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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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êtes ! brailla une voix.
    Corbett tira sur les rênes en levant la main en signe de paix. La face à demi dissimulée sous sa coiffe de mailles et son lourd casque à nasal, un soldat s’avança, se mit à l’interroger et ne le laissa entrer qu’après qu’il eut montré la bague du roi et ses mandats. Deux templiers le précédèrent dans l’allée ombragée qui serpentait entre les arbres. Il entendait des aboiements, non loin, et le bruit sec des fougères qui se brisaient. Ranulf talonna son cheval pour le rattraper.
    — Que se passe-t-il, Messire ? La garde aux portes a été renforcée. Il y a des soldats et des chiens de guerre au pied des arbres.
    — Quelque chose de grave s’est-il produit ? s’écria Corbett.
    L’un des soldats revint vers eux.
    — Personne ne vous a rien dit ? Sir Guido, le régisseur, a été tué ce matin. On l’a retrouvé mort au centre du labyrinthe, complètement brûlé.
    — Le feu !
    — Oui-da. Le feu du ciel ou de l’enfer, va savoir ! Le grand maître et les commandeurs tiennent conseil à l’heure qu’il est.
    Et il reprit sa marche. L’allée fit un tournant et déboucha sur l’immense étendue herbeuse qui entourait le manoir de Framlingham. Cet imposant bâtiment à trois étages, auquel s’étaient ajoutées deux ailes, était vaste comme la demeure d’un grand marchand. Construit en arc de cercle, il évoquait, en effet, une riche résidence, voire un palais. Les poutres noires et les façades ocre des étages s’appuyaient sur un rez-de-chaussée en belle pierre. Sous les tuiles rouges, le verre des fenêtres miroitait au soleil de l’après-midi. Pourtant, un silence oppressant pesait sur le domaine. Ils contournèrent le corps de logis pour gagner les écuries. Palefreniers et valets, qui semblaient en proie à la frayeur la plus vive, accoururent vers eux comme si l’action pouvait rompre la tension. Corbett ordonna à ses serviteurs de surveiller le poney de bât, puis, emboîtant le pas au sergent, il franchit une porte dérobée pour entrer dans des couloirs lambrissés.
    Le chevalier que le cheikh Al-Jebal avait surnommé « l’Inconnu » glissa à bas de sa rosse devant la maladrerie, près de l’église St Pierre-le-Willows, accotée à Walmer Gâte Bar. Il se reposa un moment, appuyé à son cheval, une main sur le haut pommeau de la selle, l’autre sur la garde de l’épée à double tranchant, attachée à l’arçon.
    — Je me meurs, murmura-t-il.
    La terrible maladie qui le rongeait s’était manifestée par d’autres larges plaies ouvertes. Il avait essayé de les dissimuler sous l’esclavine {22} qui l’enveloppait des pieds à la tête, sous les gantelets et la bande de tissu noir qui lui cachait le visage. Le vieux destrier, acheté à Southampton, renâcla et hennit légèrement, tête pendante, complètement fourbu.
    — C’est la fin pour nous deux, chuchota l’homme. Dieu m’est témoin que je n’en peux mais.
    Il avait passé des journées à parcourir York, puis à rôder près du manoir de Framlingham, au-delà de Botham Bar. Caché dans l’ombre des arbres, il avait épié les commandeurs et Jacques de Molay. La vue de leurs manteaux, des bannières et des étendards claquant mollement au vent lui avait broyé le coeur et avait fait monter des larmes à ses yeux délavés. Il sentait que sa soif de vengeance s’était atténuée depuis sa libération des geôles sarrasines. Avant de rendre son âme à Dieu, il voulait se réconcilier avec ses frères et avec le Ciel. La fin était proche. Des années durant, dans les cachots du Vieux de la Montagne, l’Inconnu avait échappé à la mort, mais à présent, sous le soleil du Créateur, de retour dans un pays où le son des cloches résonnait pardessus de vertes prairies bien grasses, à quoi lui aurait servi la vengeance ? La main du Seigneur avait déjà frappé...
    — Puis-je vous aider, mon frère ?
    L’Inconnu se retourna, portant instinctivement la main à la dague passée à sa ceinture. Le vieux moine, au visage plein de bonté, n’eut aucun geste de recul lorsqu’il abaissa son masque de soie noire.
    — Je vois, vous êtes lépreux, murmura-t-il. Avez-vous besoin d’aide ?
    L’Inconnu fit signe que oui et lut la douceur dans les yeux larmoyants du moine. Il ouvrit sa bouche déformée pour parler, son cheval broncha et il fut pris de vertiges. La silhouette du frère devint floue, les murs de la maladrerie

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