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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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dernière nuit
ensemble et tous deux envisageaient la sépara-
    tion le cœur gros. Il se tournait fréquemment dans sa
direction et les regards qu'ils échangeaient étaient plus éloquents que tous
les mots. « Je reviendrai pour toi », disaient les yeux du Grec. « J'attendrai
», répondaient ceux de Sunida.
    On remarquait une fois de plus l'absence de Van Risling,
de Burnaby et d'Ivatt. Le Hollandais avait adressé à Phaulkon un billet
furibond pour lui dire que, même si celui-ci avait pu tromper les Siamois,
lui-même n'avait assurément pas l'intention d'en rester là. Il n'aurait de
cesse que le dernier Anglais et tous leurs laquais méditerranéens reposent six
pieds sous terre ou aient été chassés du Siam.
    On avait interdit à Phaulkon toute communication avec
Burnaby : cela lui avait épargné les récriminations dont ce dernier l'aurait
assurément accablé. Le vieil homme, il en était convaincu, devait penser qu'il
avait on ne sait comment échangé sa liberté contre celle de son chef. Phaulkon
regrettait de ne pas avoir l'occasion de lui confirmer, ainsi qu'à Ivatt, que
son premier objectif une fois arrivé à Avuthia serait de les faire libérer. Il
était certain qu'Ivatt s'en doutait, mais l'irritabilité de Burnaby fausserait
sans doute son jugement.
    Le gouverneur s'approcha alors du Grec avec son
interprète. C'était de nouveau Pieter : Phaulkon lui sourit, sachant d'instinct
que le jeune homme le trouvait sympathique. Phaulkon n'oublierait pas comment
l'Eurasien avait traduit mot pour mot ce qu'il avait dit la veille, si peu
flatteurs que fussent ses propos pour le Hollandais. Le jeune homme jeta un
coup d'œil à Phaulkon, observant avec admiration la décoration qu'il portait
autour de son cou. Il pensa à la vivacité d'esprit du Grec et à ses bonnes
manières. Peut-être, songea Pieter avec nostalgie, son père à lui était-il un
farang comme celui-là.
    « Alors, monsieur Forcone, dit le mandarin en s'adressant
à lui par le truchement de l'interprète, votre séjour parmi nous est arrivé à
son terme. Ce fut une rencontre fructueuse et animée, et votre visite nous a
honorés. Je pourrais ajouter que certains de nos boxeurs ici vont étudier de
nouvelles techniques en prévision de votre retour. » Il y eut des rires amusés
dans la foule. « Nous sommes persuadés que vous serez bientôt parmi nous »,
ajouta-t-il à dessein. « En attendant, puisse le Seigneur Bouddha et vos dieux
vous protéger durant ce voyage. »
    Phaulkon se prosterna une dernière fois. « Votre
Excellence m'a prodigué sa somptueuse hospitalité et mon seul regret est de lui
laisser la charge de mes collègues encore retenus par leur indisposition.
J'espère qu'ils seront bientôt capables de faire le voyage. — Nous l'espérons
tous, monsieur Forcone. » On hissa la grand-voile en forme d'aile de
chauve-souris et on remonta la pesante ancre de bois. Phaulkon monta à bord,
jetant un dernier regard à Sunida. Puis la jonque glissa doucement sur les eaux
bleues du golfe du Siam.
    13
    Lek, la petite esclave, était assise en tailleur dans les
cuisines royales où elle terminait son repas de riz et de poisson matinal. Elle
ajouta une dernière touche de sauce de laitance et mélangea le tout avec ses
doigts dans le petit bol. Le tenant d'une main, du pouce et de l'index de
l'autre main, elle fit glisser le contenu dans sa bouche. Autour d'elle, une
dizaine d'esclaves terminaient leur repas, tous assis en tailleur d'un côté des
vastes cuisines. À l'autre extrémité, des cuisiniers en gants blancs étaient
occupés à plumer des poulets avant de les disposer dans des marmites noires
fumantes. Les gants indiquaient que les volailles étaient destinées aux
appartements royaux : aucun des mets préparés pour la bouche royale ne pouvait
être touché par des mains humaines. Lek posa son bol vide dans une grande
bassine pleine d'eau, salua les cuisiniers et s'en alla.
    Courbant l'échine, elle suivit aussi discrètement que
possible les couloirs qui montaient jusqu'aux appartements de sa maîtresse, la
reine princesse. Au bout de chaque couloir, elle grimpait une autre volée de
marches jusqu'à l'étage suivant : il y avait sept niveaux dans le Palais
intérieur et plus on montait, plus on approchait des appartements royaux. Ceux
de la reine princesse étaient au sixième niveau et seul le Seigneur de la Vie
lui-même occupait un étage supérieur.
    Elle était maintenant parvenue au cinquième niveau :

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