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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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les épaules. « Je veux que tu fasses vivre mes projets pour
l'Asie, mon garçon. Alors rends-toi aussi indispensable à ces Siamois que tu
l'as été pour moi tout au long de ces années... »
    Il y eut une certaine agitation dans la rue en bas et une
voix irrésistible vint les interrompre.
    « Ola, senores ! »
    White et Phaulkon regardèrent du haut de la véranda.
Quelqu'un ôtait un grand chapeau de style espagnol, tournant vers eux un large
sourire rayonnant.
    « Ce doit être l'homme dont l'intermédiaire est venu me
proposer les cinq canons, s'empressa de dire George. Je ne l'ai jamais rencontré,
mais je suis intrigué. Je lui ai demandé de venir ici plutôt qu'au bureau. »
    Phaulkon connaissait assez bien George pour savoir que,
si une proposition l'intriguait, cela voulait sans doute dire qu'il avait déjà
un plan précis en tête.
    «C'est l'aristocrate qui a eu des malheurs? murmura-t-il.
    — Ça pourrait nous arriver à tous », gloussa George.
    Le grand Espagnol borgne, planté sous la véranda, levait
les yeux vers eux. Outre un bandeau noir sur l'œil, il avait une barbe de
plusieurs jours et les cheveux emmêlés. Sa chemise de dentelles à jabot et sa
culotte noire étaient couvertes de poussière. Il ne manquait qu'un drapeau avec
un crâne et des tibias entrecroisés flottant au-dessus de lui pour compléter le
tableau.
    « Montez donc, senor, dit George. Vous devez être
le marquis d'Alcatraz? »
    Le sourire de l'Espagnol s'épanouit encore. L'homme monta
en boitillant les marches de bois qui menaient à la véranda : il s'écroula avec
reconnaissance dans le fauteuil en rotin qu'on lui proposait.
    C'est l'un de mes noms, senor, dit-il. Il est plus
facile de XXX les gens de cette façon.
    Phaulkon jeta un coup d'œil à George : il restait
impassible.
    L'Espagnol s'épongea le front avec un mouchoir crasseux
et regarda autour de lui d'un air important. Son œil unique se posa avec
concupiscence sur la bouteille de cognac à moitié vide posée sur une table.
    « Un verre de cognac, senor? demanda poliment
George.
    — Pourquoi pas ? »
    George emplit avec soin trois verres. La véranda avait
beau être ouverte sur trois côtés, il faisait chaud et lourd. Des mouches
bourdonnaient alentour mais, Dieu merci, les moustiques étaient allés se cacher
pour la journée.
    « Salud, senores. » L'Espagnol vida son verre d'un
trait et le tendit pour que George le remplisse à nouveau. « Nous sommes très
heureux de faire votre connaissance. » Son œil valide allait de l'un à l'autre
des deux hommes. « Vous êtes avec la Compagnie anglaise, non ? »
    George acquiesça.
    « Désolé, mon anglais n'est pas très bon, reprit
l'Espagnol.
    — Vous vous en tirez très bien, senor. Au
fait, mon nom est Constantin Phaulkon. »
    L'Espagnol inclina légèrement la tête. « Don Pedro de
Alcatraz y Mendoza est à votre service. Ah, senores, c'est une longue
histoire que la mienne. Muy larga ! » Il leva les bras pour prendre le
ciel à témoin. « Vous voyez devant vous un officier de la marine impériale
espagnole. Je servais sur le grand vaisseau Santa Cruz quand on
transportait des fortunes en or de la Nueva Espana à Manila. Maintenant... » Il
haussa les épaules et désigna sa jambe. « Depuis l'accident, je suis, hum,
comme qui dirait, à la retraite. Mais j'ai des relations, senores, de
nombreuses relations...
    — Des relations avec des marchandises particulières,
ai-je cru comprendre, suggéra George.
    — Ah, si, muy especial. » Il tendit de
nouveau son verre comme s'il avait besoin d'un soutien avant de poursuivre. Il
attendit qu'on l'eût empli puis le vida de nouveau d'un trait. « J'ai à vendre,
dit-il en se penchant d'un air de confidence, cinq des plus beaux canons
hollandais. Des pièces qui viennent droit de chez De Groto. » Il se baisa le
bout des doigts d'un air de connaisseur. « Preciosos ! »
    White et Phaulkon échangèrent un regard.
    « Des canons venant de qui ? interrogea Phaulkon.
    — De Groto, senor. El numéro uno à Amsterdam.
    — Il doit vouloir dire De Groot ! s'exclama George,
impressionné.
    — Si, si, De Groto », confirma l'Espagnol,
apparemment ravi de voir qu'ils étaient sensibles à la qualité de sa
marchandise. Il les regarda d'un air de conspirateur. « En raison de
circonstances particulières, je peux les vendre à un prix especial. »
    Phaulkon se demandait comment cette canaille avait bien
pu acquérir un article aussi précieux, sans doute

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