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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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montreriez naturellement votre dépêche et vous nieriez toute
notre histoire.
    — Et les poinçons?
    — De toute façon, les Siamois ne pourront pas les
lire. »
    Le mandarin en avait assez. L'atmosphère était
détestable. Non seulement le Hollandais restait debout mais sa méprisable
absence de maîtrise de soi était devenue intolérable. En revanche, le farang
moyen avait toujours gardé son calme. C'était manifestement lui le vrai chef de
leur groupe, non pas le grand. Il aurait aimé savoir combien de marques de
dignité il pouvait bien avoir dans son pays. Il se demanda pour la première
fois s'il n'existait peut-être pas d'autres farangs, d'autres pays, ayant plus
de noblesse que les grossiers échantillons venus commercer sur ses rives. Et
s'il y en avait, peut-être pourraient-ils contrer le pouvoir des Hollandais et
empêcher le retour de ce jour d'infâmie où les Hollandais avaient bloqué
l'embouchure du Menam Chao Phraya en réclamant le monopole du commerce des
peaux. Sa Majesté avait été scandalisée, mais les canons hollandais l'avaient
obligée à céder. C'était la première fois qu'une puissance farang avait osé
défier la souveraineté du Siam. Il frémit à ce souvenir.
    « Kling !
    — Puissant Seigneur, la poussière de vos pieds
attend vos ordres.
    — As-tu préparé le spectacle?
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres, les
musiciens attendent dehors.
    — Bien. Nous allons manger et assister au spectacle.
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. » Le
Palat ne comprenait que trop bien que son maître souhaitait mettre un terme à
la séance. Il était surpris que son auguste personne eût laissé tant de
barbarie se poursuivre aussi longtemps.
    7
    On fit entrer les Européens dans une salle voisine et on
les invita à s'asseoir en tailleur sur des nattes de jonc, position qu'ils
trouvèrent tous plus confortable que celle qu'ils avaient dû garder jusque-là.
Avec ses murs lambrissés de bois, la pièce avait à peu près les dimensions et
la forme de la salle d'audience, à cela près qu'une moitié était occupée par
une estrade surélevée d'environ soixante centimètres au-dessus du sol : c'était
manifestement une scène. D'ailleurs, une très bizarre collection d'instruments
de musique était disposée sur un côté du plateau.
    On avait placé Ivatt en tampon entre le Hollandais et
Phaulkon, qui constata avec soulagement qu'avec l'arrivée imminente de
nourriture l'ours hollandais avait d'autres préoccupations. Une période de
calme semblait s'annoncer. Burnaby s'assit de l'autre côté de Van Risling, puis
le mandarin, installé dans cette position particulière qu'il semblait trouver
si agréable.
    Il ne restait maintenant plus de son escorte que le Palat
et l'interprète, accroupis aux pieds de leur maître. Il n'y avait pas de table,
mais chaque hôte avait devant lui un petit support rond en bois chargé de
vaisselle d'or sur lequel des servantes disposaient maintenant le contenu de
divers plats fumants.
    Ivatt se demanda où se trouvait l'épouse ou les épouses
du mandarin, mais sans doute au Siam les femmes n'assistaient-elles pas aux
réceptions officielles. Ce fut une jeune esclave aux seins nus qui s'agenouilla
auprès de chaque convive pour lui préparer sa nourriture et emplir sa coupe.
    Il examinait le contenu de ses assiettes quand le
gouverneur dit à l'interprète malais prosterné à ses pieds : « Vous allez
informer nos hôtes du contenu de chaque plat. » L'interprète débita alors un
torrent de termes malais, ce qui obligea bien malgré lui le Hollandais à
s'interrompre alors qu'il dévorait une grosse crevette.
    « Son Excellence veut que vous sachiez ce que vous
mangez, dit-il en désignant rapidement chaque plat. Voici des bébés tortues,
des anguilles à l'ail, des œufs de crocodile, des crevettes au curry, du
poisson de rivière, du potage au citron, des lézards grillés, des sauterelles
frites et des émincés de chauves-souris. Smakelyk etem, mijn heeren !
    — Qu'est-ce que c'était, ce dernier plat? demanda
Ivatt. Du hareng fumé?
    — Quoi ? fit le Hollandais.
    — Smakelyk etem veut dire bon appétit », fit
Phaulkon en riant.
    Les farangs regardèrent avec ahurissement le Hollandais
se relancer à l'assaut des plats disposés devant lui, y plongeant tour à tour
le coquillage qui lui servait de cuiller pour en enfourner le contenu dans sa
gueule béante. Il eut bientôt le nez, le menton et les joues couverts

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