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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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cour. Ils ne veulent pas le laisser tranquille.
    — Comme c'est charmant, monsieur Forcone. J'attends
avec impatience ce spectacle. » Le mandarin marqua un temps. « Au fait,
monsieur Forcone, la factorerie hollandaise a reçu d'Avuthia des nouvelles
extraordinaires. » Un moment il dévisagea Phaulkon.
    « Il semble qu'un membre de la Compagnie anglaise parle
couramment notre langue. » Il brandit la lettre.
    Phaulkon avala sa salive et fit un effort pour prendre un
ton détaché. « Vraiment, Excellence ? Si seulement c'était vrai! Les farangs
hollandais, malheureusement, n'hésitent devant rien pour nous calomnier, nous,
leurs rivaux. Sans doute ont-ils encore inventé une nouvelle histoire pour nous
accuser. Votre Excellence me permettrait-elle de voir la lettre ? » Il écouta
l'interprète et fut surpris de la précision de la traduction. Le jeune Eurasien
n'était pas encore corrompu par la politique.
    « Je ne vois aucune raison de ne pas le faire, monsieur
Forcone. Dans notre pays l'accusé a toujours le droit de se défendre. » Le
mandarin eut un sourire aimable pendant qu'un esclave remettait la lettre à
Phaulkon.
    On entendit un hurlement venu d'en bas et le bruit d'une
porte qui claquait. Le mandarin plissa les lèvres devant ce bruit inconvenant.
« Snit, ordonna-t-il, veillez à ce qu'on n'entende pas ça.
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. » L'esclave
Snit recula rapidement en rampant.
    La sueur perlait au-dessus des lèvres de Phaulkon. Il
allait devoir avouer. C'était fini. On ne pouvait pas les laisser faire ça à
Thomas. Il jeta un bref coup d'œil à la lettre et il s'apprêtait à tout révéler
quand un détail sur la page le frappa. Un vertige le prit. Il y avait dans ce
texte quelque chose de bizarre, mais évident. Soudain la vérité lui apparut.
    « Sunida ! Qu'on aille me chercher Sunida ! cria-t-il en
hollandais. Excellence, ce sont des mensonges, et je vais vous en donner la
preuve. » Il y avait dans sa voix des accents si scandalisés que le gouverneur
ne put s'empêcher de le remarquer. Oh, Thomas, Thomas, laisse-moi encore
quelques instants. Tout ce qu'il me faut, c'est du temps. Résiste, Thomas, je
t'en prie, résiste. Il entendit le gouverneur donner un ordre : un esclave
disparut pour aller chercher Sunida.
    Phaulkon parcourut de nouveau la lettre. Salaud de
    Van Risling! se dit-il. Si on a touché à Ivatt, je
t'arracherai les membres un par un. Bon sang, où était Sunida ?
    « Excellence, reprit Phaulkon en s'obligeant à garder son
calme. J'ai entendu des cris. Quelqu'un souffre-t-il ?
    — J'ai aussi entendu, dit le gouverneur. Je viens
d'envoyer Snit pour se renseigner. 11 ne devrait pas tarder à revenir. Mais
vous disiez, monsieur Forcone? Oh, oui... que les accusations du Hollandais
n'avaient aucun fondement, je crois ?
    — Exactement, Excellence. Et je sais qu'au Siam on
ne condamnerait jamais un innocent sans preuve. » Il jeta au gouverneur un
regard appuyé. « Cette lettre ne venait pas d'Ayuthia, Excellence. Elle a été
écrite ici même, à Ligor, et par nul autre que l'agent hollandais lui-même, heer Van Risling.
    — Vraiment? Et comment en arrivez-vous à cette
conclusion, monsieur Forcone? demanda le mandarin intrigué.
    — Je vais vous montrer, Excellence. »
    Où diable était Sunida? Pourquoi mettait-elle si longtemps?
Et pourquoi le gouverneur n'ordonnait-il pas à quelqu'un de libérer Ivatt ou du
moins de ne pas commencer la torture? Phaulkon sentait les battements de son
cœur s'accélérer. Il était sur le point d'interpeller le mandarin en siamois.
Mais là-dessus Sunida apparut sur le seuil et se prosterna respectueusement.
    Le mandarin se tourna vers elle. « Sunida, M. Forcone a
réclamé ta présence. Il semble avoir quelque chose à te dire. »
    Inquiète, Sunida parvint à afficher un timide sourire.
Phaulkon allait-il maintenant demander à Son Excellence la permission de
l'emmener à Ayuthia? L'émotion la gagna.
    « Sunida, commença Phaulkon par le truchement de
l'interprète, tu m'as montré tout à l'heure une lettre. L'as-tu encore avec toi
? » Il avait le plus grand mal à rester calme.
    « Vous voulez dire : la lettre du farang hollandais ?
demanda-t-elle surprise.
    — Oui, c'est ça, dit brusquement Phaulkon. Je t'en
prie, est-ce que je peux la voir? »
    Sunida était déconcertée. Elle ne s'attendait pas à cela
: elle lui avait montré la lettre en toute confiance. Toutefois l'expression
qu'elle lut

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