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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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passe-t-il, Corbett ? souffla-t-il d’une voix rauque. Pour l'amour de Dieu, que se passe-t-il ? Cet incendie est déjà horrible en soi, mais Bartholomew ! Un pareil combattant mourir dans son lit, auprès d’un autre homme ! Qu’en pensera notre Juge à tous ? Quelle infamie pour notre ordre !
    Il se dégagea et s’avança vers le seuil d’un pas mal assuré. Corbett fit signe à Ranulf de l’aider. Le grand maître se traîna jusqu’au couloir comme un vieillard, avant de s’appuyer au mur, les yeux clos.
    — J’ai entendu les bruits qui couraient, chuchota-t-il. Des amitiés se forment. Parfois nous, qui n’avons pas d’enfants, recherchons quelqu’un que nous aurions aimé avoir comme fils. C’était peut-être le cas de Bartholomew. Le châtiment divin l’a frappé et la poigne du Malin s’est fait sentir.
    Corbett s’essuya le visage, couvert de suie et de cendres.
    — Balivernes ! se récria-t-il. Ils ont été tués. Avec préméditation.
    — Mais les rumeurs vont se propager parmi les méchants.
    Molay fixa sur Corbett un regard éteint.
    — Il a choisi son destin.
    — Taisez-vous ! protesta le magistrat.
    Le grand maître baissa la tête et sanglota sans bruit, puis, séchant ses larmes sur sa manche, il agrippa le bras du clerc comme un homme frappé soudain de cécité. La démarche hésitante, il longea le couloir jusqu’à la cour et, sans prêter attention à ses compagnons, regagna lentement ses appartements, escorté de Corbett et de Ranulf. Là, il se détendit un peu. Puis il se débarrassa dans la bassine d’eau de la sueur et de la saleté qui maculaient ses mains et son visage. Enfin il remplit trois gobelets de vin et servit ses invités, en s’excusant à profusion, à cause de l’heure matinale, mais en citant Saint-Paul qui recommande de boire un peu de vin pour calmer l’estomac. Il resta longtemps à regarder par la fenêtre, hagard, sirotant sa boisson. Ranulf jeta un coup d’oeil interrogateur à son maître, mais celui-ci lui fit signe de se tenir coi, un doigt sur les lèvres. La porte s’ouvrit. Branquier, Symmes et Legrave se glissèrent dans la cellule et prirent place discrètement. Jacques de Molay, enfin, poussa un long soupir et fixa Corbett droit dans les yeux.
    — Ce n’était pas un accident, n’est-ce pas ?
    — Non, c’est un assassinat.
    — Comment cela ? s’exclama Symmes. Grand maître, je viens d’examiner ce qui reste de la serrure et des verrous. La clef a fondu à l’intérieur. Les verrous en haut et en bas étaient bien tirés.
    — Et la fenêtre ? demanda Ranulf. Si elle était ouverte, on aurait pu y lancer un brandon.
    — J’ai vérifié. Les sentinelles affirment que les volets étaient solidement fermés.
    Ils ne voulaient penser qu’à l’incendie. Nul n’osait mentionner les circonstances de la mort de Baddlesmere.
    — Le feu brûlait avec tant d’intensité, déclara Jacques de Molay, un vrai brasier !... Qu’est-ce qui a bien pu le déclencher ?
    Il fit un geste vague de la main.
    — Certes, les accidents arrivent. Une chandelle qui tombe dans la jonchée ou une lampe à huile qu’on renverse, mais des flammes qui se propagent aussi vite...
    Il hocha la tête.
    — Ça ne peut pas être quelque chose de ce genre.
    — Et si cela avait été un accident, fit remarquer Corbett, pourquoi Baddlesmere et son compagnon n’ont-ils pas donné l’alerte et éteint les premières flammèches ?
    — D’après le sergent, répondit Legrave, ils étaient soit déjà morts soit sans connaissance.
    — Des sodomites ! cracha Symmes, les traits déformés par le dégoût, la voix suraiguë. Ils sont morts en état de péché mortel.
    — Cela, c’est à Dieu d’en décider, rétorqua Corbett. Ce qui m’intéresse, c’est la façon dont ils ont perdu la vie. Les fenêtres et les portes étant fermées, comment a-t-on pu pénétrer dans la cellule et allumer un tel incendie ?
    Il regarda les templiers.
    — Quelque chose d’anormal s’est-il passé ici hier soir ?
    Ils lui répondirent par la négative.
    — Et Baddlesmere...
    Il hésita. Il lui fallait s’exprimer avec la plus grande prudence.
    — ... Était-on au courant de sa liaison avec Scoudas ?
    — Des bruits ont couru, répondit Symmes. Vous savez, ce genre de commérages qui se répand dans toute communauté, comme un fleuve.
    Il se tut car on frappait à la porte. Un sergent entra rapidement. Après avoir dit deux

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