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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Mais comment diable
pouvait-il savoir pour la reine ? Il devait bluffer, mais Phaulkon en avait
quand même froid dans le dos.
    « Vous vous posez peut-être des questions sur les preuves
que j'ai, heer Phaulkon? N'avez crainte, elles sont en route. En
attendant, vous et vos amis resterez détenus ici.
    — J'ai du mal à croire que les autorités siamoises
nous garderont prisonniers sur le caprice d'un Hol-landais, alors qu'elles nous
ont invités à venir tempérer votre arrogance. Voyez-vous, heer Van
Risling, on nous a demandé de rétablir l'équilibre des forces.
    — Vous feriez mieux de ne pas vous mettre sur le
chemin de la Hollande, déclara l'autre en haussant le ton.
    — Est-ce que je ne perçois pas chez vous un certain
emportement ? lança Ivatt en se tournant vers eux.
    — Ja, ja, de l'emportement », répliqua le
Hollandais en anglais tout en se tournant vers les deux autres. « Et vous »,
lança-t-il à Burnaby, « pourquoi vous vous prosternez devant les indigènes? Un
farang ne doit pas se comporter comme un esclave devant les Siamois. Vous êtes
des animaux comme eux », dit-il en désignant les serviteurs, « ou bien vous
êtes chefs de comptoir, Godverdomme? Alors pourquoi, maudits Anglais,
vous revenez au Siam? demanda-t-il à Burnaby.
    — Constant, intervint Ivatt, qu'avez-vous dit à ce
charmant homme ? Vous l'avez visiblement agacé.
    — Nous sommes venus prendre la relève des
Hollandais, répondit Burnaby avec un calme glacial. D'abord, ça a été le tour
du Portugal, puis le vôtre. Maintenant, c'est à nous.
    — Zwijn ! » lança le Hollandais.
    Sur ce, le Seigneur de la Province, précédé de son
porte-épée, de son porte-boîte à bétel et de quatre esclaves à demi nus apparut
sur le seuil.
    « Vous irez en prison, vous, les Anglais, poursuivit le
Hollandais, et ensuite au tombeau, vous verrez. »
    Le mandarin fronça les sourcils. Quels rudes accents
venaient troubler l'harmonie de sa maison! Encore le farang hollandais.
    À la voie du mandarin, Phaulkon se prosterna aussitôt,
imité par Burnaby et Ivatt. Le Hollandais resta assis, le souffle rauque. Le
mandarin eut un gracieux sourire puis s'assit, les jambes repliées sous lui. Ce
n'était manifestement pas un homme qui avait l'habitude de se priver, se dit
Phaulkon. Les paysans siamois étaient pour la plupart des hommes minces et
athlétiques, mais le gouverneur avait le ventre bien rond et des plis de graisse
sous le menton.
    Le gouverneur était coiffé d'un chapeau blanc, de forme
conique, attaché par un cordon sous le menton. On ne le portait que dans les
cérémonies ou les entrevues officielles. Il était cerclé d'un anneau d'or
indiquant le rang de mandarin de première classe. Il y avait cinq grades dans
le mandarinat, le premier étant le plus élevé. Il existait aussi quatre classes
de provinces. En tant que province de première classe, Ligor devait avoir sous
sa juridiction une dizaine d'autres provinces. Le gouverneur de Ligor était
incontestablement le Siamois le plus important que Phaulkon eût jamais
rencontré.
    Le Palat apparut alors en compagnie de l'interprète
malais du Hollandais. Ils se prosternèrent dès l'entrée et traversèrent toute
la longueur de la salle à quatre pattes : cela rappela à Ivatt deux chasseurs
approchant de leur proie et s'efforçant de passer inaperçus. Il avait grande
envie d'exprimer tout haut ses observations quand il se rappela sa promesse à
Phaulkon de garder le silence en présence du mandarin.
    Le gouverneur ouvrit la séance : « Nous sommes heureux de
constater que vous avez eu le temps de faire connaissance », dit-il en
regardant d'abord le Hollandais et les trois autres d'un air amusé. « Nous
saluons les nouveaux arrivants et nous remercions le Seigneur Bouddha de ne pas
avoir mis prématurément un terme à leur cycle de vie. Et nous remercions
naturellement M. Lidrim des efforts qu'il a déployés pour les sauver. » Il
salua courtoisement de la tête le Hollandais.
    Ivatt avait donc raison, se dit Phaulkon.
    Seigneur miséricordieux, faites que son discours soit
bref, pria Ivatt qui n'avait pas l'habitude de cette position inconfortable. Il
avait imité tous les gestes de Phaulkon et était maintenant appuyé sur les
genoux et sur les coudes, le front juste au-dessus du sol et les paumes jointes
dans une attitude de prière.
    Burnaby se demandait quand ils pourraient rentrer à
Ayuthia. Indépendamment de sa douleur au pied, il avait hâte de

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