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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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plaine côtière, la mer
d'un côté, et les vertes rizières étincelant au soleil de l'autre. La route,
une chaussée de boue séchée sur de l'argile rouge, suivait le bord des rizières
et était à peine assez large pour que deux éléphants puissent cheminer de
front. Des buffles indolents regardaient passer le cortège et les petits
garçons juchés sur leur dos sautaient à terre pour courir tout excités à leur
rencontre. Des paysans bmnis par le soleil et coiffés de grands chapeaux
s'arrêtaient de repiquer le riz pour relever la tête et regarder sans un mot la
procession. Puis, devinant soudain l'objet de tout ce cérémonial — car la
rumeur qu'on avait découvert un éléphant blanc s'était répandue dans toute la
campagne comme le feu le long d'une traînée de poudre —, ils se laissaient
tomber à terre, pour se plonger dans l'eau des rizières où ils travaillaient.
    Pour les modestes fermiers, ce magnifique cortège devait
en effet être imposant. Deux des éléphants étaient chargés de somptueux
présents du gouverneur à Sa Majesté le roi et à Son Excellence le Barcalon :
rubis ramenés des mines de la région, épices venus de
    la colonie hollandaise de Batavia, kriss au manche
incrusté de joyaux importés des États malais plus au sud et magnifiques
porcelaines chinoises récemment déterrées dans les environs de Ligor. Mais le
plus beau de tous les cadeaux, c'était l'éléphant blanc qui voyageait sans
aucune charge, au milieu du cortège. Une douzaine d'esclaves veillaient sur
lui, deux mahouts l'encadraient et il était accompagné d'une jeune éléphante
pour le distraire pendant le trajet. Chaque fois que l'on s'arrêtait pour un
repas ou une brève halte, chaque homme se tournait vers l'animal tout blanc aux
yeux roses et s'inclinait respectueusement.
    De rares nuages mouchetaient un ciel clair et, pour se
protéger du soleil, les hommes portaient sur la tête des bouts de tissu comme
on l'aurait fait d'un mouchoir. De loin en loin, le feuillage d'un aulne
répandait un peu d'ombre sur la route. Des bosquets de bambous et de bananiers
parsemaient le paysage et l'on apercevait des palmiers sur le rivage tout
proche.
    Phaulkon éprouvait un énorme soulagement d'être parti,
mais le choc de la veille l'obsédait encore et l'absence de Sunida le harcelait
comme une épine dans son flanc.
    Profitant d'une halte, il avait mis pied à terre et
s'était précipité sur Ivatt. Il voulait absolument avoir des nouvelles de la
langue du petit homme.
    « Constant, répondit Ivatt intrigué, ma langue vous
obsède étrangement. Comment va donc la vôtre?» Phaulkon n'avait pas osé répéter
à Ivatt ou à Burnaby l'épisode de la langue : au premier parce qu'il avait
honte d'avouer qu'il aurait pu laisser une chose pareille se produire, et au
second parce que Burnaby n'en serait devenu que plus nerveux. Maintenant que
Phaulkon s'était finalement convaincu que tout cela n'était qu'une ruse du
gouverneur, il décida de l'oublier.
    Plusieurs des hommes avaient soudain abandonné leur
monture et se dirigeaient vers la tête du cortège où un énorme python bloquait
le passage. Il avait avalé un cochon tout entier, dont on distinguait
clai-rement la forme. Le python avait la peau tendue à éclater et semblait
incapable de bouger.
    « Il ne va pas être content d'être dérangé en pleine
digestion », fit observer Phaulkon à Ivatt. Les deux hommes étaient venus
rejoindre le groupe animé à l'avant de la procession.
    « Exactement comme mon père après son déjeuner dominical,
gloussa le petit homme.
    — À votre place, cria Burnaby de l'arrière, je
regagnerais ma monture. C'est là que vous serez le plus en sûreté. La région
grouille de scorpions et il y a toutes sortes de petits serpents qui se fondent
de façon extraordinaire dans leur environnement.
    — Encore les conseils de Tantine, remarqua Ivatt.
    — Il a pourtant raison, rétorqua Phaulkon. Regardez
où vous marchez. »
    Après des efforts répétés pour inciter le python à
quitter la route, on fit venir à la rescousse l'éléphant de tête. Guidé par
deux mahouts, il enroula sa trompe autour du python et souleva comme une grue
les six mètres du serpent. Le python resta allongé immobile sur le bas-côté,
regardant d'un œil indigné le long cortège de grosses bêtes grises tandis que
les hommes remontaient sur le dos de leur monture et que la procession
poursuivait son chemin.
    Des oiseaux aux couleurs

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