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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ces assassinats. Le grand maître a raison : nous n’avons pas le droit de le retenir ici plus longtemps.
    — Notre souverain le ferait-il arrêter ?
    — J’en doute. Jacques de Molay appartient à la noblesse et est sujet de Philippe de France. Notre souverain pourrait pousser de hauts cris, le retarder dans quelque port et menacer de confisquer les biens de l’ordre, mais Molay finirait par s’en aller et en appellerait au pape.
    — Et le tueur s’en sortirait sans dommages.
    — C’est fort possible dans l’état actuel des choses. Mais ne décevons pas nos hôtes. Allons nous laver et nous changer.
    De retour à l’hostellerie, Corbett se replongea dans l’étude des recueils apportés par Maltote. Il lut les premiers chapitres de l’ouvrage de Bacon, mais n’y découvrit rien qui pût l’aider. Le livre dans les mains, il repensa à l’agonie de l’Inconnu. Quelle valeur avaient ses révélations, cette accusation de lâcheté à Saint-Jean-d’Acre des années auparavant ? Le pleutre se trouvait-il à Framlingham ? Tout à coup l’orage éclata. La pluie fouetta la fenêtre, le tonnerre gronda au-dessus du manoir tandis que les éclairs illuminaient le domaine et les bois d’une lumière aveuglante et soudaine.
    — Quelque chose d’intéressant dans ces ouvrages ? s’enquit Ranulf en s’approchant.
    — Non, répondit Corbett en se grattant la tête. Rien.
    Puis il se leva.
    Tout cela attendra.
    Il ôta son surcot.
    — Je suis curieux de voir la suite des événements.
    Ranulf le regarda sans comprendre.
    — Je me demande si l’assassin pensait que je me contenterais de Baddlesmere comme coupable !
    — Nous sommes encore en danger ?
    — Peut-être, Ranulf. Allez...
    Il écouta la cloche dont le tintement lugubre était presque couvert par les coups de tonnerre.
    — Ne faisons pas attendre nos hôtes.
    Ils se préparèrent en hâte, s’enveloppèrent de leurs capes et gagnèrent le corps de logis, en courant sous la pluie battante. Jacques de Molay et les commandeurs les reçurent dans la grand-salle. Corbett se força au calme, malgré le frisson qui lui parcourut l’échine. Un éclair jaillit derrière la fenêtre et le tonnerre claqua. On avait allumé toutes les torches et une rangée de candélabres sur la table projetaient des ombres démesurées qui dansaient et s’agitaient sur les murs. L’accueil réservé à Corbett et à ses serviteurs fut glacial. Le grand maître leur indiqua leurs places : Corbett à sa gauche, Ranulf et Maltote au bas bout de la table. Après avoir récité le bénédicité, on apporta les plats des cuisines. Corbett eut du mal à avaler, examinant son gobelet et ne buvant qu’après avoir vu boire au même pichet.
    — Vous n’avez guère confiance en nous, murmura Molay, en prenant une bouchée de pain.
    — J’ai assisté à des banquets plus joyeux, répliqua Corbett.
    Le repas se poursuivit. Legrave essaya d’entamer une conversation, mais le grand maître était plongé dans ses pensées tandis que Symmes et Branquier gardaient les yeux obstinément fixés sur la table, bien décidés à traiter par l’indifférence le magistrat et ses serviteurs. Le souper se terminait lorsqu’on frappa violemment à la porte. Corbett se retourna sur son siège. Un sergent fit irruption dans la salle.
    — Monseigneur, s’écria-t-il, le souffle court, les soldats du roi !
    Jacques de Molay se leva à demi. Sa surprise fut de courte durée, car la porte fut repoussée avec fracas par un capitaine de la garde royale qui, dégoulinant de pluie, s’avança à grandes enjambées vers les convives. Derrière lui, deux de ses hommes poussaient une silhouette enchaînée et ligotée, revêtue d’une cape trempée.
    — Monseigneur, proclama le capitaine, veuillez excuser notre intrusion brutale, mais nous pensons que cet individu est l’un de vos hommes.
    Il empoigna le prisonnier et le tira en avant. Il abaissa son capuchon.
    Corbett n’en crut pas ses yeux : devant lui se tenait Sir Bartholomew Baddlesmere, mal rasé, le visage humide de pluie.

 
    CHAPITRE XII
    Ce fut un beau tollé : les commandeurs se levèrent d’un bond, dague au poing ; des sièges furent renversés. D’autres soldats firent irruption dans la salle, épées au clair, arbalètes armées. Le capitaine scanda ses ordres : ses hommes, dos au prisonnier, firent cercle autour de lui, prêts à combattre. Revenu de sa surprise, Corbett réclama le

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