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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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encore plus aux yeux des princes de la chrétienté.
    — Mais vous êtes à l’agonie ! s’exclama Corbett. Quand vous rôdiez dans les bois près du manoir, pourquoi n’avez-vous pas demandé audience à Jacques de Molay ?
    — Parce que...
    Le lépreux ferma les yeux.
    — Parce que, Sir Hugh, je veux me présenter sans taches devant le Juge suprême. Non, non, enchaîna-t-il en hochant la tête, ce n’est pas là toute la vérité. En traversant l’Europe, j’ai entendu les ragots que l’on colporte sur mon ordre. Je ne voulais pas le salir davantage.
    — Pourquoi avoir fait appel à moi ?
    — Mon désir de vengeance a disparu, Sir Hugh, mais pas ma soif de justice. Informez Molay de ce que je vous ai raconté. Que ses commandeurs lui rendent compte de leurs faits et gestes à Saint-Jean-d’Acre !
    — Rien d’autre ? Aucune précision quant au rempart ou au quartier concerné ?
    — Les commandeurs le sauront. Ils poseront leurs questions. Ils s’interrogeront les uns les autres.
    Il saisit la main de Corbett.
    — Jurez que vous le ferez, Sir Hugh.
    Corbett scruta la face si cruellement marquée de l’Inconnu.
    — Vous n’avez pas peur qu’un lépreux vous touche, hein ? demanda le mourant d’un ton léger.
    — Je sais qu’il faut plus qu’un simple toucher pour être atteint par la contagion, répliqua Corbett. Mais oui, je vous le promets, qui que vous soyez : j’en parlerai à Jacques de Molay quand je le jugerai bon.
    Il reposa la main du templier sur la couverture.
    — Rien d’autre ?
    L’Inconnu fit signe que non.
    — J’ai l’esprit en paix, à présent. Partez, maintenant !
    Corbett se dirigea vers le seuil.
    — Sir Hugh !
    Il se retourna.
    — Je suis au courant de ce qui s’est passé au manoir : ces incendies terribles... Celui qui les a allumés, c’est le couard, j’en suis sûr !
    Dans le couloir, le magistrat resta un moment assis sur un banc. Ce qu’avait révélé l’Inconnu était, certes, important, mais dans quelle mesure et pourquoi ? Il soupira. Il ne dirait rien à Jacques de Molay, ni à personne d’ailleurs, même pas à Ranulf, tant que les autres questions resteraient sans réponse.
    Corbett et Ranulf rentrèrent à Framlingham entre chien et loup, après une chevauchée fort silencieuse, car le magistrat avait refusé de satisfaire la curiosité de son serviteur. Ils trouvèrent Maltote affalé sur le lit de Corbett, serrant contre son coeur deux lourds volumes reliés en veau. Le messager s’éveilla en sursaut, les bras crispés autour des livres, et les fixa de ses yeux de hibou.
    — Je suis navré, Messire, mais il a fallu que j’attende.
    Il posa les livres sur le lit.
    — Le roi Édouard ?
    — Il est dans tous ses états. Il s’est enfermé dans ses appartements avec John de Warrenne et ses autres conseillers. Il a ordonné aux shérifs de bloquer les ports. Les templiers sont vraiment tombés en disgrâce.
    — Nous savons tout cela, rétorqua Ranulf. Aucun message pour nous ?
    — Il va falloir que nous retournions à York. Il veut reprendre l’affaire en main.
    — Qu’as-tu découvert sur les phrases que j’avais transcrites ? demanda Corbett en s’asseyant près de Maltote et en ouvrant l’un des livres. Seigneur ! Qu’as-tu apporté là ? s’exclama-t-il. Les Commentaires de saint Jérôme sur saint Matthieu ?
    — C’est plus loin, balbutia Maltote. J’ai montré les phrases à l’archiviste de la cathédrale, et il m’a donné ces ouvrages.
    Corbett feuilleta le livre. Soudain, un titre attira son attention.
    — Liber Ignium, le « Livre des Feux », murmura-t-il, la même référence que sur les parchemins d’Odo.
    Il prit le deuxième volume, un recueil d’écrits philosophiques. Il le parcourut rapidement et sourit tout à coup. Il avait trouvé ce qu’il cherchait : De secretis operibus artis et naturae {34} .
    — Les écrits du frère Roger Bacon sur les secrets de la nature, expliqua Corbett. Bacon, un franciscain, avait étudié à Oxford. Reclus excentrique, il avait bâti un observatoire sur Folly Bridge et passait le plus clair de son temps à étudier les étoiles.
    — Vous le connaissiez ? demanda Ranulf.
    — Vaguement. Il donnait parfois des cours à l’université. C’était un petit homme robuste au teint hâlé et à la barbe taillée en carré. Myope comme une taupe, mais doté d’une voix qui portait loin. Certains le considéraient comme un

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