Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
fraîchit. Les bruits du village indien s’éteignirent l’un après l’autre et bientôt l’on n’entendit plus, de loin en loin, que le cri des oiseaux nocturnes… et un ronflement qui apprit à Gilles que Tim avait réussi tout de même à s’endormir.
    Tout à coup, il eut conscience d’une présence à ses côtés. Des nuages cachaient les étoiles et la nuit était devenue obscure mais il distingua tout de même une forme humaine à demi accroupie et qui se redressa.
    — Je vais couper vos liens, souffla une voix. Ensuite je délivrerai votre ami.
    La voix était celle d’une femme mais il était à peu près impossible de distinguer quoi que ce soit dans l’espèce de paquet sombre qu’elle représentait. Des mains cherchèrent les cordes, glissèrent une lame sous l’une d’elles, commencèrent à scier…
    — Qui êtes-vous ? souffla Gilles. Je ne croyais pas recevoir une aide quelconque chez ces brutes…
    — Je suis celle que vous avez sauvée de l’oiseau et à cause de qui vous devez mourir. Je ne vaux pas ça… Une esclave…
    — Une captive ! rectifia le jeune homme. Et vous êtes une femme de ma race. Comment vous appelez-vous ?
    — Avant que je ne devienne moins qu’un chien, on m’appelait Gunilla…
    1 .  Conservateur, donc fidèle à l’Angleterre.
    2 .  Autrement dit : venus de la mer.

CHAPITRE IX
    CICÉRON ET ATTILA
    Le couteau de Gunilla coupait bien. En quelques instants Gilles et Tim retrouvèrent la liberté. Ce fut un peu plus long pour l’usage normal de leurs membres engourdis.
    — Que faisons-nous maintenant ? souffla le chasseur. Comment franchir l’enceinte…
    — L’un des pieux de la palissade est coupé. Il est possible d’en déplacer un morceau… tout au moins pour un homme. Moi, je n’ai jamais pu, sinon j’aurais fui depuis longtemps.
    — Eh bien, conclut Gilles, vous fuirez avec nous. Montrez-nous le chemin.
    Sans faire plus de bruit que des chats, ils traversèrent l’espèce d’esplanade, l’un derrière l’autre. Tim allait en tête puis l’esclave, puis Gilles. Mais, quand ils atteignirent les huttes, le chemin indiqué par Gunilla passa devant celle du chef et Gilles, retenu par une force plus puissante que sa volonté, ralentit le pas… Là, tout près de lui, respirait cette femme dont le souvenir le brûlait.
    Tout était obscur dans la hutte. Le rideau de daim cachait l’entrée mais il était mal attaché. Le vent de la nuit le faisait bouger doucement, comme s’il demandait qu’une main le soulevât… Le cœur de Gilles se mit à cogner lourdement dans sa poitrine tandis que revenait, violemment impérieuse, irrésistible, la flambée de désir qui tout à l’heure, alors même qu’il était attaché au poteau de torture, lui avait fait oublier jusqu’à la notion de sa mort prochaine.
     
     
    Sitapanoki était là, à deux pas. Il suffisait d’un geste pour l’approcher, pour la toucher… ou simplement la regarder dormir…
    « C’est de la folie ! souffla, terrifiée, la voix intérieure de sa prudence. Ne tente pas le diable. Fuis !… »
    Mais les pieds de Gilles rivés à la terre pesaient comme la pierre. S’il partait, il ne reverrait jamais cette beauté surhumaine qui faisait de l’Indienne une vivante déesse de l’Amour et cette idée lui fut insupportable. La revoir ! La revoir encore une-fois, quitte à en mourir…
    Une main saisit la sienne cherchant à l’entraîner.
    — Que faites-vous ? chuchota Gunilla. Le temps presse…
    — Un instant seulement… Laissez-moi…
    — Vous laisser ? Vous êtes fou ?
    — Allez-vous-en !… Rejoignez Tim, je vous suis dans un instant ! Aidez-le à enlever le rondin et laissez le passage ouvert.
    Mais elle s’agrippa à lui et, dans l’ombre, il vit ses yeux briller de colère.
    — Avez-vous perdu l’esprit ? C’est la hutte du chef. Si vous entrez là, rien ni personne ne pourra plus vous sauver.
    — Je sais, fit Gilles avec impatience. Allez devant vous, dis-je…
    Il allait détacher les mains crispées sur son bras mais déjà, avec un gémissement terrifié, Gunilla s’écartait. Le panneau de daim s’était soulevé. Une forme blanche apparaissait et Gilles, malgré les ténèbres, crut que le soleil venait de se lever.
    Un instant, Sitapanoki demeura immobile en face du jeune homme, si proche qu’il pouvait l’entendre respirer. Sans regarder l’esclave, elle fit le geste de la chasser et Gunilla s’évanouit

Weitere Kostenlose Bücher