nouveaux farangs et Barbe-Rousse. Appelle
l'interprète malais pour que je puisse leur parler. Commande un repas, fais
venir des musiciens et des danseuses.
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. »
    Sur ces entrefaites, le grand mandarin sourit
gracieusement à l'assemblée et s'éloigna d'un pas solennel. Tous alors se
levèrent, sauf les esclaves tant que le Palat resta là. Phaulkon se demandait
s'il avait eu raison de cacher sa connaissance de la langue. Il connaissait en
effet toutes les fomiules de politesse qu'il avait entendues. Cela dit, le
gouverneur avait parlé du Hollandais en termes très peu flatteurs et c'était
bon à savoir. Il pouvait juste donner à Ivatt quelques leçons de bonne conduite
et s'assurer que Bumaby et lui se lavaient plus fréquemment... Même si le fait
que Phaulkon connaisse l'étiquette pouvait éveiller la méfiance des Siamois,
ils n'avaient aucune preuve qu'il parlait leur langue. L'évolution de la
situation allait justifier qu'il ait dissimulé sa connaissance de la langue,
songea-t-il avec optimisme. Puis il suivit le Palat qui les entraîna vers un autre
endroit du palais où une nouvelle succession de marches conduisait à la grande
salle d'audience.
    6
    « Ainsi vous parlez le hollandais », dit Van Risling
lançant à Phaulkon un regard où se mêlaient la méfiance et le respect. Il
semblait soulagé de conver-ser de nouveau dans sa langue natale car il parlait
mal l'anglais.
    « Un peu, répondit modestement Phaulkon. J'ai passé deux
ans à Bantam avant de venir au Siam. »
    Assis sur le plancher en teck de la salle, ils attendaient
l'arrivée du gouverneur et le retour du Palat et de l'interprète.
    Un somptueux tapis persan couvrait presque toute la
pièce. Le Hollandais s'assit maladroitement en tailleur auprès de Phaulkon. Il
était vêtu à l'européenne, culotte de cheval et tunique, mais il avait laissé
au-dehors ses longues bottes, par déférence pour la coutume locale. Phaulkon
comprenait que le mandarin fût préoccupé par l'odeur des nouveaux venus. Les
Siamois étaient un peuple obsédé de propreté : ils se lavaient plusieurs fois par
jour et lui-même se sentait souvent incommodé par la mauvaise odeur de ses
compatriotes européens, dont l'habitude de ne pas se baigner était
particulièrement mal venue sous les tropiques. « Les Anglais avaient un
comptoir commercial là-bas, ajouta-t-il.
    — Je m'en souviens. Mais c'est le passé. Maintenant,
toute la région appartient à la Hollande, fit Van Risling avec un

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