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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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posait
les mains sur ses épaules, elle lança un coup d'œil à Phaulkon, puis tourna
vers le Palat un regard suppliant, exprimant qu'elle ne voulait pas offenser
l'hôte distingué de son maître mais qu'il y avait des limites à l'indignité.
    Phaulkon était sur le point de se lever. Le mandarin
chuchota quelques paroles à l'oreille du Palat et le fonctionnaire quitta
précipitamment la pièce. Son Excellence s'inclina poliment devant le Hollandais
tandis que Phaulkon, sur un genou, attendait, les poings serrés. « Monsieur
Lidrim, même s'il est clair que ma danseuse étoile est prête à vous
accompagner, c'est la coutume au Siam, quand plus d'un hôte convoite le même
prix, de décider du résultat par un jeu de hasard. » C'était la première fois que
Phaulkon entendait parler d'une telle coutume. À mesure que l'on traduisait, le
Hollandais semblait contrarié, mais le gouverneur ne lui laissa pas le temps de
protester.
    « Monsieur Lidrim, comme vous avez le rang le plus élevé,
il serait convenable que vous acceptiez de deviner le premier. Mon Palat a un
étrange défaut de naissance. L'une de ses oreilles est plus grande que l'autre.
Il croit, pour sa part, que c'est dû à une hésitation de dernière minute des
dieux, qui se demandaient s'il devait retourner dans ce cycle terrestre en tant
qu'éléphant ou en tant qu'être humain. Il est de fait qu'aucun homme, dans
cette province, ne comprend les éléphants mieux que lui. Alors, monsieur
Lidrim, peut-être avez-vous déjà remarqué qu'une des oreilles de mon Palat est
plus grande que l'autre? » Van Risling secoua la tête avec agacement. « Non ?
Eh bien alors, que ce soit là l'élément qui décidera. Veuillez deviner de
laquelle il s'agit, monsieur Lidrim. »
    Le Hollandais marmonna quelque chose à propos de jeux
puérils et répliqua brusquement : « La gauche. » Le gouverneur appela un
esclave et lui ordonna d'aller chercher le Palat. Un lourd silence s'abattit
sur la salle.
    « Que se passe-t-il ? » demanda Ivatt, qui avait suivi la
scène tout en gardant un œil sur sa fillette.
    « Il semble que le Palat ait des oreilles de taille
différente. Si la gauche est plus grande, notre ami hollandais a droit à la
danseuse. Sinon, c'est moi, répondit Phaulkon.
    — Je n'ai jamais remarqué ça chez ce nez plat,
remarqua Ivatt.
    — Moi non plus, intervint Burnaby. Laquelle est-ce?
    — Je n'en sais rien, reconnut Phaulkon. Mais nous
n'allons pas tarder à le savoir. »
    Sur ce, le Palat revint et tous le dévisagèrent. C'était
vrai : une de ses oreilles était en effet beaucoup plus grande que l'autre...
la droite. C'est curieux, se dit Phaulkon, que personne ne l'ait remarqué
auparavant.
    Van Risling poussa un juron et promena autour de lui un
regard mauvais.
    « Monsieur Lidrim », reprit le mandarin en feignant de ne
pas remarquer la déception du Hollandais, « j'espère présider demain un tournoi
de boxe, si le temps le permet. Je compte que vous me ferez l'honneur d'y
assister. Je suis moi-même grand amateur de ce sport ».
    Le Hollandais inclina sèchement la tête et remercia
brièvement le mandarin de son hospitalité. Puis il tourna les talons,
entraînant l'interprète malais dans son sillage.
    Courbant la tête et sans prononcer un mot, la danseuse
étoile s'approcha de Phaulkon. Elle s'agenouilla et prit place à ses côtés,
levant vers lui un visage éclairé par un sourire timide. Le Grec, suivi de
Burnaby et d'Ivatt, vint se prosterner devant le mandarin qui sourit avec
courtoisie.
    « Kling !
    — Puissant Seigneur, la plante de vos pieds attend
vos ordres.
    — Escorte les farangs jusqu'à leur chambre. Et
demain matin, à la première heure, je veux que tu ailles vérifier l'état du
terrain de boxe. Si le sol est encore humide, n'oublie pas qu'une journée de
soleil supplémentaire peut faire toute la différence. Et invite les farangs à
assister à la rencontre avec Barbe-Rousse. Ils ont l'air de s'être liés
d'amitié.
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. »
    Les chandelles vacillaient, faisant trembler des ombres
au plafond. Les feuilles d'or de la petite armoire laquée luisaient faiblement.
Des fleurs fraîches et du thé de Chine tiède étaient disposés de part et
d'autre de la natte de jonc. On avait déplié les couvertures de soie. Avec des
mouvements très doux et en souriant timidement, la danseuse commença à
déshabiller Phaulkon. Elle éprouvait un mélange d'excitation et de

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