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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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crois, monsieur Forcone, répondit le mandarin
d'un ton sournois, que M. Burnaby aura davantage besoin de compagnie que vous
durant cette période.
    — Comme vous le souhaitez, Excellence, dit Phaulkon,
qui ne voulait pas risquer de remettre en cause ce qu'il avait déjà obtenu.
Puis-je alors vous demander d'avoir la bonté de me rendre l'exemplaire de mon
rapport destiné à Son Excellence le Pra Klang. Je devrai le présenter au
Ministre royal dès mon arrivée.
    — Ne vous préoccupez pas de ça, monsieur Forcone. Le
rapport sera envoyé par courrier spécial et parviendra bien avant vous. »
    Phaulkon resta un moment silencieux. Fâcheux contretemps
! Il aurait dû se douter que le rusé gouverneur ne lui rendrait pas si
facilement le document.
    Mais allait-il vraiment l'envoyer avant lui? Dans ce cas,
quel genre d'accueil lui ferait-on à Ayuthia? Phaulkon frémit à cette idée.
    « Et combien de temps mes collègues vont-ils rester ici,
Excellence? demanda-t-il en essayant de ne plus penser aux conséquences de son
rapport.
    — Jusqu'à ce que leur départ soit autorisé par
Ayuthia.
    — Puis-je m'entretenir avec eux avant mon départ ?
    — Il ne saurait y avoir de communication entre vous.
    — Sunida peut-elle m'accompagner?
    — Pas pour l'instant. Plus tard peut-être, quand tout
se sera calmé.
    — C'est sûr alors ?
    — Peut-être.
    — Mais sera-t-elle totalement libre ici ?
    — Comme avant votre arrivée. Elle est à la tête de
ma troupe de danseuses.
    — Puis-je utiliser votre navire pour regagner
Avuthia?
    — Naturellement, mais il me faudra le récupérer.
    — Puis-je partir immédiatement ?
    — Dès que vous aurez transporté le canon jusqu'au
palais.
    — Votre Excellence est infiniment gracieuse. »
    Les deux hommes s'inclinèrent bien bas l'un devant
    l'autre, les paumes respectueusement jointes au-dessus de
leur front. Phaulkon savait qu'un accord verbal valait tous les contrats
écrits. Au Siam on n'avait jamais besoin de compter sa monnaie au marché. Les
farangs nouvellement arrivés qui le faisaient par inadvertance offensaient
irrémédiablement les Siamois.
    Cet après-midi-là, à marée basse, avec l'aide de trois
éléphants, six longueurs de double cordage tissé avec l'écorce verte de
cocotiers et une armée de paysans équipés de pelles et prononçant des prières,
on retira le canon de la mer et on le hissa sur un chariot renforcé tiré par
des buffles.
    Au cours d'une grandiose cérémonie en présence de la Cour
et de tous les dignitaires de la ville, Constantin Phaulkon, au nom de la
Compagnie anglaise, offrit officiellement le canon à Son Excellence le
gouverneur. Durant tout ce temps, on utilisa les services de deux interprètes
malais. On excusa l'absence de Burnaby et d'Ivatt en expliquant que leur état
de santé ne leur permettait pas d'être présents. Le trajet à dos d'éléphants
les avait rendus sérieusement malades et ils étaient actuellement incapables de
faire le voyage jusqu'à Ayuthia. Il en allait de même du chef de factorerie
hollandais. En fait, ce dernier était occupé à rédiger un rapport furieux
destiné à son supérieur à Ayuthia. Ce rapport recommandait vivement qu'on
envoie à la direction britannique à Madras une dépêche racontant par le menu
les activités clandestines de leurs agents au Siam. On insistait aussi sur la
nécessité de les expulser immédiatement du pays.
    Le gouverneur et toute sa cour, installés sur la jetée,
assistèrent au départ de Phaulkon. Le navire du gouverneur, arborant fièrement
le pavillon bleu et blanc de Ligor, se balançait doucement sur la houle, tandis
que des esclaves transportant avec adresse sur leur tête des sacs de provisions
grimpaient sur les marches de bambous menant au pont.
    On avait soigneusement gardé le silence sur les
événements de la veille. La nouvelle du départ de Phaulkon fit accourir sur la
jetée tous les personnages importants chargés de cadeaux pour Son Excellence le
Pra Klang. L'hçnorable farang, qui s'était vu décerner l'ordre de l'Éléphant
blanc de troisième classe, était chargé d'une lettre d'introduction pour le
puissant Pra Klang de la part de leur noble gouverneur.
    Contrairement à l'habitude, les dames de la Cour étaient
présentes : couvertes de bijoux, pieds nus et de nouveau vêtues de leurs
élégants panungs noirs. Sunida, radieuse au milieu d'elles, s'efforçait
d'attirer l'attention de Phaulkon. Ils avaient passé leur

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