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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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s’éloignèrent. L’Inconnu ferma les paupières et, avec un grand soupir, s’écroula comme une masse aux pieds du moine.

 
    CHAPITRE IV
    À Framlingham, le sergent précéda Corbett dans un sombre escalier en acajou menant à une galerie déserte où résonnait chaque pas. Au mur, croix et écus arborant les armoiries des différents chevaliers alternaient avec des têtes empaillées de cerf et de loup qui fixaient le magistrat de leurs yeux de verre. Seule une baie, au fond, éclairait la pièce et créait une étrange atmosphère où lumière et obscurité jouaient en une mystérieuse étreinte. Des sentinelles, silencieuses comme des statues, montaient la garde dans les coins et devant les portes. Après avoir gravi un autre escalier, Corbett et le sergent pénétrèrent enfin dans une pièce ovale, la salle du conseil. Ses murs étaient nus à l’exception de deux grandes bannières frappées de l’emblème du Temple. Un simple foyer avec une échappée dans le toit faisait office de cheminée. L’absence de tout meuble et tapis, des archères en guise de fenêtres lui conféraient un aspect austère et intimidant. Corbett eut le coeur serré en sentant une étrange odeur de chair brûlée qui lui rappelait les villages écossais incendiés.
    Les commandeurs, assis en arc de cercle dans de massives stalles sculptées, firent brusquement silence lorsqu’il entra. Jacques de Molay, au centre, l’invita à prendre place à sa droite. Le magistrat passa près d’une table où des cierges pourpres entouraient un corps recouvert d’un drap en sarcenet frangé d’or : vision d’horreur, source de l’odeur âcre, rendue encore plus pitoyable par les bottes boueuses dépassant du tissu.
    — Nous nous attendions à votre visite, Sir Hugh, et menions l’enquête préliminaire, selon la règle de notre ordre, dit Jacques de Molay en désignant la dépouille. Notre régisseur, Sir Guido Reverchien, est mort mystérieusement ce matin – brûlé vif au centre du labyrinthe.
    Corbett observa les commandeurs ; ils se ressemblaient tous avec leurs faces hâlées et impassibles. Aucun n’esquissa le moindre geste de bienvenue.
    — Tous les jours, juste avant l’aube et par tous les temps, poursuivit Molay, Sir Guido accomplissait son pèlerinage privé qui le menait au centre du labyrinthe. Après toutes ces années, il le connaissait si bien qu’il était même capable de le parcourir en pleine obscurité, en chantant des psaumes et en récitant son chapelet.
    Corbett regarda le linceul. Il n’ignorait pas l’existence de ces labyrinthes grâce auxquels les fidèles dans l’impossibilité d’accomplir leur voeu d’aller en pèlerinage ou en croisade pouvaient faire pénitence en suivant l’allée tortueuse d’un dédale ingénieux jusqu’à une croix ou une statue du Christ.
    — Comment un homme a-t-il pu périr en un tel lieu ? dit-il.
    — C’est pour en débattre que nous nous sommes réunis, expliqua Legrave. Selon toute apparence, Sir Guido était parvenu au centre et avait allumé les cierges au pied de la croix quand il a été dévoré par un feu étrange.
    — Des témoins ?
    — Aucun. Très peu connaissaient les secrets de ce labyrinthe. Son vieil ami, Odo Cressingham, notre archiviste, montait la garde à l’entrée. Personne n’y a pénétré avant Sir Guido ni ne l’a suivi. Odo s’est installé sur une banquette gazonnée, comme tous les matins. Comme Sir Guido souffrait toujours des genoux et des jambes après son pèlerinage, il avait besoin d’aide pour gagner le réfectoire. C’était une belle matinée, a dit Odo, et le ciel s’éclaircissait lorsqu’il a entendu les cris affreux du régisseur. Il est monté sur la banquette gazonnée et a donné l’alarme en voyant un nuage de fumée s’élever du centre. Lorsque, accompagné de sergents, il est arrivé au coeur du labyrinthe, voici ce qu’il y a trouvé.
    Legrave se leva et ôta le linceul.
    Un coup d’oeil suffit à Corbett qui détourna aussitôt la tête. Le corps de Reverchien n’était plus que cendres. Des cheveux brûlés jusqu’aux bottes pitoyables, le feu avait effacé tous les traits du visage et réduit à néant chair, graisse et muscles. N’eussent été la forme générale de la tête et les emplacements des yeux, du nez et de la bouche, Corbett aurait cru voir une bûche calcinée.
    — Recouvrez-le ! ordonna Jacques de Molay. Notre frère Guido a rendu son âme à Dieu. Nous allons

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